L’Étrange Festival 2013 : Palmarès et film de clôture

L’Étrange Festival 2013 : Palmarès et film de clôture

Et voilà, « it’s a wrap » ! Suite et fin de notre couverture de cette 19e édition de l’Étrange Festival comme à l’accoutumé pleine de belles surprises, de rencontres enrichissantes et de débats enflammés. Après avoir vu et chroniqué pile trente films, reste une impression globale très positive et la sensation d’avoir assisté à une manifestation toujours aussi passionnante et hétéroclite. Seul bémol dans cette aventure au long cours: devoir encore patienter une année avant de replonger dans cette ambiance effervescente pour une vingtième itération qui s’annonce d’ors et déjà dantesque. Place au palmarès de ce cru 2013 !

– Pour la compétition Long Métrage cette année, le prix nouveau genre est très justement décerné à l’excellent The Major de Yury Bykov. Un choix courageux récompensant l’audace et l’ambition d’un jeune cinéaste qui fera assurément parler de lui dans les années à venir.

– Très logiquement, étant donné les réactions enthousiastes des spectateurs durant les deux projections du film et les bruits de couloir, le prix du public revient au tonitruant Why don’t you play in hell ? de Sono Sion.

– Enfin, pour la compétition Court Métrage, le prix du public ainsi que le grand prix canal + sont attribués à The Voice thief d’Adan Jodorowsky.

Et permettez-moi, à titre personnel et totalement officieux, de décerner le prix Daily Mars du meilleur film de cette édition au fantastique Blue Ruin de Jeremy Saulnier. Coup de cœur de cet Étrange Festival 2013.
 

HAUNTER, DE VINCENZO NATALI

Lisa est décédée en 1986 dans des circonstances étranges, aux côtés de sa famille, après qu’ils furent tous piégés dans leur propre maison. Devenue un fantôme, elle va alors tenter de protéger une jeune fille qui vient habiter dans cette même bâtisse et qui risque de subir le même sort.

Prenez un papier et un stylo. Je vais vous donner, dans les grandes lignes, la recette de ce nouveau film de Vincenzo Natali. Choisissez une maison hantée bien dodue, ajoutez-y une bonne louche d’Un Jour sans fin, une cuillère à soupe de Les Autres, une pincée de Invisible et le tour est joué ! Tout ça pour en venir à la conclusion que, comme souvent, employer les meilleurs ingrédients ne suffit pas pour cuisiner un plat savoureux. Car, si la volonté affichée de bousculer les conventions du film de maison hantée classique pour proposer une expérience nouvelle est tout à fait louable, Haunter est au bout du compte bien fade et surtout terriblement prévisible.

Pourtant le début du film est plutôt prometteur. En créant un processus d’identification mettant habilement le spectateur à la place de son héroïne grâce à un procédé de rétention d’informations bien dosé, Natali installe un climat pesant laissant planer un malaise dont on a tout d’abord du mal à cerner la véritable nature. Basées sur une structure cyclique, ces trente premières minutes intrigantes s’intéressant à la routine perpétuelle d’âmes damnées entre deux mondes, laissent présager une histoire audacieuse empruntant des chemins de traverse pour mieux déstabiliser. Hélas, cette originalité de façade s’estompe rapidement pour laisser place à une enquête conventionnelle dont la seul spécificité et d’inverser les rôles habituellement tenus par les morts et les vivants.

Commence alors une lente dégradation de l’intrigue, celle-ci devenant de plus en plus conventionnelle et balisée, passant soigneusement en revue la longue liste de lieux communs propres aux films de maison de hantée. Enquête, découverte des traditionnelles coupures de presse chroniquant le passé trouble de la bâtisse, identification précise du mal rongeant les lieux puis résolution de la hantise. Difficile alors de se sentir impliqué dans une histoire si téléphonée malgré une direction artistique solide, une réalisation de qualité et une interprétation globalement satisfaisante. Quand en plus de tous ces défauts, Haunter arbore une fin d’une mièvrerie écoeurante ne réservant pas la moindre surprise, impossible d’en tirer autre chose qu’un goût amer en bouche.


 
 
Retrouvez l’intégralité de notre couverture de cette 19e édition de l’Étrange Festival en cliquant ici.

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