
Les grands studios d’animation japonais : Madhouse
Comme tout bon geek/otaku (rayez la mention inutile), vous avez vu et revu un très grand nombre d’animes, de films et d’OAV, mais connaissez-vous vraiment les studios qui se cachent derrière ces productions ?! En cette rentrée 2014, je vous propose un petit dossier, concocté avec amour, sur les studios d’animation nippons. Découverte pour certains, révisions pour d’autres, quel que soit votre niveau de connaissances sur le sujet, vous y trouverez forcément votre compte.
Madhouse, le studio d’auteurs
Le studio Madhouse est naît en 1972, sur les cendres encore chaudes de Mushi Productions, la société du grand Osamu Tezuka. Juste après avoir produit la trilogie érotique Animerama et alors que le navire commençait très nettement à prendre l’eau, certains membres décidèrent qu’ils ne couleraient pas avec, et se regroupèrent afin de fonder le studio Madhouse. Parmi eux, on trouve alors Masao Maruyama (le «commander in chief» du studio), Rintarô (Metropolis, X-1999), Osamu Dezaki (Black Jack, Cobra) et Yoshiaki Kawajiri (Ninja Scroll). Au début Madhouse n’est qu’un simple sous-traitant pour d’autres sociétés dont TMS (Tokyo Movie Shinsha), mais le studio va vite prendre de l’essor et s’imposer au cours des années 80 comme un acteur important du secteur. Rintarô se retrouve propulsé réalisateur principal à travers les films Harmagedon et L’Épée de Kamui, mais c’est avec Gen d’Hiroshima de Mamoru Shinzaki que le studio connaîtra réellement le succès. Ce film, adapté d’un manga relatant l’expérience personnelle de son auteur, Keiji Nakzawa, pendant le bombardement du 6 août 1945, touche les Japonais au plus profond d’eux-mêmes et met un gros coup de projecteur sur le studio. Au tournant des 90’s, Madhouse collabore avec quelques grands noms de prestige tels que Clamp, Naoki Urasawa, Mamoru Hosoda ou encore feu Satoshi Kon, ainsi qu’avec des studios comme Gainax et Toeï. A partir de là, plus rien ne peut arrêter le studio et les années 2000 ne font que confirmer cette tendance. Il s’illustre dans la production de séries aux genres et aux tons très différents: Trigun (western SF), Boogiepop Phantom (horreur), Beck (tranche de vie/musique), Monster (thriller), Death Note (policier/fantastique) ou Card Captor Sakura (Magical Girl) sont autant de coups gagnants et contribuent au succès grandissant de Madhouse.
En 2001, Rintarô revient sur le devant de la scène, en réalisant le magnifique et impressionnant Metropolis, d’après le manga éponyme de… Osamu Tezuka. La boucle est bouclée, le studio rend hommage à celui par qui tout a commencé. À noter au passage que le scénario est à mettre au compte du papa de Akira, Katsuhiro Otomo. Outre Rintarô, l’une des plus étroites collaborations du studio fut celle avec le réalisateur Satoshi Kon. Dès 1998, son Perfect Blue, fabuleux thriller paranoïaque sur le monde des idoles et de leurs fans psychopathes, met une grande claque à tout le monde. Madhouse nous fait découvrir un auteur de génie et le soutiendra lui et son œuvre jusqu’à sa mort en 2010. Ce partenariat nous offrira quelques-uns des films d’animation les plus singuliers et inimitables de ces dernières années. De Perfect Blue à Paprika en passant par Tokyo Godfather, le studio de Maruyama a été un terrain de jeu fertile pour l’imagination débordante du réalisateur.
C’est d’ailleurs certainement la spécificité et la grande force du studio Madhouse : laisser les œuvres aux mains de leurs auteurs. Parce qu’il a été fondé par des réalisateurs et des animateurs et non pas, par des producteurs, le studio a une approche plus artistique et «auteurisante». Au fil des années, il a prôné la diversité au sein de ses productions et a toujours favorisé la liberté de création. Oui, Madhouse est un studio d’auteurs et ça lui a permis de rayonner à l’international. Régulièrement présent dans divers grands festivals (Annecy, Venise, Berlin, FIFF…), le studio compte à son actif plusieurs récompenses. Aujourd’hui, Madhouse n’a plus de limites. En témoigne ses différentes collaborations avec l’éditeur américain Marvel sur les animes Iron Man, X-Men ou Blade. Quand la Maison des Idées rencontre la Maison des Fous… Le studio Madhouse, dans son approche de la production, reste le digne héritier de Mushi Productions et fait très clairement partie des grands noms de la japanimation.
Pour terminer, je vous laisse avec le somptueux final du Metropolis de Rintarô, sorti en 2001:
Découvrez d’autres studios d’animation japonais
Gainax
Production I.G.
Studio 4°C
Töei Animation
Sunrise
Gonzo
Bones
Pierrot
Belle synthèse ! 🙂
Quelle perte, Satoshi Kon… Un artiste vraiment unique en son genre. Mais perso je suis presque aussi fan de la filmo « déviante » de Kawajiri : Ninja Scroll bien sûr, mais aussi l’excellent Vampire D Hunter, Wicked City, Demon City Shinjuku, Midnight Eye Goku…