
Les séries trop courtes : Firefly, cowboys de l’espace
Space opera aux forts accents de western, Firefly sort tout droit de la tête de Joss « Buffy contre les vampires » Whedon en 2002. Mais au delà d’être une série trop courte, c’est surtout une série devenue culte. Le Capitaine Reynolds et son équipage font parties de ces personnages inoubliables du petit écran entrés dans le panthéon Geek.
Après avoir épuisé la Terre de ses ressources, l’Humanité est allée coloniser un nouveau système solaire pour façonner de nouvelles planètes à l’image de la Terre. Certaines s’avèrent être riches et abondantes en hautes technologies, tandis que d’autres s’en sortent moins bien. Les planètes centrales forment l’Alliance, qui a décidé que tout le monde devait appliquer ses règles et est entrée en guerre contre les indépendantistes. Parmi les vétérans de ce conflit se trouve Malcolm Reynolds, dorénavant capitaine de Serenity, un vaisseau de transport de classe Firefly. Mal’ voyage donc avec son équipe aux confins de l’espace, toujours en quête d’un travail à accomplir. Il ne s’intéresse pas vraiment à la nature des ses jobs : contrebande ou travail honnête, tout ce qui l’intéresse, c’est de continuer à voler.
Ce qui fait tout le charme de Firefly, ce sont ses personnages. Mal Reynolds est un homme au grand cœur qui se cache derrière son statut de capitaine pour jouer les fortes têtes. Il est tout le contraire de Jayne, pour le coup un gros dur qui dissimule un cœur plus noble qu’il n’y parait. Wash est le pilote de Serenity, il est marié à Zoé, fidèle seconde de Mal. Ils sont le seul couple « officiel » à bord du vaisseau, même si tout le monde voit clairement que quelque chose se trame depuis des lustres entre Mal et Inara, prostituée de luxe qui voyage avec son équipage. Rien ne se passera jamais entre ces deux-là à l’écran, et rien n’est jamais exprimé à voix haute, mais l’amour qui les dévore tous deux de l’intérieur saute aux yeux dès le début de la série.
Kaylee est machiniste, c’est la petite chouchoute de la troupe et tout le monde l’apprécie, en particulier Simon. Ce jeune docteur arrive à bord de Serenity avec un étrange chargement : sa soeur, River. Il l’a arraché aux griffes de l’Alliance qui a traité la pauvre jeune fille comme un rat de laboratoire. Il semble alors qu’elle soit douée de capacités hors du commun. Simon fait tout ce qu’il peut pour prendre soin de sa sœur, et il finit par leur garantir une place au sein de l’équipe de Reynolds. De la même manière, un prêtre rejoint la bande dès le pilote de la série : Shepherd Book, un homme d’église dont les croyances ne font pas bon ménage avec les convictions de Mal.
L’ambiance western de Firefly se sent dès les premières notes du générique de la série, et tout – des armes à feu aux accoutrements des personnages – nous plonge dans un univers à la mode Far West. Pas de petits hommes verts : ici, on n’est pas dans de la science-fiction qui tirerait sur toute les ficelles du genre, mais plutôt dans une fresque cherchant à explorer le futur de l’Humanité.
Il est intéressant d’observer la représentation à la fois archaïque et futuriste de notre espèce par le show, mélangeant l’idée de la distinction entre pauvres et riches à celle de la domination du monde par les Etats-Unis et la Chine. D’un côté, on a cet aspect old school et far west très prononcé, et de l’autre les personnages parlent couramment le mandarin et démontrent ainsi l’état avancé de leur civilisation. En sommes, la culture de l’Est est venu compléter celle de l’Ouest.
Ici la science-fiction n’est qu’un prétexte, une toile de fond destinée à brosser le portrait de ces personnages qui se cherchent dans une société en pleine reconstruction. L’idée d’indépendance est prédominante et incarnée par le personnage de Mal. Il a combattu aux côtés des indépendantistes pendant la guerre et refuse de dépendre de qui que ce soit. Deux choses sont des plus importantes à ses yeux : la loyauté et la liberté. Le reste n’est que fioriture.
La série est digne de son créateur. On sent nettement la patte de Joss Whedon dans la construction de Firefly, et il faut bien reconnaître que le show est loin d’être écrit avec les pieds. La série a beaucoup d’humour, les dialogues sont malins et le développement des personnages très soigné. Il est décidément dommage qu’une œuvre aussi bien commencée ait dû s’achever faute de trouver un public suffisamment large au moment de sa diffusion (1).
Firefly est un bon divertissement, à mi-chemin entre Star Wars et le bon vieux western. C’est une série agréable à regarder mais qui laisse néanmoins son spectateur sur sa faim. Cela n’est bien-sûr pas volontaire, l’annulation du show ayant provoqué ce monceau de questions sans réponses: mais que sont les Reavers ? Qu’en est-il de la véritable histoire du Shepherd ? La romance naissante entre Kaylee et Simon va-t-elle mener quelque part ? Est-ce que Mal et Inara vont enfin s’avouer leurs sentiments ? Sur les quatorze épisodes que compte l’unique saison du show, seul onze ont été diffusés sur la Fox avant l’annulation des aventures de l’équipage de Serenity, laissant ainsi les spectateurs perdus dans un trou noir rempli d’interrogations.
