
LE TOP 10 CINÉMA 2012 DU DOCTEUR NO
C’est la fin de l’année tout ça… C’est l’heure des bilans bidules et des tops trucs…
Le Docteur No, qui s’exprime à la troisième personne du singulier parce que, a vécu une année cinéphilique de dingo… Il a vu genre 400 films, ciné ou 100% inédits de part chez nous autres (la vie sociale, connaît pas!!!). Alors il est bien embêté maintenant avec ses bilans.
Rien que pour vous polluer les cerveaux de vos têtes il va vous en balancer 3 des classements!!
On continue avec le TOP 10 CINÉMA 2012
01. OSLO 31 AOUT
Libre adaptation du FEU FOLLET, livre écrit par Drieu Larochelle en 1931 et adapté par Louis Malle en 1963, OSLO 31 AOÛT suit les pérégrinations désenchantées d’un ex-junkie fraichement sorti d’une maison de repos/hopital dans les rues de la capitale norvégienne… Il retrouve ses anciennes connaissances et traverse la journée estivale comme un fantôme désincarné… Joachim Trier nous balance une langoureuse et bouleversante descente aux enfers… Ce truc est incroyable de tristesse et d’humanité. Anders, ce jeune branchouille totalement déphasé et en même temps à l’affût du moindre souffle de vie autour de lui est inoubliable… Il est devenu le spectateur de sa propre existence. Certaines scènes sont tétanisantes de beauté et de mélancolie scépulcrale… OSLO 31 AOÛT est d’une noirceur étincelante… Ce film vous hante… Longtemps… Incroyable… Un chef d’œuvre mortifère inoubliable!!
Réalisé par Joachim Trier
02. I WISH
Oubliez les feel good movies US manipulateurs et dégoulinants de sucre frelaté genre l’indigeste et létal NOUVEAU DÉPART de Cameron Crowe. Découvrez plutôt I WISH, délicieux conte moderne venu du Japon. Réalisé par Hirokazu Kore-Eda (auteur du bouleversant NOBODY KNOWS en 2004), ce film est un diamant, un truc qu’on oublie pas, qu’on veut absolument pas oublier… Deux frères séparés par le divorce de leurs parents (l’un vit chez le pére, l’autre chez la mère) organisent, avec leurs potes, des retrouvailles détonantes autour de l’inauguration d’une ligne TGV pas loin de chez eux… Ce truc est un bijou… Une œuvre délicate, d’une pureté invraisemblable. Kore-Eda filme les enfants comme personne… Ils sont magnifiques d’espièglerie et de naturel (les 2 acteurs principaux sont d’authentiques frangins!). Dans I WISH, les rôles sont inversés, les enfants ont des comportements d’adultes et les adultes sont immatures… Tout est traitée avec une majesté et une naïveté (on est quand même dans un film pour enfants) incroyable… C’est une chronique enfantine à la fois légère, drôle et mélancolique. On a envie que ça ne s’arrête jamais… Une ode délirante à la vie, avec un final poétique (un magnifique enchainement d’images fixes) sorte de réponse optimiste au final identique, désespéré et inoubliable, de l’autre choc émotionnel de l’année, le sombre OSLO 31 AOÛT (voir ci-dessus).
Réalisé par Hirokazu Kore-Eda
03. DESPUÉS DE LUCIA
Une famille en plein deuil (la mère vient de décéder dans un accident de voiture) déménage à Mexico pour changer de vie. La jeune Alejandra découvre son nouveau collège. Et l’enfer va lui ouvrir ses portes. Elle va devenir le souffre douleur d’une bande d’adolescents. On ne comprend jamais les raisons de ce déferlement ahurissant de violence et encore moins pourquoi cette jeune fille (incroyable performance de la jeune Tessa Ia) ne se révolte pas. DESPUÉS DE LUCIA est une expérience tétanisante. Un voyage dans l’abomination. Une abomination horriblement humaine… Désespérément humaine. C’est tout le propos de de Michel Franco. Retranscrire de manière clinique le basculement dans la barbarie absolue d’une communauté a priori inoffensive… Cette suite de longs (et magnifiques) plans fixes, à la limite du soutenable par moments, atteint au fur et à mesure du récit des sommets d’horreur pure… Le martyre d’Alejandra bascule dans le fantastique (ou pas, c’est au spectateur de décider) et Michel Franco conclut son film par une scène glaçante et inoubliable (un clin d’œil au FUNNY GAME d’Hanneke et à QUE LA BÊTE MEURE de Chabrol). Incroyable… Bouleversant… Un des chocs cinématographiques de l’année!!
