
Le top 10 séries 2012 de Nicolas Robert
Cas d’école : comment faire un Top 10 des séries de l’année quand, contrairement au gourou séries de ce webzine, vous n’êtes pas à jour sur un bon nombre de grandes productions ? En biaisant. Et en proposant un top des 10 meilleurs épisodes vus cette année. Hop-là.
D’abord un aveu : en voyant le Top 10 Séries du camarade Dominique Montay, je dois reconnaître que je me suis longuement interrogé sur mon année sérielle. N’aurais-je donc vu que des trucs fades, des productions ratées ? Non, parce qu’il faut dire la vérité : je suis à la bourre sur plusieurs excellentes séries dont vous parle le meilleur ami de Ben Blacker (et de Kurt Sutter : ça rime mais ce n’est peut-être pas tout à fait vrai).
Maudissant Eric Kripke mais aussi Michael Brandt et Derek De Haas, regrettant que la série sur la country de Callie Khouri ne tienne pas toujours toutes ses promesses, j’ai donc entamé un long voyage introspectif sur les douze derniers mois écoulés. Histoire de voir ce qui m’avait vraiment marqué. Pour retrouver ce que cette année avait de vraiment bien (le top 6), comme ce qui était foncièrement sympathique et encourageant (les places 7 à 10, surtout). Cette liste, évidemment subjective, possède donc une dimension symbolique de ce qu’aura été 2012 à mes yeux. En France, en Europe et en Amérique.
Trève de blabla. Mon top des « 10 histoires en série » de l’année, ça donne ça.
10. Any Given Birthday – Go On (saison 1)
Go On, pour moi, c’est un peu un mystère. Une série qui fait plus souvent sourire que rire (je pense qu’elle a un problème de dynamique, pour animer l’ensemble de son casting) mais qui a un charme assez singulier. La raison ? Elle est émouvante. Comme dans cet épisode où le groupe de thérapie célèbre l’anniversaire de Ryan King avant de découvrir que l’une des surprises de la soirée va renvoyer le personnage de Perry à son deuil. C’est dynamique, c’est drôle et c’est plein de tendresse. Si Scott Silveri parvient à trouver le bon équilibre, Go On peut être un des gros cartons de 2013.
9. Ainsi Soient-ils – épisode 2 (saison 1)
Cette année, la France aura aimé ses séries. En tout cas, au moins deux d’entre elles, Ainsi Soient-ils et Les Revenants, qui auront eu les honneurs de la presse. Parfois de manière pertinente, d’autres de façon quelque peu excessive. J’ai choisi cet épisode d’Ainsi Soient-ils parce que son prologue m’a vraiment marqué. Il est violent, un peu inattendu… et bien raconté. Si la première saison de la série d’Arte n’est pas exempte de défauts (notamment quand il s’agit de parler d’orientation sexuelle), elle porte en elle des choses fortes. En début de saison, c’est vraiment le personnage de José qui incarne tout ça. Et il tient une place de choix dans cet épisode.
8. Engrenages, saison 4 – épisode 12
Le meilleur polar français de l’année. Et de loin. La série de Canal + continue de grandir en développant ses personnages de façon assez adroite. Ca court dans tous les sens, c’est vrai, mais ça passe. Et ça passe bien. Jusqu’à ce final explosif qui est le souvenir qui me revient en premier en mémoire. Je dirais bien « J’ai hâte de voir la saison 5 en 2013 » mais le problème, c’est que pour voir une saison avec Bertaud, Roban, Karlson et tous les autres il faut attendre le temps de gestation de la femelle éléphant… donc, je vais me taire.
7. Career Day – Ben & Kate (saison 1)
J’adore les Fox. Vraiment. Ben & Kate, c’est le prototype de la série agréable dont le capital sympathie grandit d’épisode en épisode. Tout comme son potentiel comique. Ce coup-ci, Ben veut se lancer dans le commerce du vin pour pouvoir présenter son business à la journée des parents organisée à l’école de Maddie, la fille de Kate. Comme avec Go On, Ben & Kate, c’est tendre et léger. Mais plus drôle et quelque fois absolument délirant. Là aussi, en 2013, les pièces du puzzle de Dana Fox (créatrice de la série) pourraient vraiment se mettre en place et faire de la série un hit. Personnellement, j’y crois… et croise les doigts.
