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Les meilleures B.O. des pires films (6/10) : S.W.A.T. d’Elliot Goldenthal

Les meilleures B.O. des pires films (6/10) : S.W.A.T. d’Elliot Goldenthal

« Les cinéphiles mélomanes le savent mieux que tout le monde : l’avantage des pires nanars, c’est qu’ils peuvent, parfois, offrir paradoxalement des compositions d’un souffle et d’une force inversement proportionnels à leur crasse médiocrité artistique. Sheppard a sélectionné 10 B.O. du genre dont la beauté fait d’autant plus amèrement regretter la pauvreté des films qu’elles accompagnent. Deux semaines durant, du lundi au vendredi, Sheppard rendra ainsi un vibrant hommage à l’un de ces trésors discographiques, à redécouvrir séance tenante à défaut de réhabiliter les purges correspondantes. Bonne lecture et bonne écoute ! »

S.W.A.T. d’Elliot Goldenthal

Bienvenue dans le royaume de l’expérimentateur malade. Oui, Elliot Goldenthal est un dingue, un type qui ne recule rien pour mélanger les éléments les plus improbables. Adepte de la culture moderniste (non, ce n’est pas une secte), le bonhomme s’est d’abord illustré avec brio sur Pet Semetary, certes, mais s’est surtout fait remarquer sur Alien 3 et Heat. Et comme tous les compositeurs qui, à un moment donné, ce sont mis à bosser comme des dingues, Goldenthal traîne avec lui son lot de casseroles tellement innommables que ça devient super dur de choisir quand on doit faire une rubrique comme celle-ci.

Alors pourquoi avoir choisit S.W.A.T. plutôt que Batman & Robin, par exemple ? D’abord parce que mise à part une version extended du score de Batman Forever, le travail de Goldenthal sur ces deux films reste inédit dans une version qui ne soit pas complètement ruinée par des chansons à la con. Mais aussi parce que, pour le vague souvenir que j’ai de la B.O. des Batman, je n’ai pas relevé de décalage aussi flagrant que sur S.W.A.T.. Attention, je ne dis pas que le film de Schumacher est plus visible que celui de Clark Johnson. Les deux se valent, chacun dans leur style. Mais là où la musique de Batman glissait doucement dans la folie, avec S.W.A.T., Goldenthal pète carrément une durite.

Pour preuve, le premier morceau, le bien nommé Bullet Frenzy. Orchestre, grosses guitares, tapping effréné, batterie colossale et c’est parti pour 10 minutes de délire absolu. Ce morceau est une ode au gun fight le plus phénoménal de l’univers, un truc pas croyable où les balles virevoltent aussi bien que les voitures, sans ralenti, dans un chaos ambiant de malade mental mais d’une lisibilité telle que l’on pourrait croire qu’on est face à la scène d’action du siècle. Voilà ce que Bullet Frenzy suggère. Je ne sais pas pour vous, mais je ne me rappelle pas avoir vu ça dans le film. Je me souviens d’un truc passablement mou et crétin où il ne se passait pas grand-chose de passionnant.

Il reste que jamais Goldenthal n’avait franchi la frontière du nawak à ce point et jamais le mélange guitares/orchestre n’avait été aussi puissant et aussi efficace. Le genre heavy symphonique échoue souvent sur les plages du mauvais goût, quand il ne coule pas directement dans les eaux de l’insupportable, plus connus sous le nom de « arrêtes-moi ça, ou je te fais bouffer du verre pillé !!!». Mais là où le heavy symphonique est synonyme de vulgarité et de facilité crasseuse dans une bande originale (ou ailleurs), Goldenthal le transforme en un truc véritablement jouissif et surtout hyper rigolo.

Forcément on eut aimé que S.W.A.T., le film, ait été du même tenant, que cette débauche de gros son trouve un répondant dans des effets pyrotechniques à couper le souffle et/ou dans des scènes d’action complètement improbables, au suspens insoutenable. Mais une fois de plus, il semble que le musicien ait été le seul à voir ce film là.

 

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