Le Top 10 cinéma 2012 de Gilles Da Costa

Le Top 10 cinéma 2012 de Gilles Da Costa

Compliqué d’établir un Top 10 cinéma de l’année 2012. Tout d’abord parce que 10 films c’est peu et surtout parce que 2012 a été une bonne année pour le cinéma. Bien entendu nous avons eu droit à notre lot de déceptions (c’est toi que je pointe du doigt, Prometheus !), de naufrages artistiques (Battleship, le Marsupilami, Abraham Lincoln : Chasseur de Vampires… Pourquoi ?) mais je reste sur une impression finale très agréable. Une année qui a aussi confirmé pour moi certains talents que j’appréciais déjà comme Rian Johnson ou Wes Anderson, et m’a fait découvrir de nouvelles visions originales comme celles de Ben Wheatley et Michael R.Roskam.

De quoi rester optimiste pour l’année 2013, qui nous ravira certainement avec des films comme Django Unchained, The Master, Zero Dark Thirty, Gravity, Elysium, Only God Forgives, The World’s End, Pacific Rim, Stoker, la dernière sensation sud-coréenne 26 years ou le docu The Act of Killing. Rendez-vous dans 1 an pour confirmer ce pressentiment positif.

En attendant, bonne année à tous et pensez à passer votre portable en mode avion avant l’extinction des lumières sous peine de me voir débarquer chez vous façon Candyman pour vous apprendre les bonnes manières. Vous êtes prévenus.

 

1. Kill List, de Ben Wheatley
Tout d’abord naturaliste et presque documentaire, Kill List se transforme en thriller parano avant de plonger dans l’horreur totale avec une dernière demi heure complètement ahurissante. Un second long métrage bluffant en forme d’uppercut dans les gencives, remarquablement réalisé, extrêmement bien interprété et témoin de l’avènement d’une nouvelle voix originale en la personne de Ben Wheatley. Violent, choquant, parfois drôle, souvent effrayant, le film de l’année pour les amateurs de sensations fortes.

 

2. Bullhead, de Michael R. Roskam
Neo-noir rural porté à bout de bras par l’interprétation puissante et sensible de Matthias Schoenaerts, Bullhead témoigne aussi d’une remarquable maîtrise technique de la part du réalisateur Michael R. Roskam. Un premier long d’une grande humanité abordant avec tact et intelligence un sujet compliqué et le magnifiant grâce à un énorme travail sur l’image.

 

3. Le territoire des loups, de Joe Carnahan
Film imposant et visuellement irréprochable, oscillant entre aventure et survival, le territoire des loups est d’abord une expérience viscérale proposant en filigrane une belle réflexion sur la foi, l’espoir et la mortalité. Enfin un écrin à la hauteur du charisme de la montagne Liam Neeson qui livre ici une performance remarquable toute en retenue et en nuances.

 

4. Take Shelter, de Jeff Nichols
Parabole pre-apocalyptique, critique acerbe d’une Amérique paranoïaque obsédée par la sécurité et le contrôle tous azimuts, Take Shelter est une oeuvre protéiforme. Dans cette fable moderne alliant avec virtuosité le thriller, le film fantastique et l’étude de mœurs, Michael Shannon et Jessica Chastain composent un couple plus vrai que nature, ancrant le film dans un réalisme rendant encore plus dérangeante la dérive de ce pauvre Curtis.

 

5. Holy Motors, Leos Carax
Oeuvre terriblement personnelle pour Carax qui réalise avec ce Holy Motors un film labyrinthique très ambitieux, reflet des méandres de son propre esprit. Plastiquement hallucinant, grandiloquent tout en restant humble, totalement foutraque et en même temps très rigoureux, Holy Motors repousse les limites du film à sketches pour en faire une accumulation de symboles biographiques totalement cinématographiques.

 

6. Moonrise Kingdom, de Wes Anderson
Complexe, stylisé et ultra détaillé, Moonrise Kingdom est une aventure légère et fraîche dénuée de cynisme. La preuve vibrante qu’Anderson, souvent considéré comme un poseur, est surtout un grand enfant un peu autiste prisonnier de son propre univers. On le comprend lorsqu’on explore ce magnifique film diorama, maquette intime et sensible d’un âge d’or perdu immortalisé en technicolor.

 

7. The Raid, de Gareth Evans
Gareth Evans touche à la perfection du film de tatane en repensant complètement la manière de tourner et monter le vol de chicots. Fascinant action porn, The Raid est un opéra du bourre-pif, une odyssée du démontage de genoux, un film intense chorégraphié au millimètre près et parfaitement exécuté. La preuve flagrante qu’il est encore possible d’explorer de nouvelles contrées dans la mise en image du fracassage de crânes.

 

8. Les Bêtes du Sud sauvage, de Benh Zeitlin
Un film d’équilibriste, entre poésie fantastique et réalisme, entre mort et renaissance. Ce premier long de Benh Zeitlin construit par petites touches une nouvelle mythologie américaine et pose un regard respectueux sur des laissés pour compte débordant d’humanité. Un très bel univers aux accents miyazakiens, étonnamment fouillé et dominé par la détermination inébranlable de l’incroyable Hushpuppy.

 

9. Looper, de Rian Johnson
Loin de la plausibilité scientifique d’un Primer, Looper s’amuse avec le voyage dans le temps et en explore les limites en jouant dans le cadre traditionnel d’une histoire à la Terminator. Réalisation au cordeau valorisée par une très belle photo, interprétations solides, univers retro-futuriste du meilleur gout, Looper accumule les bons points. Pas un film de science fiction révolutionnaire mais un exercice fun et intelligent qui se laisse voir, revoir et décortiquer.

 

10. Argo, de Ben Affleck
Continuant la restructuration de sa carrière à grands coups de films impressionnants  Ben Affleck livre avec Argo un film d’espionnage impeccable. Intelligent, ambitieux et souvent drôle, ce pamphlet parfaitement mis en images jouit d’une montée en tension constante témoignant d’une belle maîtrise de la narration de la part du gars Affleck. Mention spéciale au production design de Sharon Seymour reconstituant avec brio le look 1980.

 

Mention honorable : Le Hobbit: Un voyage inattendu, De rouille et d’os, La cabane dans les bois, Chronicle, Avengers, L’étrange pouvoir de Norman, Magic Mike, Detention.

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