Réalisé par Michel Franco
04. MARTHA MARCY MAY MARLENE
Portrait impressionniste d’une jeune fille perdue entre deux univers radicalement opposés, celui d’une communauté tendance sectaire et celui de sa sœur, friqué et aseptisé, MARTHA MARCY MAY MACHINE est un pure produit du ciné indépendant US. Mais pas que… MARTHA MARCY MACHINE BIDULE est aussi (et surtout) une ode à son interprète, Elizabeth Oslen, la sœur des fameuses jumelles tarées et überfriquées Olsen… Belle à pleurer, divinement filmée, la demoiselle offre une prestation époustouflante! Tout en fragilité (on ne sait jamais si ses souvenirs sont réels ou imaginaires), perpétuellement au bord du gouffre, sa Martha est inoubliable. MARTHA MACHINE BIDULE TRUC est un cauchemar éveillé d’une beauté minérale…
Réalisé par Sean Durkin
05. KILL LIST
Le retour de la vengeance de KILL LIST. Ce truc avait fini numéro 1 de mon top 10 2011. Et le revoilà dans le top 2012. C’est bizarre je sais mais faut bien le mettre pour pas fausser l’hypothétique classement du DAILY MARS!
Voici ce que ça donnait l’année dernière : J’ai passé la moitié de ce KILL LIST tétanisé, recroquevillé en position fœtale sur mon siège en poussant des pitits cris d’oisillon apeuré. KILL LIST est un film incroyable, au scénario particulièrement malin… Je n’ai (presque) jamais eu aussi peur de ma putain de vie ! Le film commence comme un drame familial sur un ex-soldat qui n’arrive pas à se réintégrer pour plonger dans le film noir puis pour basculer soudainement dans un truc de dingue qui ne vous laissera aucun répit et que je ne spoilerai pas parce que je suis un mec cool en fait (je sais, on dirait pas) ! Jusqu’au final hallucinant… Mais hallucinant ! Mais hallucinant bordel ! Je suis toujours sous le choc…
Réalisé par Ben Wheatley
06. LES ENFANTS LOUPS AME & YUKI
Le gars Mamoru Hosoda, il bénéficie une réputation de dingue et il subit aussi une pression de fou… En deux films (la géniale chronique teen/SF LA TRAVERSÉE DU TEMPS et le super surestimé/super énervant SUMMER WARS et ses impasses scénaristiques de la taille d’un trou noir, le machin de l’espace capable d’avaler des galaxies) ce jeune réalisateur est carrément comparé à Hayao Miyazaki (leurs œuvres n’ont rien en commun mais comme Miyazaki est le seul réal d’anime connu en dehors du Japon, les journalistes incultes et paresseux le compare à tout le monde). LES ENFANTS LOUPS est un conte initiatique tout simplement bouleversant! Une ode à la vie, à la nature, au droit à la différence et au bonheur… Un truc touchant, lumineux, triste et cruel aussi. Bref un truc d’une humanité folle. La jeune Hana tombe amoureuse d’un homme-loup… Après sa disparition (à l’homme-loup, ok?!) elle part vivre et élever ses deux enfants-loups à la campagne. Et l’on suit le destin de ces deux “louveteaux” qui devront choisir entre leur “humanité” et leur “bestialité”. C’est étourdissant de beauté tout ça… Passé une intro classique et poussive le film décolle littéralement un matin d’hiver… En fait ces ENFANTS LOUPS n’ont rien de Miyazaki… Ce sont plutôt les cousins des personnages de l’autre génie des Studios Ghibli, l’honteusement méprisé Isao Takahata. Ce film, de part son son réalisme poétique cru fait penser au fantastique POMPOKO. Alors que Miyazaki joue les écolos-terroristes doctrinaires, Takahata joue sur la subtilité et la “normalité” d’événement surnaturels… Bon. En fait ce truc est un des chefs d’œuvre de l’année. Voilà…
Réalisé par Mamoru Osada
07. BULLHEAD
BULLHEAD est un diamant noir venu de nulle part (enfin si, de Belgique en fait), un truc improbable qui prend aux tripes. Cette histoire située en pleine mafia agricole flamande suit le destin sépulcral d’un jeune fermier encore plus shooté aux hormones que ses propres bœufs. Ce film est une version moderne des grands romans noirs de Jim Thompson! Tout tourne autour de cette putain de fatalité qui rattrape inéluctablement ces pauvres pitits humains qui se croient maîtres de leur vie. Jacky, cet homme plein de rage qui tente désespérément de fuir sa triste vie (et son terrrrrrrrrrible secret) se sait condamné. Mais il se (dé)bat quand même alors que son petit univers s’écroule autour de lui. Michael R. Roskam signe un film noir bouleversant, magnifié par la performance extraordinaire de Matthias Schoenaerts (clone übermusclé de Franck Ribery, aperçu dans le navet LA MEUTE). Une putain de révélation!
Un film de Michael R. Roskam
08. HOLD UP
La Norvège, ses fjords, ses forêts, ses jolies blondes, son mass murderer néo-nazi et ses braqueur armés jusqu’aux dents… HOLD UP est la chronique circonstanciée, aux points de vues multiples, du plus grand braquage de l’histoire du pays… Un braquage incroyable qui a eu lieu en 2004 dans un bled ultra paumé appelé Stavanger… Mais c’est le parti pris antispecatulaire du réalisateur (Erik Skjoldbjærg, déjà auteur d’INSOMNIA, l’original de 1997 qui pulvérise le remake prétentieux de Nolan) qui surprend. Braqueurs et policier se tirent dessus au milieu de passants qui ne comprennent absolument pas ce qui se passe. On se croirait dans un rêve tellement ces scènes de guerre urbaine semblent à la fois irréelles, terrifiantes et anodines. On est à des zillions de kilomètres des prods US fascinées par cette violence… Même un film très impressionnant comme THE TOWN de Ben Affleck n’arrive pas à rendre compte de ce sentiment très étrange. Un mélange de surréalisme et de banalité… Une grande réussite.
