
Les douze rois de Sharakhaï : combattante dans l’arène
Bradley P. Beaulieu nous entraîne dans une atmosphère des Mille et Une Nuits, dans ce premier volume de 549 pages d’une fresque épique où les esprits, les rois et les tribus nomades s’affrontent à Sharakhaï.
L’histoire : Çeda est une jeune adulte qui se bat tous les jours dans les arènes de Sharakhaï, cité immense au milieu du désert, sous le nom de la « Louve Blanche ». Elle doit survivre, pour honorer sa promesse et se venger un jour des rois de Sharakhaï, que l’on dit immortels. Elle a toujours vécu ici, respectant les dieux et les traditions. Mais elle doit aussi travailler et sort un soir, pendant la nuit sainte de Beht Zha’ir, lors de laquelle le roi-moissonneur et les Asirim hantent la ville et récupèrent leurs proies… Elle entend alors des mots, des phrases, issus de sa jeunesse… Pourquoi ? Comment ? Çeda va tout faire pour remonter à la source du mystère.
Mon avis : Bienvenue dans un véritable univers des Mille et Une Nuits, avec ses marchés aux épices, ses femmes voilées, mais meurtrières, ses rois et ses enfants des rues. Mais aussi ses dieux et ses esprits. Les Douze Rois de Sharakhaï réussit le pari de nous emmener dans un univers que nous connaissons déjà, mais par une nouvelle porte. En effet, ce genre d’univers peut sembler bien connu, à mi-chemin entre Gladiator et Aladdin, tout en gardant un petit côté gavroche. Et c’est donc un vrai plaisir à parcourir. Cette fois, on parle d’une héroïne, mais qui n’est pas seule. Outre les Vierges du Désert (femmes), qui protègent les rois (hommes), de nombreuses autres femmes s’ajoutent dans la quête de Çeda, permettant d’éviter l’effet « une femme forte et c’est tout ». Mais si, quand vous avez une héroïne hyper badass, mais qu’on se rend compte qu’elle n’est entourée que d’hommes ! Comme dans la bande-annonce de Rogue One ? Voilà. Ben là, ce n’est pas le cas. Et c’est chouette, tout en affirmant des personnages, alliés et ennemis forts, des deux sexes.
La construction de l’intrigue est faite d’allers et retours dans l’histoire de Çeda. Nous la voyons adulte puis enfant. Ce qui lève aussi assez rapidement les mystères nécessaires pour comprendre l’intrigue, tout en permettant quelques effets de manche assez agréables. Il ne s’agit pour le moment que d’un premier volume, qui pèse son poids de pages, mêlant descriptions au gré des marches dans Sharakhaï, histoire des dieux, étranges djinns et regrets adolescents. Mais aussi meurtres, bastons et intrigues. Un roman assez ambitieux qui, s’il ne se prend pas la tête, reste assez captivant. Nous ne sommes pas dans une création originale, mais dans un assemblage astucieux qui ressemble vraiment à un cocon douillet. Avec du sang sur les murs.
Bradley P. Beaulieu nous emmène à sa suite dans un roman à la fois familier et nouveau, une histoire d’amour, d’amitié, de vengeance familiale. Un roman qui se déguste sans se prendre la tête, pour finir son été au soleil.
Si vous aimez : Suivez-moi au pays, où mystères et magies ont des pouvoirs qui vous ensorcellent. Ils serpentent la nuit, au détour des ruelles, « Sésame, ouvre-toi » nous voilà !
Autour du livre : Il s’agit pour le moment que du tome 1 ; le tome 2 est déjà paru aux États-Unis, alors que le tome 3 est attendu pour 2017.
Extrait : « Çeda leur prêta à peine attention. Elle ne voyait que les silhouettes pendues le long des remparts. Des fillettes. Rien que des fillettes. Elle les compta avec une fascination morbide. Vingt-quatre. Elles avaient la gorge tranchée et s’étaient vidées de leur sang comme des lapins accrochés par des pattes et éventrés. Les corps et les flaques écarlates se lisaient comme des symboles d’un parchemin ancien : Attaque nos murailles et c’est ton sang qui coulera. Touche à un cheveu de nos filles et vingt-quatre des tiennes périront. Le message était on ne peut plus clair. Les Vierges du Sabre étaient toutes des filles des Rois. Les premières-nées commençaient l’apprentissage des armes à l’âge que devaient avoir les vingt-quatre malheureuses victimes. Elles apprenaient à sa battre pour se protéger et protéger la cité que les dieux avaient offerte à leurs pères. »
Sortie : le 17 août 2016, éditions Bragelonne, 550 pages, 25 euros