Les 4 Fantastiques : autopsie d’un désastre

Les 4 Fantastiques : autopsie d’un désastre

trois-nouveaux-posters-pour-les-4-fantastiques (1)Trois semaines après sa sortie, Les 4 Fantastiques a d’ores et déjà marqué l’Histoire du cinéma comme l’une des pires expériences de production d’un blockbuster adaptant une franchise super héroïque. Un cas d’école, jusque dans la guerre ouverte de communication entre le studio Fox et son réalisateur malheureux Josh Trank. Retour en 7 points sur un effroyable naufrage, ses causes et ses conséquences.

Deauville, septembre 2014. Star naissante du furieux Whiplash, Miles Teller enchaîne les interviews sous le soleil au festival du film américain. Deux jours plus tôt, le jeune acteur a ébloui les spectateurs dans le film de Damien Chazelle en apprenti batteur obsédé de réussite. Quinze minutes d’ovation en fin de projection. Entre le réalisateur et lui, la partition s’est jouée sans accroc à tel point que Chazelle va réembaucher Teller pour son film suivant, La La Land, face à Emma Stone. Une love story musicale à la “New York New York” qui augure entre le cinéaste et l’acteur d’une relation artistique marchant sur les pas de celle unissant, jadis, Scorsese à De Niro. Bref, tout baigne pour Miles.

Et pourtant, planqué derrière ses lunettes de soleil, Teller ne rayonne pas spécialement. En bons journalistes geeks, Mikanowski et moi lui demandons forcément un commentaire sur son expérience du tournage des Quatre Fantastiques, qui s’est achevé en août. Frustration : Teller balbutie quelques banalités sans s’attarder. Le sujet ne l’excite guère alors que le mec a joué Red Richards en personne, Mr Fantastic quoi !

On aurait dû se douter dès cet instant que quelque chose ne tournait pas rond du côté du blockbuster de la Fox et de son réalisateur Josh Trank. Le “bad buzz” avait certes déjà commencé à fuiter, via des propos inquiétants tenus précédemment par le scénariste producteur Simon Kinberg et de Kate Mara (alias Sue Storm/Invisible girl). Mais dès le 18 septembre, lorsque le studio décide de reléguer Les 4 Fantastiques de début juin à la mi-août, piteuse voie de garage pour un projet de cette envergure, la mine deauvillaise renfrognée de Teller prend alors un peu plus de sens.

Depuis, au fil de l’accumulation des mauvais présages, le film catastrophe de Josh Trank aura entamé une inexorable descente aux enfers sur les réseaux sociaux, jusqu’à l’inévitable confrontation avec le réel et ce déprimant constat : le quatrième long métrage officiel consacré aux Fantastiques est, une fois encore, un désastre quasi intégral après la série Z Les 4 Fantastiques de Oley Sassonne (1994), le blockbuster Les 4 Fantastiques (2005) et sa suite Les 4 Fantastiques et le surfeur d’argent (2007), tous deux signés Tim Story. Lassante malédiction.

Il va certainement s’écouler encore plusieurs semaines ou mois avant que n’émerge un compte-rendu précis de la suite d’impairs qui a conduit à ce naufrage. Les responsabilités, forcément partagées entre le studio et le réalisateur, sont encore trop floues pour être déterminées avec exactitude. La théorie du complot, brandie par le malheureux Josh Trank et en partie relayée par d’autres sources, pointe du doigt plusieurs décisions du studio aboutissant à tuer dans l’œuf le projet : coupes budgétaires inopinées avant production poussant au sacrifice de trois scènes d’action, refus en cours de route de toutes les idées les plus radicales, exclusion de Trank de la salle de montage, re-shoots ordonnés par le studio et supervisés par Simon Kinberg en l’absence de Trank… Mais le réalisateur lui-même porte à l’évidence sa part de fautes graves.

