Les petits secrets de la saga Metal Gear Solid

Les petits secrets de la saga Metal Gear Solid

Durant tout le mois de septembre, le Daily Mars vous propose une série d’articles consacrée à la saga Metal Gear Solid, à l’occasion de la sortie du cinquième épisode, chargée de boucler la boucle en ce qui concerne l’histoire énorme de la saga. Tout au long de sa saga, Hideo Kojima a montré à maintes reprises qu’il était fan de septième art et jouait avec son public en multipliant les easters eggs et autres secrets, tout en n’hésitant pas à se moquer de sa propre œuvre.

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Snake Plissken, tout simplement

Metal Gear Solid

Le premier épisode (mais troisième si on compte les Metal Gear) de la saga comporte déjà bon nombre de clins d’œil. On va commencer par le plus évident, le nom du héros : Solid Snake. Kojima est un grand fan de Carpenter et le nom du héros est une référence directe à Escape from New York et Los Angeles. Dans ces deux films cultes de John Carpenter, le héros interprété par Kurt Russell s’appelle Snake Plissken, et porte – tiens donc – un cache-œil, accessoire emblématique de la saga vidéoludique. Ce même cache-œil que Snake portera surtout dans le quatrième épisode, ainsi que Big Boss lors des épisodes Snake Eater, Peace Walker et Phantom Pain. L’arrivée en sous-marin ressemble étrangement à l’arrivée de Plissken dans Escape from LA, ainsi que le concept du virus qu’on lui a inoculé (Snake possède le virus FoxDie en lui). Histoire de pousser le bouchon plus loin, dans Metal Gear Solid 2, lorsque le joueur sera aux commandes de Raiden, il rencontrera un mystérieux soldat qui n’est autre que Snake, mais pour cacher son identité, il se présente à lui sous le nom de Iroquois Pliskin.

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Meryl dans Policenauts

Pour Hal « Otacon » Emmerich, le fidèle pote geek que Snake rencontre dans l’épisode, il s’agit évidemment d’une référence à 2001, l’Odyssée de l’Espace de Kubrick et du super-ordinateur HAL. Kojima enfonce le clou dans Peace Walker à travers une cassette audio où Big Boss discute avec Huey Emmerich, le père de Hal, qui lui raconte tout l’amour qu’il a pour le film et que Hal est un bien joli nom (d’ailleurs, l’un des personnages de Peace Walker s’appelle Dr. Strangelove, référence à un autre film de Kubrick). Enfin, lors d’une des fins de Metal Gear Solid, lorsque Snake révèle à Hal que son vrai nom est Dave, il sort une réplique on ne peut plus explicite :

« Hal and Dave ? That’s a good one. Maybe we should take a trip to Jupiter. »

Kojima a également confié qu’il était fan des Canons de Navaronne et s’est inspiré du film pour le concept de l’infiltration. Au début du film, l’officier est sûr que la mission sera un échec, puis sourit à la fin du film en voyant que finalement ça a marché. Kojima voulait reproduire ce sentiment en donnant la possibilité au joueur d’infiltrer un endroit à priori impossible à traverser puis lui laisser savourer sa victoire. Kojima aime aussi faire référence à ces anciens jeux. Meryl Silverburgh est en fait reprise de son jeu Policenauts où le design est étrangement similaire, tandis que les deux personnages portent le même nom, ainsi que la même doubleuse (tant qu’à faire). La scène où elle se fait tirer dessus par Sniper Wolf est aussi inspirée de la séquence du sniper dans Full Metal Jacket. Quand au personnage de Revolver Ocelot, Kojima s’inspire du film Django, l’original de 1966.

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Alors comme ça on fouille notre Memory Card ?

Le jeu regorge de trouvailles cassant le quatrième mur. Les plus célèbres sont certainement les allusions de Psycho Mantis sur les sauvegardes présentes sur votre carte mémoire lors de l’affrontement. Il prétextera lire dans les pensées et commentera vos sauvegardes de jeux Konami comme Castlevania ou même Policenauts. D’ailleurs, l’un des moyens de le battre facilement est d’intervertir le port manette afin qu’il ne lise pas vos mouvements. Enfin, et c’est probablement l’un des systèmes anti-piratage les plus ingénieux de l’époque (qui ne marche plus à l’heure d’Internet), lorsque l’un des personnages vous demande de contacter Meryl sans connaître la bonne fréquence radio, l’un de vos alliés vous conseille de regarder au dos de la boîte, et effectivement, l’un des screenshots sur la jaquette arrière du jeu affichait la fréquence à rentrer.

