Les roues de l’infortune (Rocket League)

Les roues de l’infortune (Rocket League)

Note de l'auteur

L’année dernière, je vous avais parlé de ce que je considérais comme le meilleur jeu multijoueur de 2014. Il faut se faire une raison, le nombre de prétendants est tous les ans de plus en plus élevé. Mais cette année, c’est dans un genre plutôt couillu que le miracle arrive : le jeu de foot motorisé, avec Rocket League.

RL2Six joueurs et un ballon

Le principe est on ne peut plus simple : deux équipes s’affrontent sur un terrain composé d’une grande pelouse et de deux buts. Chaque équipe comprend 4, 3, 2 ou 1 joueur(s), suivant le mode de jeu choisi (et ce n’est pas anodin). Chaque joueur dirige une petite voiture qui ressemble aux bolides télécommandés de notre enfance, ayant la capacité de balancer un coup de nitro ainsi que de faire des bonds dans toutes les directions. Pour pimenter le tout, la balle que l’on doit placer dans le but adverse possède une physique légèrement « flottante » (comprenez : ce n’est pas du métal lourd), des bonus de nitro sont éparpillés sur toute la carte et le terrain est entièrement fermée, mais sans angle droit histoire de pouvoir rouler même sur les murs très facilement. Mais c’est grâce à cette simplicité que le jeu révèle toutes ses subtilités.

Déjà, le coup de génie est la gestion de la caméra. D’une simple pression sur une touche, la caméra va se locker automatiquement sur le ballon. Ce qui fait que les directions prises par la voiture seront influencées par l’emplacement du ballon. Rien n’empêche de jeter des coups d’œil sur le côté, mais ce lock sans défaut permet à la caméra d’avoir une sacrée dynamique et une vraie visibilité sur ce qui se passe sur le terrain. Au début, toucher la balle est un vrai calvaire tant on fonce dans tous les sens et on apprend à utiliser le saut de la voiture – indispensable pour savoir jouer. Le saut propulse un premier coup dans les airs, puis le deuxième coup permet de se propulser dans la direction choisie. Mais cette direction permet de faire plusieurs choses : deux coups rapides en avant provoquent un léger salto de la voiture et lui donne un petit coup de boost sans utiliser de nitro. Extrêmement utile pour revenir en défense en cas de coup dur alors que votre réserve est vide. Un premier saut couplé avec un petit coup de turbo tout en orientant la voiture permet de se propulser en hauteur et de pouvoir toucher la balle si on a bien anticipé son mouvement. Une technique extrêmement délicate et qui se révèle dangereuse lorsque vous tentez le tout pour le tout et que personne ne surveille vos buts, vu que la réception de la voiture se fera plusieurs mètres plus loin si vous ne touchez pas la balle. Évidemment la hitbox de la voiture permet de modifier l’angle de tir de la balle : suivant l’endroit que vous touchez, vous pourrez donner des effets au ballon afin de tenter des tirs sur les côtés et surprendre vos adversaires.

ss_962a25a5e9ab7d19df03ffa7c7f7693ba562e787.600x338« Je deviendrais le meilleur joueur de Rocket League ! »

C’est l’apprentissage du pilotage de son véhicule qui viendra donner satisfaction au joueur. Même après 6 heures de jeu, j’ai encore pu découvrir de nouvelles techniques à exploiter en observant pendant un match épique des adversaires en train de jouer. Au fil des parties, on découvre que la touche de freinage n’est pas anodine et permet de dépasser le ballon et de l’arrêter net en repassant derrière pour stopper un tir cadré. La marche arrière permet de créer des situations folles en dégageant le ballon à coups de retournés acrobatiques et ainsi surprendre l’adversaire qui ne s’attendait pas à une telle manœuvre. Évidemment, il faut trouver une équipe suffisamment solide pour répondre : certaines parties peuvent se gagner avec une grosse différence de points si les adversaires ne sont pas du même niveau (et inversement). Les joueurs peuvent même se télescoper en fonçant à deux en même temps sur la balle et perdre l’avantage parce que chaque joueur voudra marquer son but. Il faut mettre souvent sa fierté de côté et accepter le fait qu’on est aussi indispensable en défense qu’en attaque. Évidemment, jouer contre des joueurs qu’on ne connaît pas ne facilite pas les choses. Mais il arrive très souvent que comme par magie, chacun trouve sa place, que les équipes soient équilibrées et que les joutes soient très serrées. On sent que les joueurs prennent du plaisir et quand la fin du match arrive, on se rend compte par les messages automatiques disponibles que tout le monde a pris son pied et ne dirait pas non à une petite revanche. C’est toute l’intelligence du studio d’avoir imaginé des règles simples pour un sport imaginaire et de laisser au joueur la liberté d’en faire ce qu’il veut. Il en résulte sur Twitch des actions spectaculaires comme s’il en pleuvait, des retransmissions passionnantes et un plaisir de jeu immédiat : tous les ingrédients en somme d’un véritable sport. Ça serait surprenant de ne pas voir Rocket League tâter de l’E-Sport.

