
Les grands studios d’animation japonais: Gonzo
Comme tout bon geek/otaku (rayez la mention inutile), vous avez vu et revu un très grand nombre d’animes, de films et d’OAV, mais connaissez-vous vraiment les studios qui se cachent derrière ces productions?! En cette rentrée 2014, je vous propose un petit dossier concocté avec amour, sur les studios d’animation nippons. Découverte pour certains, révisions pour d’autres, quelque soit votre niveau de connaissances sur le sujet, vous y trouverez forcément votre compte.
Gonzo, le studio éclair
Le studio Gonzo est le petit jeune de la bande dans le monde des studios, puisque il a vu le jour en 1992. Du haut de ses vingt-deux ans, il peut s’enorgueillir d’être à la base de quelques titres marquants des années 2000. Comme rien ne se créé et que tout se transforme, les cofondateurs sont des transfuges du studio Gainax, parmi lesquels on trouve Mahiro Maeda, Shōji Murahama, Hiroshi Yamaguchi et Shinji Higuchi. Durant les 90’s, Gonzo travaille principalement sur des cinématiques de jeux-vidéos et ce n’est réellement qu’en 1998 que le studio se lance dans un projet totalement indépendant. Ses années de travail dans le domaine vidéo-ludique lui ont ouvert des perspectives et lorsqu’il produit sa première série d’OAV intitulé Blue Submarine n°6, le studio se distingue par son utilisation d’animation traditionnelle et d’images de synthèse. Tiré d’un manga datant de 1967, le titre, en quatre épisodes, nous plonge dans un univers S.F impressionnant. Mahiro Maeda, ayant déjà travaillé avec Gainax mais aussi avec le studio Ghibli, se charge de la réalisation et Gonzo fait une entrée fracassante en devenant le pionnier en terme d’animation partiellement assistée par ordinateur. Aujourd’hui encore, Blue Submarine n°6, reste une référence en la matière et fait souvent partie des tops 100 des meilleurs animes, dans les magazines spécialisés nippon.
A l’aube des années 2000, le studio Gonzo devient complètement indépendant et ses membres créent la maison-mère, Gonzo Digimation Holdings. De 2000 à 2010, le studio produit pas moins de cinquante séries animées, en commençant par la première de toutes, Gate Keepers, l’adaptation du shônen éponyme. Le studio fait preuve d’un vrai talent pour l’animation et ne va pas arrêter de le démontrer au fil des séries. Parmi leurs premiers titres marquants, on trouve le sanglant et adulte Hellsing et la romance S.F Full Metal Panic!. Dans des styles très différents, ces deux animes se font vite une réputation et Gonzo poursuit sa percée qui l’amènera à sa première consécration. Nous sommes alors en 2003 et pour fêter ses dix ans (avec tout de même un an de retard), le studio sort de sa manche la série Last Exile. Ce titre aux allures steampunk, nous offre des batailles aériennes incroyables pour l’époque. Le réalisateur Kôichi Chigira, déjà en charge sur Gate Keepers et Full Metal Panic!, fait un travail impressionnant et reçoit les honneurs qu’il mérite, Last Exile est un succès public et critique. L’univers déjà riche de la série se verra par la suite étendu à travers d’autres séries et mangas.
Entre 2003 et 2004, le studio balance 12 nouvelles séries, ce qui lui permet d’élargir un peu plus son éventail. Que ce soit avec le western post-apocalyptique, Burst Angel, qui met en scène de jeunes femmes armées jusqu’aux dents, ou l’adaptation du manga S.F, adulte et trash, Gantz, Gonzo ne semble jamais à court d’arguments. La majorité des titres perpétue l’héritage de Blue Submarine n°6, en incluant des CGI, comme dans le bancal mais intéressant Samuraï 7. Cette relecture, à la sauce mecha, du chanbara mythique de Akira Kurosawa, Les Sept Samurais est un exercice plutôt périlleux. Le studio investit l’équivalent de 220 000€ par épisode et veut nous en balancer plein la vue. La campagne de promo est assez intensive et le résultat est mitigé. Samuraï 7 n’est pas à la hauteur des promesses aussi bien sur le fond, que sur la forme. Le mélange 2D/3D est parfois très maladroit et le récit prend beaucoup de liberté. Malgré tout, l’anime possède des atouts et avec un peu de recul, il n’est pas totalement déplaisant.
La bonne surprise viendra de Gankutsuou, toujours en 2004. Gonzo a pris goût aux mélanges des genres et le studio va cette fois s’attaquer à un classique de la littérature, Le Comte de Monte-Cristo d’Alexandre Dumas. Mahiro Maeda prend les commandes des vingt-quatre épisodes qui composent l’anime et nous balance une relecture futuriste du livre. Encore une fois, le pari est risqué mais le studio réussit admirablement bien sa transposition. D’un point de vue graphique, l’utilisation d’aplats de textures est très intéressante. On ressent une réelle volonté artistique avec un point de vue, une sensibilité.
En 2006, le studio se frotte au comics Witchblade, mais fait de mauvais choix. Résultat: les fans désavouent l’anime qui, clairement, ne restera pas dans les annales. Cette même année, Gonzo se lance dans la production de longs-métrages animés en sortant les films Origine et Brave Story. Le premier, à la sensibilité proche d’un film Ghibli, est une fable écologique et futuriste, réussie. Le second est un sympathique film de Fantasy, tiré d’une série de romans. Un an plus tard, une série d’OAV met une grande claque à tout le monde. Son nom? Afro Samuraï. Adapté du manga éponyme, ce mix absolument incroyable entre chanbara, blaxploitation et S.F, auquel Samuel L. Jackson prête sa voix pour la V.O est un OVNI. L’animation ainsi que la réalisation sont ambitieuses et le résultat est d’une classe absolue. Drôles, glauques, inédits et racés, les cinq épisodes d’Afro Samuraï hissent Gonzo au sommet. Ils seront suivis, en 2009, d’un film intitulé Afro Samuraï Resurrection, tout aussi hallucinant.
Alors qu’on aurait pu croire que Gonzo filait droit au firmament des studios d’animation, il est touché par la crise, en pleine élan. Sujet à des réductions de production et d’effectifs, il se voit contraint de vendre certains départements artistiques à d’autres entreprises. Depuis quatre ans, Gonzo n’a produit que quatre séries et semble avoir beaucoup de mal à remonter la pente. Cependant, Gonzo a réussi à nous régaler avec quelques pépites et qui sait, le studio renaîtra t-il de ses cendres…!