Metal Gear Solid 2: Sons of Liberty

Les prénoms de Raiden et de sa petite amie enceinte sont issus de Titanic. Le vrai nom de Raiden est Jack et celui de sa fiancée est Rose, l’un des couples les plus célèbres du cinéma. D’ailleurs, le nom complet de la jeune femme est Rosemary. Enceinte dans le jeu, c’est peut-être un rapport avec Rosemary’s Baby ? On trouvera aussi une référence subtile à It Conquered the World de Roger Corman : le Venus in Cancer que répète parfois Emma, lorsqu’elle est inconsciente, est la traduction du Kinseigani, le monstre du film.

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Les statues Moai de Gradius

Kojima cite Terminator 2 comme référence au début du jeu sur la Big Shell avec Raiden dans une des cinématiques et ce sentiment qu’ont eu les spectateurs en ne sachant pas si le Terminator était bon ou méchant. Il utilise la même réplique lors de la première rencontre entre les deux Terminators, Get Down, lorsque Raiden rencontre Vamp la première fois et que Snake déguisé balance la même phrase pour protéger Raiden et tirer sur Vamp. Kojima fait même référence à la série X-Files : le mystérieux informateur de Raiden utilise d’abord le nom de code « Deepthroat » puis change de nom pour devenir « Mr. X », deux noms utilisés par des informateurs de Mulder. Enfin, le jeu fait référence à Gradius en disséminant plein de petites statues Moaï, qui sont des ennemis iconiques du shoot’em up de Konami.

Comme d’habitude, Kojima planque des petites références à ses jeux, et cet épisode ne fait pas exception. On trouvera par exemple dans le tanker une petite figurine de Vulcan Raven, l’un des boss du premier épisode, armé de sa Gatling. Lui tirer dessus actionnera la figurine qui tirera des petites billes à l’infini. On verra aussi un carton (objet utilisé pour se cacher) avec le logo de Zone of the Enders, l’autre titre phare de Kojima réalisé au sein de Konami.

Comme souvent avec les épisodes (et le VR Missions du premier opus), Metal Gear Solid 2 a eu droit à une version « Substance« , et son lot de bonus. Outre une tripotée de missions alternatives en tout genre qui ajoutent une bonne grosse durée de vie en utilisant les décors du jeu, on a aussi droit à un niveau spécial où Raiden fait du skateboard (!) sur la Big Shell. On avait aussi droit aux Snake Tales, des petites missions d’histoire prenant le point de vue de Snake pendant le scénario du jeu, un mode pour enchaîner tous les boss du jeu et le mode Casting Theater, qui permettait de rejouer certaines cinématiques en remplaçant n’importe quel personnage. La version PS2 (très rare) contenait aussi un DVD bonus avec un énorme making-of sur la conception du jeu. Un indispensable pour les fans.

Metal Gear Solid 3: Snake Eater
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Générique façon James Bond

La référence principale pour ce troisième épisode est évidemment les films d’espionnage, comme les James Bond. Le générique évoque ceux de l’agent 007, comme celui de Goldfinger avec lequel il a pas mal de similitudes. Le générique possède même une chanson dans le ton. Les appels à Para-Medic seront aussi l’occasion de discuter films comme La Planète des singes, La Nuit des morts-vivants, La Nuit du loup-garou, Godzilla, L’Inspecteur Harry ou d’autres films de série B. Bons baisers de Russie revient sur le tapis avec une discussion endiablée sur les gadgets de James Bond, suivi par un autre allié, le Major Zero, qui parle de tout l’amour qu’il a pour ce film. La structure du jeu emprunte aussi aux James Bond puisque le jeu aura droit à toute une mission en guise de prologue avant d’afficher son générique.

Autre artiste adulé par Kojima : David Bowie. Il se trouve que le Major Zero s’appelle aussi le Major Tom, qui fait référence directement aux paroles de la chanson Space Oddity. Même Snake s’y met lorsque parfois il le contacte en posant la question « Do you hear me, Major Tom ? ». Une réplique qui vient directement de la chanson de Bowie. Plus subtile encore, l’un des boss du jeu, Fury, s’avère être en combinaison d’astronaute. Il balancera même une réplique de coming home, qui vient aussi de la fameuse chanson. Le blog de Kojima révèle d’ailleurs qu’il voulait à la base utiliser cette chanson ainsi que Ashes to Ashes pour le générique de fin ce qui, avouons-le, aurait été super classe.

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Raidenovitch

Kojima s’est aussi amusé dans cet épisode avec bon nombre de personnages, notamment le personnage de Raiden du second opus. Beaucoup de joueurs avaient critiqué le choix du japonais d’avoir changé de héros et imposé Raiden, qui n’avait ni la carrure ni le charisme de Snake (chose qui sera réparée dans l’épisode 4). Kojima s’est même amusé du côté androgyne du personnage en poussant certains personnages à tâter ses bijoux de famille pour vérifier le sexe de l’individu. Dans Snake Eater, Big Boss doit s’infiltrer dans une base et doit pour cela trouver l’officier Ivan Raidenovitch Raikov et prendre son identité pour passer les contrôles. Évidemment, en plus de son nom, le personnage a exactement le même physique que Raiden. Et Raiden se fera démasquer par la même technique de pelotage par Volgin lui-même, la relation entre lui et Raidenovitch n’ayant pas l’air de se limiter aux protocoles militaires…

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Time Paradox!!