Alors que Josh Trank jure avoir obtenu le feu vert d’une Fox en pleine connaissance de ses intentions artistiques initiales, comment expliquer une volte-face aussi violente du studio ? Pourquoi diable la major aurait-elle bien pu vouloir à ce point saborder commercialement un investissement de 100 à 150 millions de dollars ? Dans quel intérêt ? Le film tel que l’aurait souhaité Josh Trank était-il vraiment aussi bon que ce dernier nous l’a vendu, dans un tweet rageur posté le 6 août et retiré depuis ? Comment et pourquoi trente minutes de métrage, dont plusieurs séquences vues dans les bandes annonces, ont-elles été charcutées à partir du montage souhaité par Trank (2h10 environ) ? En attendant une enquête approfondie sur les coulisses exactes de ce fantastique four, nous sommes bien obligés de juger le résultat tel quel et, oui, il s’agit bien d’une totale déroute. Quant à Miles Teller, il ne joue plus dans La La Land : Damien Chazelle l’a finalement remplacé par Ryan Gosling.

 

Les-4-Fantastiques

 

affiche-les-4-fantastiques-the-fantastic-four-2015-31) LA TRAHISON OUI, LA CHIENLIT NON

Josh Trank voulait faire des 4 Fantastiques le contre-pied absolu des productions Marvel. Un anti feel good movie où, cette fois, les super pouvoirs sont traités comme une réelle malédiction suppliciant les corps et faisant de ses victimes des parias. Une approche organique “cronenbergienne” revendiquée par Josh Trank dans ses déclarations d’intentions et, clairement à plusieurs reprises, cette ambition affleure dans Fantastic Four. La scène du test avec le singe, ainsi que la beuverie génératrice du passage à l’acte de Richards et ses potes, renvoient toutes deux à La Mouche. Les explosions de crâne dans les scaphandres, filmés en plan séquence par Trank comme pour narguer le studio et qui ont certainement compté dans son éviction, évoquent autant Scanners qu’Akira.

Traitez-moi de réac’, mais je ne puis m’empêcher de tousser. Quelle putain d’arrogance, Josh. Trahir à 100% Les Quatre Fantastiques et en même temps la tendance générale à l’édulcoration du genre super héroïque, pourquoi pas ? Après tout, c’est en trahissant les bases des plus grands héros de l’univers Marvel que Brian Bendis et Mark Millar ont brillamment oxygéné la maison avec la gamme des comics Ultimate. Trank utilise d’ailleurs bel et bien la trame d’Ultimate Fantastic Four (2004), cosignée par Bendis & Millar, comme source nourricière du film. Mais, même en salissant un peu la légende (ok) et en lui injectant une grosse dose de noirceur par rapport au ton light des sixties (ok, encore), est-ce trop vous demander Mr Trank de faire preuve d’un minimum d’amour pour votre matériau ? Est-ce si déshonorant de donner AUSSI aux fans d’un comics vieux de plus de 50 ans ce qu’ils sont en droit d’attendre d’un long métrage intitulé “4 Fantastiques” ?

Coupes au montage ou pas, charcutage du scénario ou pas, il est évident que Trank se désintéresse totalement de comprendre l’improbable formule qui a fait le succès des Quatre Fantastiques. Ce mélange unique de soap familial, d’humour camp’ et d’aventures intersidérales, imaginé par le tandem Lee/Kirby en pleines swinging sixties. Certes, l’application 100% troupière et concon, telle que l’a tenté l’équipe de Tim Story dans les deux films précédents, s’est soldée par deux purges nanardières du pire effet. Mais que Trank le veuille ou non, Les Quatre Fantastiques est une équipe de SUPER HEROS. Son film appartient au genre et implique un minimum syndical en matière de souffle héroïque, de batailles, de spectacle, pas forcément incompatibles avec le character development. Sur un film ramené à 1h30, attendre plus d’une heure pour voir dans un même plan les 4 héros prêts au combat est une escroquerie pure et simple. Quand Sam Raimi fait Spider-Man, son amour pour le comics d’origine irradie à chaque photogramme, tout en adaptant à un cadre contemporain ce personnage créé en 1962. Josh Trank, lui, se complaît dans un caprice d’ado gothique et son gros majeur tendu à une horde de fans (il est vrai souvent eux-mêmes très immatures) suscite l’agacement plutôt que le respect.

