
On a vu… le pilote de Legit
Avec It’s always sunny in Philadelphia, Louie ou encore Wilfred, FX est devenue la chaîne numéro 1 des séries dynamitant les canons de la comédie américaine. Avec Legit, l’Australien Jim Jefferies vient apporter sa pierre à l’édifice. Une audacieuse combinaison d’humour trash jusqu’au-boutiste et d’humanisme… qui ne plaira pas à tout le monde.
Jim Jefferies est un con. Un gros con. Plus exactement, il n’y a aucun filtre dans sa pensée susceptible de l’aider à trier toutes les idées, phrases et actions stupides qui lui traversent la cervelle à longueur de temps (et il y en a beaucoup). D’un certain côté, ça le rend vraiment détestable, comme on peut le voir dans la scène d’ouverture de la nouvelle comédie de FX.
Venu s’installer aux USA, cet artiste australien, issu du monde du stand up, aimerait bien changer de vie. Se poser, avoir des enfants, aider les autres. En un mot, devenir « Legitimate ». Ou Legit. Sauf que pour ça, il y a beaucoup de boulot. Pourquoi ? Parce que c’est un gros con (suivez un peu, merci). Les parents de Steve, son meilleur pote (Dan Bakkedahl), peuvent témoigner : ils le détestent. Il faut dire que le garçon a eu la brillante idée de pousser Billy, leur fils cadet tétraplégique (DJ Qualls, génial), dans une piscine. Ceci alors que la santé du garçon est de plus en plus fragile.
Sauf que voilà : Jim est aussi… un gros con. Comprendre cette fois que dans un monde parfois totalement absurde, quand Billy lui demande lui trouver une prostituée pour qu’il ne meure pas puceau, le bonhomme dit banco. Et entre deux séquences trash, détaché de toutes les convenances et autres conneries qui n’ont de sens que dans un monde « normal », il sait faire preuve de disponibilité, d’écoute et d’humanité. Plus que tous les autres.
Expérience comique à part entière, Legit reprend le principe de base de Louie (un comédien de stand up qui développe une version exagérée de lui-même) pour aller plus loin. Plus loin dans le trash, plus loin dans le graveleux mais sans jamais se départir d’une forte dose d’humanité. Ca manque sans aucun doute de subtilité, c’est jusqu’au-boutiste à l’excès parfois… mais ça fait aussi mouche à plusieurs reprises.
Soyons clairs : Jefferies et Legit avancent sur un fil narratif super ténu. Rien ne dit que la suite sera du même accabit, et il est clair c’est une production définitivement clivante (on peut facilement comprendre que certains détestent). Mais entre deux gags plus ou moins ragoûtants, elle laisse poindre une sincérité et une émotion étonnantes.
Si les auteurs français de WorkinGIRLS cherchent encore comment faire du trash qui marche, on ne peut que leur recommander cet épisode inaugural. Et nous, on va surveiller Legit de près.
Il y a quelque chose dans ce pilot. Je ne sais pas trop quoi mais c’est présent. Du potentiel, peut-être, dans un épisode où j’ai souvent hésité entre la pose et la sincérité. Parce qu’il est quand même difficile de ne pas penser à Louie (d’ailleurs, tu y as pensé) et c’est bien en deçà de l’Americain.
Je n’ai rien contre l’humour graveleux (j’aime bien Louie, la preuve) mais là, c’était trop évident dans l’application. Trop gratuit aussi. Heureusement qu’il y a cette forme de tendresse qui s’échappe grâce au paraplégique et c’est probablement cela qui sauve mon appréciation du rejet pur.
Le looser magnifique a déjà son représentant (Louie, donc) et si Jefferies est plus bougon que droopesque il va falloir faire preuve de beaucoup de talent pour supporter la comparaison. Il n’a pas choisi un terrain facile ou alors il est arrivé un peu tard…