Certains méchants possèdent quelques petits trucs cachés, notamment Revolver Ocelot. Encore tout jeune, il est possible de l’abattre lors du prologue du jeu, dans la Mission Vertueuse, alors qu’il est assommé, à terre. Mais le jeu met fin à la partie, en prétextant un paradoxe temporel : eh oui, si Big Boss tue Ocelot maintenant, les épisodes suivants ne pourront pas exister (il est quand même au cœur de toute la saga). L’un des boss du jeu, The End, est un très vieux sniper qui vous attend dans une zone précise et qui vous demande de le débusquer pour le vaincre. Il est d’ailleurs possible de le tuer bien avant, juste après une cinématique : si vous êtes assez rapide, vous pourrez l’abattre d’un coup de fusil sniper juste avant qu’il rentre dans l’ascenseur. Mais lors du vrai affrontement, on a la possibilité de le terrasser de façon bien plus mesquine : en avançant la date de votre console. Puisque le temps réel a un effet dans le jeu (notamment sur l’efficacité des aliments), cela aura pour effet, lorsque vous rechargez votre partie, de tuer The End de vieillesse.

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Le cauchemar de Snake

L’un des secrets les plus étranges du jeu est « le cauchemar de Snake« . Lorsque Big Boss se fait capturé et torturé avant de perdre un œil, il se fait jeter en prison. A ce moment-là, si vous sauvegardez puis quittez la partie avant de la relancez, vous arriverez dans un décor étrange avec un personnage armé de deux sabres qui se bat contre des démons belliqueux. Pendant quelques minutes, le joueur devra combattre ces créatures jusqu’à ce que Big Boss se réveille en sursaut. En appelant votre équipe, il tentera de trouver de l’aide pour expliquer ce cauchemar étrange. Peut-être dû au stress engrangé lors de la mission. Et Kojima s’étant toujours prôné d’être pacifiste, le combat contre The Sorrow est assez représentatif de cette volonté. Lors de la remontée de la rivière durant cette séquence (qu’on peut apparenter au Styx), Snake se retrouve à éviter les fantômes de ceux qu’il a tués depuis le début du jeu. Là où c’est malin, c’est que cette séquence devient horriblement longue si le joueur a fait littéralement un massacre à ce stade du jeu. A l’inverse, s’il s’est contenté d’endormir les gardes, la traversée de la rivière sera très courte.

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Snake VS Monkey

Parmi les bonus surprenants, on a droit au mini-jeu Snake VS Monkey où Big Boss devra déloger des singes dans des niveaux fermés issus du jeu Ape Escape. Un cross-over crétin mais un vrai mode bonus. Dans le même genre, l’édition Subsistence de MGS3 (sur trois disques !), outre l’excellente idée d’avoir enfin une caméra libre qui rend caduque l’originale, offre un Secret Theater avec bon nombre de vidéos crétines et autre parodies. On aura droit à Metal Gear Raiden Snake Eraser où le Raiden de MGS2 remonte le temps pour tuer Big Boss et se retrouve projeté aléatoirement dans les différentes cinématiques du jeu. Il y a aussi des versions alternatives de cinématiques du jeu ou encore une délicieuse vidéo sur un mec du gouvernement qui n’a pas supporté que Big Boss ne lui sert pas la main à la fin de l’histoire. Toutes les vidéos sont disponibles ici. L’édition possédait aussi un mode en ligne, un mode pour enchaîner les boss, des nouveaux niveaux pour le mode Snake VS Monkey et sur le troisième disque se trouvait un montage de trois heures et demie de toutes les cinématiques, appelé Metal Gear Solid 3: The Movie. Enfin, petits bonus non négligeables, les deux jeux originaux Metal Gear 1 et 2 étaient offerts.

Metal Gear Solid 4: Guns of the Patriots
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Rat Patrol

Ici encore, bon nombre de références. Le nom de la troupe dirigée par Meryl s’appelle la Rat Patrol, qui fait référence à la série américaine du même nom (ou Commando du Désert en VF). Comme d’habitude, Kojima adore parler de son ancien jeu Policenauts. Après avoir récupéré Meryl, Jonathan Ingram (qui partage la même coupe iroquois que Taxi Driver) et Ed Brown, qui font partie de Rat Patrol, sont aussi des personnages issus de son ancien jeu. Il n’hésite pas aussi à parler de ses concurrents. Après avoir fait référence à Splinter Cell et Syphon Filter dans le mode Snake VS Monkey de MGS3, Kojima tacle encore une fois Sam Fisher lors de sa vidéo d’annonce de Metal Gear Solid 4 à l’E3 2005, où il met en scène les personnages de la saga pour annoncer les détails du jeu.