 

miles-teller-kate-mara-fantastiques-four-reboot2) UNE DIRECTION D’ACTEURS CALAMITEUSE

Un détail saute quasi instantanément aux yeux au bout de quelques minutes : l’incroyable manque d’expressivité des personnages, incapables de manifester d’authentiques émotions. Même pas mauvais, juste…. absents. Un triste paradoxe pour des acteurs pourtant talentueux comme Miles Teller, Michael B. Jordan, Kate Mara, Jamie Bell ou même Toby Kebbell. Fantastic Four est un film aux acteurs-robots en mode automatique, manifestement perdus dans une zone négative entre démotivation totale et absence de directives claires de la part du réalisateur. Une conséquence finalement logique au vu des nombreux témoignages faisant état de relations exécrables entre Trank et son cast.

D’abord avec Miles Teller, qu’il avait pourtant imposé dans le rôle de Red Richards contre la volonté de la Fox. D’abord alliés, les deux hommes auraient peu à peu multiplié les désaccords violents avant d’en venir presque aux mains lors du tournage. Puis surtout avec Kate Mara, pour le coup imposée à Trank par le studio et harcelée par le réalisateur selon les sources anonymes mentionnées par Entertainment Weekly. Motivation garantie pour les autres… Josh Trank aurait par ailleurs encouragé ses acteurs vers une interprétation “la plus plate possible”, sans leur laisser la moindre marge de manœuvre, pour “encourager une ambiance sombre, déprimante” (source : Hollywood Reporter). Une direction assez inexplicable, si ce n’est au nom d’une approche pseudo-artistique insensée ou d’un aberrant caprice auteurisant. L’enfermement sur lui-même du réalisateur et sa concentration exclusive sur son moniteur, séparé des acteurs par une tente noire, anecdote rapportée par un membre de l’équipe cité anonymement dans le Hollywood Reporter, n’a certainement pas aidé à l’épanouissement des talents à l’écran.

 

les-quatre-fantastiques-critique3) UNE DIRECTION ARTISTIQUE SOUS-PERFORMANTE

Le production design et les choix de décors ont-ils été souhaités et validés ainsi par Josh Trank ? Si c’est le cas, voilà une responsabilité directement imputable au monsieur, visiblement désireux de ne jamais faire respirer ce film claustrophobique. Quasi absente alors qu’elle est un personnage à part entière dans le comics, New York n’apparaît ici qu’à travers les éternels plans larges sur la jungle de gratte-ciel de Manhattan. Ou bien lorsqu’un des personnages observe, pensif, le paysage depuis la fenêtre de l’institut Baxter (!).

Pour le reste, aucune scène de rue et une action se déroulant presque entièrement sous terre ou devant des écrans verts. Dans le film, l’enfance de Ben Grimm (enfin, le peu que l’on en voit…), se déroule par ailleurs à Long Island et pas dans la mythique Yancy Street, rue fictive imaginée par Stan Lee et Jack Kirby  dans le quartier juif du lower East Side de Manhattan. Les deux hommes glissèrent une partie de leurs propres origines sociales dans le background misérable de Grimm, dont le film retient d’ailleurs l’identité juive à travers un plan furtif sur une menora (chandelier à 7 branches) dans la maison familiale. Enfin que dire du set design de la “Planète zéro” si ce n’est qu’il flirte avec la série Z de luxe, avec ses volcans crachant du slime vert et ses canyons rocailleux en CGI sans relief ?

 

les-quatre-fantastiques-5534258a587ec4) MONTAGE ET SCENARIO : L’EFFROYABLE MUTATION

Ce sont les deux pires ratages du film, ses deux tares les plus douloureuses : les piteux choix de scénario et une narration cruellement estropiée par des coupes sauvages et un réaménagement total par Fox et le producteur/scénariste Simon Kinberg du troisième acte. Révélée par le site Birth.Movies.Death de Devin Faraci, la première version du script de Fantastic Four, signée Jeremy Slater (The Lazarus Effect) en 2012, semblait plus fidèle aux attentes des lecteurs du comics. L’amitié entre Ben Grimm et Red Richards, de même que la position de “protecteur” du premier par rapport au second depuis leur enfance, occupaient une plus grande place dans l’histoire. On comprend du coup mieux l’insistance de Richards à inclure Grimm dans leur expédition risquée en zone négative (la dimension alternative lamentablement rebaptisée Planet Zero dans le film).

