
Les séries mésestimées : Eureka (2006/2012)
Eureka n’a rien d’une grande série. Elle a eu beau être diffusée sur le câble américain, elle ne l’était pas dans la zone de confiance du néo-sériephile (celui qui a commencé à s’intéresser au genre avec Les Soprano et qui est persuadé qu’avant Tony, c’était juste Drôle de dames et La croisière s’amuse). Elle n’est ni sur HBO, ni sur AMC, ni sur Showtime. Elle n’est pas innovante. Elle n’a pas un casting ébouriffant. Ses effets spéciaux sont assez rudimentaires.
Oui mais qu’elle est agréable à suivre, cette série.
Eureka raconte les histoires d’une petite ville rurale des Etats-Unis habitée par les plus grands scientifiques du pays. Une sorte de GéoTrouvetouLand. Jack Carter (Colin Ferguson) est un marshal qui se perd en voiture dans la région. Très rapidement, on lui propose le job de shérif, qu’il accepte. Carter n’est pas un scientifique, n’est pas spécialement cultivé, et se retrouve en constant décalage par rapport au reste de la communauté.
Carter va faire face, au fil des saisons, à toutes les catastrophes possibles et imaginables, provoquées par ces « cerveaux » qui testent constamment de nouveaux appareils potentiellement dangereux. Il va aussi faire la connaissance d’Allison Blake (Salli Richardson-Whitfield), superbe agent de liaison venant du Département de la Défense. Entre eux se crée une dynamique de will they-won’t they assez traditionnelle, mais avec un dynamisme certain.
Le duo de comédiens fonctionne à merveille. Le sens comique de Colin Ferguson, honnête comedian de formation, dans cette oeuvre, est bien mit en valeur. Mais la grande force de Eureka, c’est d’avoir géré le triangle amoureux avec intelligence, finesse et humour. Le boss d’Eureka est l’ex-mari d’Allison: Nathan Stark (Ed Quinn, excellent). Brillant, arrogant, séducteur, il s’oppose dès le premier jour (en fait, le deuxième…(1) ) à Carter.
Le but de Stark est de récupérer Allison, celui de Carter de la séduire sans le montrer. S’en suivront presque trois saisons de conflits entre les deux hommes, d’une drôlerie assez imparable. Alors que Carter attaque Stark (2) sur sa mégalomanie, Stark fait de Carter son souffre-douleur, en étalant sa réussite quand Carter n’est « qu’un » shérif. De la même façon, quand la série se dirige vers la réunion du couple Stark-Allison, plutôt que de faire entrer Carter dans une logique de déprime, on voit l’homme prendre du recul et avoir la réaction la plus humaine qui soit : laisser sa place face à un couple qui se reforme et ont un enfant ensemble.
La série n’est jamais meilleure que lorsqu’elle met en scène le shérif Carter pour l’humilier ou le mettre dans une position difficile. Procédé qu’elle utilise à foison. Elle est cependant beaucoup moins bonne sur bien des points (redites, effets spéciaux cheap, tension dramatique pas toujours maîtrisée)…
Soyons clair, en dehors des soucis liés au fait que la ville manque d’exploser toutes les 24 heures, la série arrive à dépeindre une ville agréable à vivre, bâtie sur une notion de vie communautaire qui rappelle assez souvent la formidable et trop méconnue (et disons-le tout net: bien supérieure à Eureka) : Northern Exposure. Pendant la diffusion de sa 4e saison, l’une des scénaristes, Amy Berg, dans le podcast hautement recommandable Nerdist Writers Panel confiait qu’aller travailler pour Eureka était un pur bonheur. Un bonheur qui se ressent dans la série, sans pour autant qu’elle en devienne un feel-good sans aucun intérêt.
Eureka, passée complétement inaperçue en France (elle est diffusée sur Série Club), est tout simplement une honnête série de science-fiction mêlée (du moins sur ses 3 premières saisons, les meilleures) à une traditionnelle comédie romantique très marquée années 60…. dont l’un des protagonistes est un shérif… qui vit dans une maison robotisée… qui possède la voix de son créateur (un homme) imitant une femme… parce que ce dernier attend que Sara Michelle Gellar lui donne l’autorisation d’utiliser sa voix. Pas une comédie romantique typique, en somme…
Ah, et n’oublions pas que le générique (en version longue pour les saisons 1 et 2) est absolument génial:
Une série mineure, certes, mais bien conçue et efficace. Après, si vous regardez juste des séries pour frimer dans les dîner mondains, il y a Boardwalk Empire (3).
(1) : Dans le pilot, le personnage de Nathan Stark avait un nom différent car joué par un acteur différent : Greg Germann (Ally McBeal) y interprétait le professeur Warren King. Le ton du comédien, plus sec, plus drooppyesque aurait diamétralement changé la série et peut-être tué tout son charme. Ed Quinn apporte un charme supplémentaire, un humour plus corrosif.
(2) : En plus de partager le même nom de famille avec Tony Stark / Iron Man, Ed Quinn ressemble au personnage de la Marvel. Une façon de prendre des raccourcis, mais savoureusement, afin d’introduire et de poser un personnage.
(3) : Provocation gratuite à l’adresse de Frédéric Moreau
EUREKA (SYFY)
Créée et Showrunnée par Andrew Cosby et Jaime Paglia
(77 épisodes diffusés de juillet 2006 à juillet 2012)
Avec : Colin Ferguson (Carter), Sally Richardson-Whitfield (Allison Blake), Ed Quinn (Nathan Stark), Neil Grayston (Fargo), Jordan Hinson (Zoe Carter), Erica Cerra (Jo Lupo)
Série dans l’esprit plus année 90, même dans les décors , le jeu mais série qui a beaucoup de charme en effet. Des épisodes inégaux mais quelques belles idées dans les épisodes.
Une série « confortable ». A mettre en miroir avec « Warehouse 13 » (Un peu plus originale) avec laquelle elle partage un univers commun (quelques crossovers).
A Noter qu’Eureka a changé deux fois d’univers entre les saisons 1 & 4 (Même contexte mais changement temporel)
Un petit moment de plaisir cette série, on s’attache aux personnages , au coté feuilletonant, à la légèreté ambiante. Une grande imagination aussi car faut tenir sur 4 saisons à sortir des situations +/- complexe à chaque épisodes sans lasser.
Idéale pour un Dimanche Soir no Brain.