6. Are You There God ? It’s me, Jenna – Awkward (saison 2)
Si elle est réussie, la saison 2 de la comédie de Lauren Ungerich a un peu perdu du mordant qui faisait toute sa singularité dans la première année. Sauf ici. Cette histoire de retraite spirituelle est rythmée, drôle et parfois carrément féroce (ah, les jeunes Américains, Dieu et la vie au lycée…). Avec cet épisode, je me suis souvenu pourquoi Awkward était vraiment un teen show à part. J’espère que la saison 3 tendra un peu plus dans cette direction, ne se limitant pas à une histoire de triangle amoureux.

Bref, faudrait pas l’oublier sous pretexte que quand on fait le bilan de l’année, on ne se consacre souvent qu’aux quatre derniers mois. Photo Canal +
5. Bref, j’étais à une soirée déguisée, parties I, II et III – Bref (saison 2)
On en a tellement parlé à l’automne 2011 que l’on oublierait presque que la shortcom avec Kyan Khojandi aura connu ses plus beaux moments en 2012. Impeccablement mené, ce triptyque d’épisodes aura montré que quand elle monte dans les tours, la série de Canal + transcende complètement son format pour raconter une histoire… et explorer les recoins sombres de son univers. C’est fort. C’est même carrément brillant. Ca montre surtout qu’en France, les auteurs peuvent vous scotcher en trois fois deux minutes. On en redemande, et sur des formats télé plus longs.
4. A Scandal in Belgravia – Sherlock (saison 2)
Mais bon sang, quel retour ! Diffusé le 1er janvier sur BBC One, le premier épisode de cette nouvelle saison est quasi-parfait. Complexe à souhait (un poil trop ?), drôle et émouvant, il met surtout en scène un magnifique face à face entre Holmes et l’incroyable Irène Adler. C’est d’ailleurs le point d’orgue d’un épisode par ailleurs remarquablement construit (un constat qui ressort encore plus lorsque l’on regarde l’adaptation du Chien des Baskerville, nettement moins probante). God bless Steven Moffat.
3. Luck – Pilot
Certes, l’aventure aura tourné court. Mais franchement : la scène dans laquelle on voit un cheval courir sur l’hippodrome pour un galop d’essai, le matin juste avant que les courses du jour ne débutent – une scène dans laquelle tous les regards des héros convergent sur la piste alors que la vitesse du cheval, augmente, et augmente et augmente…- est absolument fantastique. Elle vous prend, elle vous serre le coeur et vous coupe le souffle. Et c’est juste… une scène avec un cheval qui court. A part ça, c’est aussi Michael Mann qui donne une leçon de télé à Martin Scorsese. Vous DEVEZ la voir.
2. The Kerkowich Way – Happy Endings (saison 2)
Pour moi, c’est la comédie de l’année et cet épisode le démontre de façon éclatante. Particulièrement bien structuré, The Kerkowich Way raconte un lendemain de coucherie avec brio : le scénario sert autant le caractère délirant de la série (et dans le genre, le respect d’une vieille tradition serbe, ça se pose là) et l’interprétation est, une fois encore, impeccable. Cet épisode a de quoi devenir à mes yeux un classique de la sitcom. Il se regarde, re-regarde et re-re-regarde.
1. Del og Hersk – Borgen (saison 1)
L’avant-dernier épisode de la saison. Avec la scène de l’interview télévisée, et une Birgitte Nyborg Christensen aux deux visages. J’en ai déjà parlé dans la présentation de la saison 2 de la série d’Adam Price, mais je me sens obligé d’y revenir. Parce que, pour moi, c’est le point d’orgue d’une année construite entièrement autour de ce moment. Véritable bijou de mise en scène, cette séquence démontre avec puissance comment Borgen est capable de faire jaillir l’émotion tout en nourrissant la réflexion sur ce qu’est l’exercice du pouvoir. Ca s’appelle faire le grand chelem narratif et c’est juste énorme.
Concernant Engrenages, j’ai lu je ne sais plus ou que Canal avait engagé 2 équipes de scénaristes dont une qui bossait sur la saison 5 pendant le tournage de la saison 4 pour qu’il y ait un an seulement à attendre et la deuxième équipe bosserait sur la saison 6 pendant le tournage de la 5 pour là aussi n’avoir qu’un an à attendre…
Je crois que la scène la plus époustouflante de série revient en effet à Luck. Néanmoins, cette fameuse scène en état de grace dont la beauté m’a fait pleurer, se situe pendant la course de l’épisode 4, pas dans le pilote.
Une scène de 6 mn, sans la moindre parole, qui parvient l’exploit de réunir toutes les lignes narratives éparpillées de la série et nous révéler enfin l’ambition et le propos véritable de l’œuvre, dans une séquence assez incroyable de retenue, maitrise, poésie, tension et émotion qui récompense enfin le téléspectateur pour sa patience.