Cependant, tout le problème de la fin de Firefly n’est pas tellement ces réponses absentes (surtout que pour remédier à cela, un film a été fait). Non, le vrai problème de l’achèvement de cette série, c’est de devoir renoncer à suivre les aventures de ses personnages ô combien attachants. Si l’on y réfléchit bien, ce ne sont pas les storylines de Firefly qui en font la force, mais bien les personnages qui les vivent et par dessus tout, les acteurs qui les interprètent. Nathan Fillon, Gina Torres, Summer Glau et tous les autres, donnent beaucoup de profondeur à leurs différents personnages et les incarnent d’une manière si efficace qu’il ne faut que très peu de temps pour tous les aimer. Rien que pour ce traitement des personnages, ainsi que leur développement, Firefly mérite d’être regardé.
En somme la série est à l’image de ses personnages, une œuvre au grand cœur à laquelle on s’attache très vite et qu’on regarde sans se lasser. Il est triste de ce dire qu’un show de cette ampleur, et qui a su générer une telle fanbase par la suite, n’a pas pu être ressuscité. Le film Serenity aura tant bien que mal tenté d’apporter une certaine conclusion aux différentes intrigues lancées par la série, mais ce au prix de sacrifices vaguement nécessaires.
Lors du Comic Con de San Diego en 2012, Whedon et son casting se sont réunis pour un panel spécialement dédié aux 10 ans de Firefly. Des milliers de fans ont tentés d’y assister et l’évènement s’est clôturé par une standing ovation de la part des « browncoats » présents. Force est donc de constater que quand une série a su fidéliser à ce point son public même en ayant laissé un goût d’inachevé, c’est tout de même dommage qu’elle soit restée aussi courte.
FIREFLY
14 épisodes diffusés entre septembre et décembre 2002
Créée et showrunnée par Joss Whedon
Avec : Nathan Fillion (Malcolm « Mal » Reynolds), Gina Torres (Zoe), Alan Tudyk (Wash), Morena Baccarin (Inara), Jewel Staite (Kaylee), Adam Baldwin (Jayne), Sean Maher (Dr. Simon Tam), Summer Glau (River Tam)
(1) : NLDR : Une diffusion sabotée, pour le coup, par la FOX, qui décida de commencer la diffusion par le second épisode « The Train Job ». Le pilote, une fois remonté, sera le dernier épisode diffusé. De là à dire que la série n’a pas trouvé son public à cause de ça, peut-être pas. Mais ça n’a certainement pas aidé.
Chère Marine,
Tout d’abords merci de remettre à l’honneur cette série qui revet (pour le coup) aujourd’hui une importance capitale : Celle de concentrer en un unique show saboté par son networks parmi ceux qui seront les « leaders » d’aujourd’hui » dans leur domaine.
Ce show, court et mal diffusé, a tellement marqué celles et ceux qui y ont participé, qu’ils ne cessent aujourd’hui d’y faire référence dans leurs activités d’aujourd’hui(Caméo, insinuations et citations directes dans « Castle », a peu près tout le casting fait des caméo dans « Chuck »)
J’en terminerai simplement par le fait qu’à y regarder de près on trouve dans « Serenity » (le film-conclusion, donc) de nombreux plans qui feront sans nulle doute la qualité du très réussi « Avenger » de saint Joss…
Vivement Firefly la suite…
J’adore ce mélange SF/Western, à la Cobra.
Une bien bonne série (et un bon film, découvert avant, d’ailleurs 🙂
Le film conclut certes l’ensemble, mais il manque un élément majeur, encore, pour saisir toute l’histoire et avoir toutes les réponses qui ne sont ni dans la série, ni dans le film : le comics.
Whedon a en effet prolongé FireFly par un comics, comme il l’a fait avec Buffy, aussi, avant de faire le film Serenity, qui conclut donc l’ensemble série + comics 🙂
Malheureusement, il n’existe pas en VF, à ma connaissance…
Il y a la nouvelle série de Whedon, agents of shield, qui fait vraiment penser à Firefly : une équipe de personnages aux multiples secrets, un décors volant, une affaire par épisode…
Je ne suis pas encore tout à fait séduit, bien que je sois un très grand fan de Whedon.
Oui, ça ramène beaucoup à Firefly. Amsdrs dans le dernier podcast de Rien à Voir auquel le Daily Mars participe, avait fait très justement remarquer que le personnage joué par Ming-Na dans SHIELD était le prolongement de celui de Gina Torres post-Serenity (le film).
N’oublions pas que Joss Whedon a été investi dans la création du projet, lourdement sur le pilot (co-écriture + prod + réalisation), mais maintenant c’est Jed Whedon, Maurissa Tanchareon et Jeff Bell qui font tourner la boutique. Et c’est clair que ça ne fonctionne pas, je vous rejoins bien là-dessus.