
Les 10 raisons de ne pas détester NCIS
« NCIS, c’est toujours le même épisode ! Qu’est-ce que c’est chiant ! »
« J’arriverais jamais à comprendre comment une série comme ça peut avoir autant de succès! »
« Et là je vous prédis que Gibbs va encore arrêter des terroristes bien méchants et qui ont des têtes de bons vilains… »
« Et voilà encore l’heure de la série pantouflardo-Zzzzzz……………. »
Ces quelques phrases ne sont pas des citations exactes issues d’un forum en particulier mais sont plus ou moins à l’image de ce qu’on peut lire dans les pages de quelques sites Internet dédiés aux séries.
Succès télévisuel incontestable, la popularité critique de NCIS l’est beaucoup moins…
Prenant son courage à deux mains, l’équipe du Daily Mars s’est donc fixée comme mission de venir à la rescousse de Gibbs, DiNozzo, Ducky, Ziva, McGee, Abby, Jimmy, Vance et du fan de NCIS qui sommeille en chacun de vous. (1)
Découvrez maintenant 10 raisons objectives (…enfin… pas vraiment), de mauvaise bonne foi, évidentes ( = capillotractées), de ne pas condamner NCIS sans un visionnage équitable…
1. Commençons par la raison qui m’a fait regarder la série à l’origine: Mark Harmon. Mark Harmon a façonné un personnage beaucoup plus complexe que la caricature de Gibbs agitée trop facilement. Un héros abîmé, touchant de solitude, plus vulnérable que sa fonction de héros, cachant beaucoup plus mal qu’il ne le pense ses cicatrices émotionnelles. Et, n’en déplaise à certains, Mark Harmon n’a jamais cédé à l’interprétation répétitive et minimaliste (monolithique, diraient certains) d’acteurs fatigués comme David Caruso ou Gary Sinise. Dans le cadre d’une série « classique » comme NCIS, où l’enquête et la formule peuvent parfois se révéler trop rigides, Mark « Jethro » Harmon dégage, avec une subtilité assez bluffante, chaleur et sympathie. Une proximité que l’on ne peut pas expliquer seulement par les liens qui se créent suite à une relation à long terme entre un personnage et un téléspectateur.
2. A une époque où il est bon de déclarer son amour pour The Wire, Homeland ou Community, affirmer son appartenance au NCIS est un vrai signe d’indépendance, de rébellion, de panache (en tout cas c’est apparemment ce que souhaite croire l’auteur de ces lignes…)
3. Au fil des 10 saisons, la série a abordé avec subtilité (si, si !) des thèmes parfois polémiques (re-si, si !) ou rares. Sa description de la place ambigüe qu’occupent les vétérans de guerre dans la société civile en est un exemple récent. Si le thème n’est pas nouveau (n’est-ce pas Rambo ?), il est relativement rare et surtout suffisamment casse-gueule pour saluer la tentative, réussie. NCIS s’aventure dans ces territoires plus souvent qu’il n’y parait mais, il est vrai, avec « ses » arguments, « ses » armes, « ses » limites aussi.
4. La formule est classique, certes, mais elle est plutôt efficace et bien foutue dans son genre. Sur le papier, NCIS propose chaque semaine une enquête (le plus souvent) bouclée, entrecoupée de petites scènes comiques reposant sur les relations entre les personnages et distillant à intervalles réguliers des éléments concernant le fil rouge de la saison. On peut être allergique au schéma. Mais il fonctionne. Et NCIS le maîtrise parfaitement. Dans son genre, c’est le Hummer des « Formula Show ».