Mais surtout, bien d’autres “propriétés intellectuelles” de l’univers Fantastic Four figuraient sur le papier : la Latvérie (fief d’origine de Victor Von Doom), l’Homme taupe et ses “moloïds”, Herbie le robot, le Fantasticar et même Galactus, issu de la zone négative et cette fois bel et bien matérialisé sous la forme d’un géant humanoïde et pas un nuage à la con. La zone négative elle-même n’avait rien de l’espèce de proto-Terre pleine de volcans crachant du slime verdâtre vue dans le film. Elle était un véritable “autre monde” ravagé, jonché de restes non-humains consumés par un cataclysme – Galactus.

Les interactions entre les personnages principaux étaient bien plus nombreuses, New York plus présente, de même qu’un certain esprit pulp fidèle aux années Lee/Kirby (une scène implique une rencontre autour d’une pizza entre Sue Storm et un Ben Grimm en trench coat et portant le Fedora). Enfin, le récit se terminait par une immense bataille en Latvérie, où Doom a construit son propre canon d’antimatière pour ouvrir un passage vers la zone négative, et un cliffhanger mastard avec Galactus. Le script tel que résumé par Birth.Movies.Death offrait bien plus de péripéties épiques et, sans préjuger d’un document que je n’ai pas lu, il semblait tout de même sacrément moins rasoir que la purge obtenue à l’écran.

Ultimate_Fantastic_Four_Vol_1_1Comme l’écrit Devin Faraci, ce script de 121 pages, incroyablement dense et généreux, partait de multiples idées empruntées à Ultimate Fantastic Four pour finir comme un “bon gros trip d’action à la Stan Lee et Jack Kirby. Le genre de script que Marvel Studios aurait pu faire”. En toute logique, les coupes exigées par Fox et pilotées par Simon Kinberg ont visé les scènes les plus coûteuses et l’on se retrouve donc en 2015 avec un film se passant essentiellement dans un laboratoire et un bunker militaire sous terrain. Logique pour un studio qui avait besoin de produire son Fantastic Four fissa, pour pas trop cher (120 millions de dollars, soit deux fois moins qu’un Avengers 2), sous peine d’en laisser filer les droits chez Marvel. Logique, oui, mais triste. De toute façon, ce traitement épique et décomplexé n’était certainement pas non plus la tasse de thé de Josh Trank, plus intéressé lui-même par un traitement sombre et low profile.

Hormis les coupes sombres dans le texte, c’est ensuite dans la salle de montage que les plus gros dégâts ont affecté le film. Raccourci de trente bonnes minutes par rapport au métrage souhaité par Trank, doté d’un nouveau final pour lequel les acteurs ont dû être rappelés en catastrophe en janvier 2015 et dirigés par Kinberg lui-même, Les Quatre Fantastiques souffre d’une tragique absence de construction dramaturgique. Les costards de la Fox ont voulu leur blockbuster cheap : ils l’ont eu mais, affolés devant la profusion de scènes de dialogues, ont parallèlement exigé ce charcutage dans le gras conduisant à une déroute narrative totale. Jamais le film ne développe vraiment les relations entre ses 5 personnages principaux, l’alchimie entre Red et Sue respire le rien, les exploits de la Chose sont presque entièrement montrés via un écran vidéo (!!!), Ben Grimm est entièrement écarté d’une bonne moitié du métrage, on ne capte goutte aux motivations de Von Doom…

Même l’approche “horreur organique” liée aux superpouvoirs, bien présente, n’aboutit pas pour autant à une réelle exploration du ressenti des héros face à leurs dons – un saut dans le temps d’un an et hop, tout le monde semble s’en être plutôt bien accommodé. Et que dire du climax bâclé, dont il ne reste en mémoire qu’une paresseuse bouillie numérique sans souffle, faisant amèrement regretter les idées initiales délirantes de Slater ? Là encore, nous n’avons pas toutes les cartes en main pour comprendre exactement à quel moment Josh Trank a été complètement dessaisi de son film et pourquoi des choix aussi aberrants ont-ils été actés au montage.

 

Josh-Trank5) JOSH TRANK :  LE PIRE CHOIX POSSIBLE ?