Rocket-LeagueTout le génie du gameplay réside dans sa capacité à donner les clés de mécaniques très simples, puis de laisser le joueur imaginer et développer son skill sans jamais l’obliger ni le contraindre. Vous pourrez très bien jouer sans forcément connaître ou maîtriser les subtilités, mais le joueur qui veut s’investir pourra y trouver son compte avec plein de petites astuces qui lui permettront de faire la différence. Tout est dans l’anticipation : c’est assez dingue les différences de niveaux constatées dans certains matchs, où des joueurs n’arrivaient jamais à anticiper le point de chute de la balle et passaient systématiquement en-dessous sans la toucher, tandis que d’autres réalisaient des actions merveilleuses ou des arrêts sensationnels et transformaient des matchs en véritables ballets motorisés. C’est d’ailleurs pour ça que le jeu ne propose pas de modèles de voitures aux statistiques différentes : tout le monde est à la même enseigne. On pourra choisir parmi plein d’objets pour customiser visuellement son véhicule, mais ça s’arrête là et c’est tant mieux. Et les différents paramètres de modes de jeu (1 VS 1, 2 VS 2, 3 VS 3…) permettent d’aborder les parties de manière très différente, le 3 Vs 3 étant le mode le plus équilibré, avec généralement deux attaquants dont un se concentrant sur le centre, et le troisième qui reste en arrière. Le 4 Vs 4 est très fun et bordélique, le 2 Vs 2 nécessite une énorme confiance en son partenaire mais se révèle excellent à jouer, et le 1 Vs 1 est très sportif, vu que le joueur doit remplir tous les rôles. Des parties classées permettent de rester entre joueurs de même niveau, mais autorisent la sortie des joueurs qui quittent la partie sans remplaçant. Un mode solo est présent mais devient vite anecdotique.

Rocket League est une magnifique surprise. Le jeu de Psyonix est sorti gratuitement avec le Playstation Plus de juillet et bénéficie d’un engouement assez génial. Le développeur a l’air de suivre son bébé en rajoutant du contenu au fur et à mesure, que ce soit payant (objets en plus pour customiser son bolide) ou gratuit (mode de jeu, nouvelles arènes). Les vidéos twitchs sont très populaires et permettent d’analyser le jeu des meilleurs joueurs. Rocket League est un jeu à paliers, un jeu qui s’apprécie au fur et à mesure qu’on assimile les mécaniques, et qui permet vraiment au joueur de mettre à profit ce qu’il apprend de lui-même, ce qui n’est pas rien dans un jeu de 2015. Équilibré sans avoir à tricher, le jeu fonctionne extrêmement bien en multijoueur malgré quelques soirées plus fournies que d’autres qui font laguer le réseau. Le fait d’avoir des petites équipes et un sport un peu « futuriste » donne presque l’impression d’être au cœur d’un shônen sportif. Si vous en avez marre des FPS multi qui se ressemblent tous, tentez l’expérience Rocket League et entrez dans l’arène : c’est prenant, jouissif et extrêmement gratifiant.

Rocket League
Edité et développé par Psyonix
Prix : 20 euros

 

 


Rocket League – Announce Trailer PS4 par Millenium_TV

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