Un T-Shirt pour chien reprenant les fameuses règles de Gibbs. Un article facile à trouver sur le Net…
5. Les flashs en noir et blanc introduisant chaque nouvelle séquence, les tapes derrière la tête de DiNozzo, les différents surnoms donnés par ce dernier à McGee, les erreurs de prononciation de Ziva, les monologues de Ducky avec « ses » cadavres, les accoutrements gentiment gothiques d’Abby ou la fameuse « liste de règles » de Gibbs. Au fil des saisons, la série a su créer des « éléments iconiques » qui lui sont propres et qui lui permettront peut-être de survivre à sa diffusion. Ces « éléments iconiques » sont à mettre au crédit de l’écriture… Et justement cette dimension scénaristique est très (trop ?) souvent mise au second plan, voire décriée. Une injustice ! D’autant que la 10ème saison donne des signes de parfaite maîtrise de la « formule », avec même parfois de (micro-)variations dans son schéma établi qui sont assez étonnantes. Vous pouvez ne pas me croire sur parole mais dans ce cas prouvez-moi que j’ai tort… en regardant la série ! (2)
6. Que les choses soient claires : un succès « public » n’est pas un gage de qualité « artistique ». Mais une série qui rassemble 20 millions de téléspectateurs 10 ans après son lancement aux Etats-Unis, ou 6 millions de Français hebdomadairement, est-elle foncièrement, complètement, uniquement, définitivement « mauvaise » ? Une série qui réunit régulièrement autant de monde et, surtout, pendant aussi longtemps, est suspecte d’une « certaine » qualité. Laquelle ? C’est ce moment que je choisis pour vous provoquer gentiment: que ceux qui ont déjà vu NCIS se forcent à évoquer au moins une de ses qualités dans les commentaires ci-dessous. Allez, si vous êtes cap’ ! (3)
7. Une série qui voit défiler des guest stars comme Lily Tomlin, Jamie Lee Curtis, Bruce Boxleitner, Bob Newhart, Gena Rowlands, Hal Holbrook, Timothy Bottoms ou encore Charles Durning doit avoir quelques qualités. Bien entendu, NCIS ne recrute pas que des vieilles gloires… mais la série a cette classieuse obsession pour les icônes, les vétérans de l’industrie. Comme une volonté de les honorer, aussi.
8. Actuellement, combien y a-t-il de personnages féminins véritablement « badass » dans les séries ? Ziva en est un exemple trop rare et vraiment réussi. Rare + Réussi = Argument valable, m’sieur l’arbitre !
9. Faut-il toujours « se prendre la tête » quand on regarde une série ? Est-ce que le plaisir pris devant un objet télévisuel est « moins important » que sa portée (thématique, théorique et autres « ique ») ? Je vous pose la question… (Un indice: il faut répondre non). Le plaisir pris devant NCIS est (subjectivement) certain. Un argument que l’on peut avancer pour n’importe quelle série. Pour Justified comme pour NCIS. NCIS est donc du même calibre que Justified (Note du rédacteur en chef séries: WHAT ?). J’avais bien prévenu que certains arguments seraient capillotractés…
10. Parce que lorsque la série s’achèvera en 2018, vous pourrez dire « J’ai vu les 350 épisodes de la série ! ». Effet garanti auprès de vos aminches de soirées mondaines ! Quel effet par contre… ? Dans tous les cas, je m’engage à offrir un Caf-Pow à chaque lecteur du Daily Mars qui regardera l’intégrale de NCIS !
Si vous êtes encore sceptiques, dites-le ! Soyez pas timides…
Je vous traquerai… et je vous ferai écouter en boucle la musique du générique de NCIS.
Z’êtes prévenus…
(1) : En réalité, l’auteur de ces lignes a menacé physiquement Philippe Guedj et Dominique Montay, les responsables éditoriaux du Daily Mars, afin qu’ils acceptent de publier cette tribune… Rassurez-vous : si vous lisez ces lignes, c’est qu’ils ont été libérés, sains et saufs
(2): Quelle formule alambiquée n’utiliserait-on pas pour obliger les gens à regarder…
(3) : Provocation vraiment facile…
(4) : Si ce dernier argument a été conservé par Dominique Montay, chef des séries sur le Daily Mars, cela prouvera qu’on a le droit de vous soudoyer, chers lecteurs, et que je suis potentiellement ruiné…
J’en ai une onzième : la série a fait passer Michael Weatherly de beau-gosse-inutile-sauf-s’il-est-donneur-d’organes (une belle carrière réalisée dans Dark Angel et Jesse) à… acteur sympa. Et ça aussi, c’est beau madame !
Je l’écris sans peur et sans reproche : j’étais très fan de NCIS et je n’ai jamais vu The Wire ! (je pense que l’on ne fait guère de confession plus courageuse).
