
L’Homme griffonné : une novella qui vous laisse affamé
La suite de la saga à (méga) succès L’Épée de vérité se présente sous la forme d’une série de novellas, publiées à raison d’une par trimestre par Terry Goodkind. Juste assez de texte pour vouloir en savoir davantage sur les nouvelles aventures de Richard et Kahlan au pays de D’Hara.
L’histoire : Dans le hall d’honneur du Palais du peuple, Richard et Kahlan donnent une audience publique. Un événement qui attire une foule enthousiaste et passionnée. Jusqu’à ce qu’un incident perturbe l’assemblée : parmi les spectateurs, un certain Nolo, diplomate professionnel de son état, exige la reddition de l’empire d’haran en particulier et du monde en général.
Mon avis : Il n’est guère besoin de présenter Terry Goodkind et son cycle L’Épée de vérité, une saga en 17 romans sur 5 arcs narratifs (et plus de 26 millions d’exemplaires vendus dans 20 langues), sans compter une suite dédiée au personnage de Nicci (et fort justement baptisée Les Chroniques de Nicci) et, aujourd’hui, ces Enfants de D’Hara, dont le premier tome se centre sur cet être mystérieux que l’on surnomme L’Homme griffonné.
Ce qui frappe d’abord, avec ce volume publié au début du mois en anglais et dans la foulée en français chez Bragelonne, c’est sa brièveté. Moins de 120 pages, avec des pages aérées et des caractères plutôt grands, cela s’avale en une soirée. De plus, aucun chapitre ne vient scander le récit. De quoi resserrer l’action au plus juste, en un texte continu sans gras ni fioriture. D’ailleurs, la couverture originelle indique qu’il s’agit d’une novella – tout s’explique… Selon son site, Goodkind les publie au rythme d’une novella tous les trois mois. Un rythme plutôt original.
Cette brièveté n’empêche pas Goodkind d’explorer en finesse des thèmes qu’il revisite de façon intéressante. Prenez son utilisation du motif du poison, qui est un piège autant qu’une attaque directe sur la personne infectée, si l’on en croit les explications de Shale, une jeune femme venue rendre hommage aux deux dirigeants (mais avec un agenda caché) :
« Le poison dont je t’ai parlé… Pendant l’attaque, les griffes ont infecté ta femme. Grâce à mon don de guérisseuse, je peux voir ce qui se passe dans une personne dont je m’occupe. C’est difficile à expliquer, mais j’ai su que ton don avait un effet négatif sur ce poison. J’ignore si c’est voulu, ou s’il s’agit d’une simple incompatibilité. Comme entre l’eau et l’huile, en quelque sorte… Si je ne t’avais pas arrêté, la Mère Inquisitrice aurait souffert avant de rendre l’âme – quelque temps après toi, cependant. »
Kahlan, en voulant faire parler Nolo par son pouvoir de Mère Inquisitrice, a ouvert elle-même la porte au poison. Un poison presque vivant, qui n’attendait que l’intervention de Richard pour leur ôter la vie à tous deux :
« Quand j’ai sondé les blessures de Kahlan, j’ai senti ton don qui se diffusait en elle, et capté la présence d’une entité malveillante le guettant comme une proie. Ton pouvoir attirait ce monstre, seigneur Rahl. Si tu n’avais pas rompu le lien, la créature s’en serait servie pour s’introduire en toi et te tuer aussi sûrement que la morsure d’un serpent. »
Richard, homme simple devenu Sourcier de vérité et seigneur du royaume de D’Hara, pensait pouvoir profiter de la paix durement acquise pour son peuple. La Déesse d’Or semble en avoir décidé autrement. S’engage alors un jeu de chat et de souris avec cette étrange créature d’une autre dimension, déroutée par la magie dont Richard est un maître, et avide de conquêtes et de destructions.
Quant à “l’homme griffonné”, il reste (littéralement) dans l’ombre pour le moment. Richard ne l’évoque que par métaphore (une métaphore plutôt bateau pour tout lecteur de fantasy/fantastique qui se respecte, mais qu’il faut replacer dans le contexte particulier du cycle de L’Épée de vérité) :
« Ce sont les monstres qui se cachent sous le lit, quand on est enfant… Les ombres qu’on aperçoit du coin de l’œil alors qu’on pense être seul dans une pièce… Les créatures qui nous glacent d’effroi alors qu’elles sont censées ne pas être là… Ces monstres qui nous paralysent de peur mais qu’on ne parvient jamais à distinguer vraiment. Moi, j’en ai eu l’occasion, parce que le temps s’était arrêté. Et j’ai tout de suite su de quoi il s’agissait. »
Du grand classique ? Certainement. Reste que Goodkind sait mener un récit et ajouter, çà et là, quelques épices intéressantes à une sauce assez convenue. On est simplement un peu sur sa faim au bout de ce court volume. Ce qui n’est pas, en soi, une mauvaise chose d’ailleurs. On aimerait simplement que les personnages principaux n’arborent pas des physiques aussi stéréotypés. Pourquoi la Mère Inquisitrice et la jeune Shale doivent-elles être d’une telle beauté et d’une minceur aussi “parfaite”, et Richard aussi musculeux ?
L’Homme griffonné – Les Enfants de D’Hara t. 1
Écrit par Terry Goodkind
Édité par Bragelonne