Tendance persistante depuis quelques années à Hollywood, de plus en plus de jeunes metteurs en scène fanboys sans expérience ou si peu se retrouvent du jour au lendemain bombardés capitaines de blockbusters franchisés gigantesques. Certains parviennent à se couler dans le moule du système et jouer les yes-men de service sans état d’âme pour un résultat certes de facture industrielle mais consommable – Colin Trevorrow sur Jurassic World.

Josh Trank, lui, n’a pas supporté les volte-face incessantes d’un studio qui, selon lui, avait donné le feu vert à toutes ses idées avant le début du tournage. Après Chronicle, qui déjà fleurait bon le détournement dark des Quatre Fantastiques, Trank et son approche fraîche du genre semblait en effet l’homme de la situation pour une mission sauvetage de la franchise sinistrée. Sauf que pas du tout. Tout d’abord, l’auteur de ces lignes persiste à penser que l’intention de faire de Fantastic Four un horror movie intimiste et anti super héroïque restait de toute façon une idée totalement à côté de la plaque.

VBxkhLTMais surtout, âgé de 29 ans lorsqu’il hérite du projet, le jeune impétrant a craqué sous la pression. Le récit de ses frasques pendant le tournage, comme détaillé par le généralement fiable Hollywood Reporter, brosse le portrait d’un homme insécure, instable, brutal avec son cast et dont les premiers accrochages avec ses producteurs se sont soldés par un enfermement sur lui-même conduisant à l’inévitable clash. Après plusieurs mois de rumeurs calamiteuses, sa sortie égocentrique déplorable sur Twitter, la veille de la sortie du film, a définitivement scellé le destin de ce dernier au box-office : alors que les études de tracking projetaient un premier week-end à 40 millions de dollars aux Etats-Unis, Fantastic Four se rétamait à 26,2 millions au dimanche soir. Des analystes cités par le site The Wrap estiment que le tweet rageur de Trank aurait coûté 5 à 10 millions de dollars au tiroir-caisse de la Fox. Le studio poursuivra-t-il en justice son ex-poulain pour cet écart ? Pour couvrir ses arrières, Trank s’est d’ores et déjà assuré les services du coriace Martin Singer, l’avocat pitbull des stars selon le Hollywood Reporter (il défend notamment Bill Cosby, voilà, voilà…).

La responsabilité de Trank n’exclut évidemment pas celle du studio Fox, réputé selon plusieurs sources pour sa tendance culturelle au micro-management particulièrement étouffant concernant les franchises de super héros, régulièrement sabotées en son sein pour cause de traitements lamentables. Daredevil (2003), Elektra (2005), X-Men 3 (2006), Wolverine (2009) et bien entendu Les Quatre Fantastiques (2005) et sa suite en 2007…. Triste bilan.

 

104349201_millar_279019c6) ET MARK MILLAR DANS TOUT CA ?

Génial auteur de comics écossais vivant à Glasgow, très actif sur les réseaux sociaux, Mark Millar est l’homme par qui Marvel a pu, au début des années 2000, relancer triomphalement ses trois plus grandes équipes de super héros grâce à la gamme “Ultimate”. Avec Ultimate X-Men (2001), The Ultimates (reboot d’Avengers en 2002) et Ultimate Fantastic Four (2004), Millar fut l’un des artisans clé du retour en force de Marvel et son Ultimates le creuset d’idées abondamment pillées au cinéma par Iron Man et Avengers. Le concept de Civil War, qui fournit le socle du prochain Captain America, c’est encore Millar.

Entre humour potache et provocation, respect de la culture super héroïque et distance contemporaine, le scénariste politiquement incorrect (auteur de best-sellers violents comme Kick Ass, Kingsman ou Wanted) s’est rapidement attiré les bonnes grâces d’Hollywood. Malin comme un singe, tacticien roué derrière sa coolitude rebelle et un authentique amour pour son gagne-pain, il a su ainsi jouer de son aura pour être engagé par Fox, en septembre 2012, comme “consultant créatif sur tous les projets du studio basés sur les propriétés Marvel”. Certaines idées du script de Fantastic Four viennent directement de son Ultimate Fantastic Four, comme celle du changement d’origine des superpouvoirs de l’équipe. En 2013, en pleine pré-production du film, il semble croire dur comme fer à l’aventure : “Il y aura dans Les Quatre Fantastiques des moments à la Ridley Scott, le film vous décrochera la mâchoire exactement comme lorsque vous avez découvert Alien. Certains passages sont vraiment phénoménaux, du jamais vu pour un film de super héros” déclare-t-il à SciFiNow le 9 janvier 2013.