Réalisé par Erik Skjoldbjærg
09. MARGIN CALL
Le ciné US a toujours eu du mal avec le monde de la finance. Le génial WALL STREET d’Oliver Stone est le trop rare exemple de fiction intelligente sur cet univers à la fois fascinant et obscur. Avec MARGIN CALL, l’inconnu JC Chandor décrit les premiers instants du crach de 2008 dans une société de courtage qui découvre l’ampleur du bordel (du genre cosmique, le bordel) et va tout essayer pour sauver un max de fric. C’est cet enchaînement d’événements, de la découverte du trou financier à la décision de tout liquider qui est le nœud central du film. Et c’est à la fois brillant, somptueusement bien filmé et spectaculairement compréhensible. Le casting de surdingo (Kevin Spacey, Paul Bettany, Simon Baker, Demi Moore et surtout un Jeremy Irons revenu d’entre les navets) est impressionnant. MARGIN CALL décrit avec finesse et humanité des traiders (très loin des caricatures faciles) qui voient le monde s’écrouler sous leur pieds… C’est magnifique.
Réalisé par JC Chandor
10. LES BETES DU SUD SAUVAGE
Critique publiée dans le DAILY MARS : Bienvenue dans la tête d’Hushpuppy, 6 ans, incroyable gamine qui vit avec son père dans le bayou (c’est en Louisiane) et dans un bidonville improbable, la Goulée. Oubliez les grotesques TIDELAND et MAX ET LES MAXIMONSTRES! Voici le conte pour enfants moderne le plus puissant et le plus bouleversant de ces dernières années. Les éléments se déchainent! Une tempête ravage et inonde la plaine ou s’est installée cette communauté invraisemblable. Dans les yeux d’Hushpuppy, c’est le signe de la fonte des glaces, de la fin du monde et du retour des terrible aurochs, monstres ancestraux dévoreurs d’enfants! À la fois conte de fées fantasmagorique et chronique étourdissante de poésie d’un quart monde américain oublié de tous, BEAST OF THE SOUTHERN WILD est avant tout le portrait inoubliable d’une enfant, Hushpuppy (l’incroyable Quvenzhané Wallis). Le réalisme cru s’entrechoque avec le conte initiatique délirant. Et ce cocktail est détonant. D’une naïveté, d’une cruauté et d’une beauté étourdissante. Le dépaysement est total! On est pas si éloigné du traumatisant WINTER’S BONE. Version magie enfantine quoi! Et (un peu) plus lumineuse. Quelle poésie sépulcrale et vivifiante bordel! Une ode à la vie! Fantastique…
Réalisé par Benh Zeitlin.
J’en ai vu aucun.
J’en ai vu un ; ouais !!!!
J’en ai vu trois. Content de voir des critiques positives de l’assassin Dr No, même si elles ne permettent pas de cerner tes goûts. Et c’est du coup assez délicat. En général, on voit assez vite ce qui plait ou non à un critique, ce qui permet de se forger une vague opinion quand on lit son avis. Là non, tu aimes (et détestes) trop de trucs différents pour que je puisse me projeter. Enfin, j’ai « bien » aimé les trois que j’ai vu, à savoir Bullhead, Margin Call et Matha-Machin-Machine. Je vais tenter Kill List, on verra. Merci pour ce top en tous cas.
merci ça me fait très plaisir ce que tu me dis là!
D’accord avec ce classement assez étrange et éclectique, je vais me dépécher de voir les 2 films que j’ai pas vu : oslo 31 août et después de lucia
attention ce sont deux authentiques films choc!
Ouaip, je ne ferais que répéter ce qu’on dit les autres en louant l’éclectisme de cette liste, c’est toujours plus intéressant de se retrouver dans une partie et d’être perplexe devant l’autre.
Ça me fait vraiment plaisir de voir Kill List enfin cité dans un top ciné 2012, et je me sens moins seule à m’être retrouvée proprement terrifiée au fur et à mesure de l’avancée du film…
Ben moi Kill List…bof…ni tétanisé, ni bluffé, ni halluciné…rien…
Désolé
Si seulement Kill List n’avait pas eu cette fin de merde, si seulement Martha Marcy avait eut une fin digne de ce nom (plutôt qu’un rebondissement à la con et complètement improbable), si seulement Beasts of the southern wild n’avait pas eu cette bouillasse indie folkeux prétentieuse et molle qui lui sert de musique… si seulement…
Bon, il reste Margin Call, c’est déjà pas mal.
De beaux films, en tous cas pour ceux que j’ai eu la chance de voir!
Surprenant quand même de trouver ici le moyen Kill List…