NCIS n’est absolument pas une mauvaise série. C’est en effet une série installée dans un schéma et des gimmicks qui ont fini par émousser mon enthousiasme après sept saisons. Ces personnages m’ont plu, leurs zones d’ombre, certes trop souvent réduites à de simples esquisses, m’ont plu. Mais parfois, ces zones d’ombre sont plus creusées et donnent lieu à de beaux épisodes comme les derniers de la saison 6 (DiNozzo qui tue le petit copain de Ziva qui décide de retourner au bercail auprès de son père) et le premier épisode de la saison 7 (le sauvetage de Ziva en Somalie).
La tentation est grande chez les sériephiles, par définition exigeants, de dénigrer les succès populaires pour ne glorifier que les séries d’esthètes (et j’en fais partie parfois).
Alors, merci Fred d’avoir écrit cette tribune et merci Philippe et Dominique d’avoir accepté qu’elle existe (même si je suis bien consciente qu’il était impératif pour vous de veiller à votre intégrité physique) !
Et surtout, vive la mauvaise foi 😀
J’suis toujours très sceptique mais j’aime déjà le générique de NCIS alors qu’est-ce qu’on fait ?? Comment on se sort de l’impasse ?
Je l’avoue aussi, j’aime NCIS, parce que ses personnages sont attachants et vont plus loin que les simples stéréotypes qu’ils étaient au départ, parce qu’elle me fait rire et qu’elle me détend le soir en rentrant du boulot !
Alors oui c’est une série à formule, oui ce n’est pas deadwood, Oz ni même fringe ou dexter mais c’est beaucoup plus intéressant qu’une série sans ames comme les experts et surtout ca ne se prend pas au sérieux !
Une série faite pour plaire à un certain public, ce n’est pas mon cas mais soit.
Le seul très bon élément que je reconnais à la série (mini-spoil pour les non-amateurs de cette série) : se débarrasser d’un personnage principal de façon nette et brutale. Ultra choquant et réussi.
Cette série, est très années 80, 90. Dans son genre, elle est bien mai ce n’est pas du tout mon genre. Et j’en ai strictement rien à faire de sa popularité, je ne l’aime pas tout simplement ;p
La filiation CSI/NCIS, évidente, place la seconde en petit frère de la première. Mais un petit frère mal élevé, qui s’amuse à chahuter l’ainé. La tourne en dérision dès le pilot et affiche son caractère insolent comme marque de fabrique. Si Bellisario surfe sur la vague du succès déclenchée par la production de Bruckheimer, il démarque sa nouvelle création en jouant à fond la carte de l’humour. Et tant pis, si les exigences et rigueurs caractéristiques du milieu scientifique et militaire ne sont pas respectés. Une orientation pas innocente, si l’on imagine l’austérité professionnel de CSI dans la structure raide et coincé du monde militaire. Coup double, le producteur place ainsi son show loin des lourds héritages de CSI et de JAG.
Si un personnage entier comme Gibbs ne détonne pas dans une série militaire, des électrons libres comme DiNozzo (décalque de Remington Steele) ou Abby laissent entrevoir la volonté de ne se prendre trop au sérieux et c’est ce qui, à mon sens, permet à la série de sortir légèrement du lot et atteindre un public large. C’est du travail d’alchimiste plus que du travail d’auteur. On mélange, on ajoute, on dose pour créer un résultat très pensé. La série manque de profondeur mais elle assume et tire on épingle du jeu par cette frivolité.
Arguments valables au cours des premières saisons quand la série n’était pas encore tout à fait ce monstre d’audience. Depuis qu’elle truste les premières places des classements annuels, j’ai l’impression que les producteurs ne veulent surtout pas casser leur joujou qui marche. Résultat, depuis deux ou trois saisons, la série n’avance pas, devient pantouflarde, n’est plus aussi drôle, voire carrément terne par moment. Les interactions entre les personnages sont mécaniques et l’âme s’estompe progressivement. J’ai l’impression de voir une série dont la mort programmé laisse voir une longue déchéance, insupportable agonie (sentiment paradoxal vu son état stationnaire).
C’est d’autant plus dommage que la série a su investir le domaine du divertissement avec beaucoup de panache et d’être un produit très agréable, récréatif et pas honteux du tout à regarder. Il faut seulement avoir conscience de la nature du programme et se laisser porter par le charme.
Heu… Heu… Heu chef… Heu… Heu… MAUVAISE SÉRIE…