A l’époque, l’idée de créer un univers partagé avec les X-Men flotte même très sérieusement d’une interview à l’autre, permettant à Fox de se constituer son petit contre-Marvel Cinematic Universe à elle. En janvier 2015, alors que la polémique fait déjà rage, Millar (en service commandé ?) promet publiquement que le film ne décevra pas et qu’avec Josh Trank, il est “entre de bonnes mains”. Le 5 août, sur son compte Twitter, le trublion joue le jeu et relaie une critique positive du film.

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Le lendemain, veille de la sortie américaine, il exhorte ses 64000 followers à aller voir Les Quatre Fantastiques dans un tweet accompagné d’une planche de Jack Kirby pouvant potentiellement cacher un message à double tranchant…

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Le lundi 10 août, après le premier week-end désastreux des Quatre Fantastiques au box-office américain et en pleine polémique entre Trank et la Fox, Millar évitera soigneusement le sujet au fil de ses 12 tweets du jour. Le premier d’entre eux le montre en train de piquer un roupillon avec son fiston.

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L’écossais, pourtant toujours prolixe sur Twitter, n’a plus jamais évoqué Fantastic Four sur son compte (ni ailleurs) depuis. Son regard et ce qu’il sait des raisons du naufrage seraient pourtant certainement riche d’enseignements…

 

7) ET MAINTENANT ?

A l’heure où ces lignes sont tapées, Fantastic Four plafonne à 130 millions de dollars de recettes dans le monde, trois semaines après sa sortie. On est très, très loin du compte espéré par son studio, également humilié par la risée quasi générale provoquée par le film. Absolument aucun calendrier de production ni décision officielle n’ont été communiqué par Fox quant à une éventuelle suite, qui nous paraît plus qu’impensable aujourd’hui.

Qui voudra d’un autre Fantastic Four avec le même cast, irrémédiablement attaché quoi qu’il arrive à l’échec total du super-navet de Josh Trank ? Le rejet du film, qu’il s’agisse ses choix esthétiques comme en terme de caractérisation des personnages, s’avère tellement massif qu’il est quasi assuré de ne plus jamais revoir Miles Teller et ses copains de retour dans cet univers. L’option d’un troisième reboot 100% Fox, avec histoire et acteurs entièrement remplacés, paraît tout aussi improbable. Personne n’y croirait, la corde a été trop tirée. Une fois ces deux options écartées, il ne reste au studio Fox que quatre véritables choix :

Restituer purement et simplement à Marvel les droits audiovisuels de la franchise Quatre Fantastiques, comme ce fut le cas avec Daredevil en 2013. C’est l’option de la queue entre les jambes…
Négocier avec Marvel Studios un deal “à la Sony/Spider-Man” pour développer en joint venture un retour discret des Quatre Fantastiques en guests dans un futur film Marvel, préalable à un nouveau tour de piste en pleine lumière.
Fox peut aussi garder envers et contre tout les droits audiovisuels des Quatre Fantastiques et bricoler son propre retour de la super équipe, via un premier crossover dans un prochain film X-Men sous la houlette de Bryan Singer, très motivé par l’idée.
Toujours en gardant les droits, décider que le concept aux frontières du soap des Quatre Fantastiques, si complexe à adapter en film, pourrait peut-être davantage se prêter à une série télé, éventuellement pour le câble. Cette option pourrait aussi s’appliquer dans le cadre d’un deal avec Marvel.

La deuxième option semble la plus évidente. Mais à Hollywood, les rebondissements les plus improbables sont aussi légion que dans un comic book. Attendons la suite tout en continuant à sécher nos larmes devant ce triste gâchis…

La critique du Dr No prenant plutôt la défense du film, c’est ici !

La critique consternée de Jérôme Tournadre, c’est là !

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