Les boss du jeu sont des références à plusieurs choses. D’abord, leurs noms renvoient directement à l’ancienne unité Fox Hound qui faisait office de boss sur le premiers opus : Laughing Octopus pour Decoy Octopus, Raging Raven pour Vulcan Raven, Crying Wolf pour Sniper Wolf et Screaming Mantis pour Psycho Mantis. Le nom de leur groupe, Beauty and Beast, est aussi une référence évidente étant donné que chaque affrontement se fait en deux temps, d’abord sous leur forme « animale », puis sous leur forme humaine. Ce sont évidemment de jolies demoiselles que Kojima, comme à son habitude, n’hésitera pas à mettre en valeur. Il suffit de leur échapper pendant un certain temps durant l’affrontement pour se retrouver dans la « zone blanche », où elles prendront des poses aguicheuses histoire qu’on puisse les photographier à son aise.

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Retour à Shadow Moses

L’acte 4 du jeu, Twin Suns, est un vrai plaisir nostalgique puisque Snake revient dans les décors du premier opus, Shadow Moses. Kojima, fidèle à lui-même, n’hésite pas à jouer avec l’écho du premier opus en reprenant certaines astuces de gameplay et de mise en scène. Certains passages, si vous n’êtes pas découvert, renverront à des flash-backs ainsi que des effets sonores caractéristiques pour les joueurs ayant fait le jeu en long et en large. On retrouvera les lieux emblématiques du jeu, et on n’échappera pas à la confrontation avec Crying Wolf dans le même champ de neige que l’affrontement de Sniper Wolf, ainsi qu’un combat homérique entre les deux modèles de Metal Gear : Ray contre Rex.

Le fameux Johnny Sasaki dans MGS1

Le fameux Johnny Sasaki dans MGS1

Ce quatrième épisode permet aussi de mettre en lumière l’un des personnages emblématique mais caché de la série, Johnny Sasaki. Dans ce quatrième opus, il s’agit de Johnny Akiba, membre des Rat Patrol. Victime de diarrhées chroniques (les fameuses blagues « scato » de Kojima), ce personnage pratiquement tout le temps masqué se marie finalement avec Meryl à la fin du jeu en lui avouant qu’il en est tombé amoureux depuis Metal Gear Solid 1. Oui, Sasaki est présent dans tous les épisodes du jeu. Dans MGS1, c’est lui qui garde les cellules de Meryl et Donald et se retrouve nu et assommé, les fesses en l’air. Puis il se retrouve à surveiller Snake lorsque celui-ci est emprisonné, et se retrouve coincé dans les toilettes pour cause de diarrhées quand Snake s’échappe. Dans MGS2, Raiden l’entend dans les toilettes (de nouveau) avec le micro directionnel. Plus tard, alors que Raiden et Snake doivent protéger Emma sur la Big Shell, quand celle-ci passe hors de vue, le micro indique qu’elle tombe sur Johnny qui la stoppe puis la laisse passer en pensant que ce sont les filles qui lui donnent ses problèmes de diarrhées. Il révèle aussi s’appeler Johnny. Enfin, dans Metal Gear Solid 3, Johnny Sasaki est aussi présent mais ce n’est autre que son grand-père, lorsque Big Boss est en prison. On peut même débloquer une conversation entre Big Boss et ce garde, où il lui montre une photo de famille en révélant que le prénom « Johnny » est une tradition familiale.

David Bowie

David Bowie

Metal Gear Solid 5: Phantom Pain

Le jeu comporte aussi de nombreuses références, même avant sa sortie. Tout l’aspect marketing autour du fameux Moby Dick Studios n’est sûrement pas anodin et aura sûrement des influences dans le jeu. Dans les trailers, un des personnages n’hésite pas à se faire appeler Ismael, l’un des personnages du roman. On peut même voir dans une des vidéos une baleine en feu. Enfin, le groupe Diamond Dogs n’est autre qu’une référence à une chanson de David Bowie, où celui-ci apparaît avec un cache-œil. D’ailleurs, les paroles de la chanson mentionnent une bosse de silicone et un moignon de dix pouces, qui font étrangement penser à l’état de Big Boss lors des événements de Phantom Pain. Mais nul doute que le jeu, comme à son habitude, révèle de nombreux secrets, le petit plaisir de Kojima sur sa saga.

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