
Séries Series – Line of Duty (bilan de la saison 1)
Rediff’. Présentée cet après-midi à Série Series, Line of Duty est un polar nerveux, plutôt référencé, qui compte 5 épisodes de 52 minutes dans sa saison 1. Ecrite par Jed Mercurio et mettant en scène l’affrontement de deux policiers, elle parle de corruption, à tous les niveaux. Si nous avions été emballés par les deux premiers épisodes, qu’en est-il du reste de la saison ?
Steve Arnott est un policier de la brigade anti-terroriste. Lors d’une opération coup de poing, lui et son équipe font une erreur monumentale, la faute à un chiffre sur une porte mal accroché, et tuent un innocent. Si tous les autres se rangent à la version officielle réclamée par leurs supérieurs, Arnott dit la vérité… et perd son poste. Aujourd’hui recruté par la brigade anti-corruption, Arnott s’oppose à Tony Gates, superflic aux résultats incroyables.
Gates vient de remporter le prix du meilleur flic de l’année. Sa brigade est considérée par tous comme étant la plus efficace, la plus « sexy ». Sa méthode pour arriver à des pourcentages de résolution à peine pensables : choisir ses affaires. Gates a vu, récemment, revenir dans sa vie une ancienne amante, Jackie Laverty. Cette dernière lui demande de l’aide quand elle percute un passant avec sa voiture. Gates essaie de camoufler la situation.
Gates, partant de ce point, va s’enfoncer de plus en plus dans la compromission et la corruption. Il veut s’en sortir tout seul, et essaie de tout faire disparaître pour ne pas tomber. Mais voilà, plus il agit ainsi, plus il creuse sa propre tombe. Jackie Laverty s’avère être une femme manipulatrice, une meneuse pathologique. Gates, en essayant de nettoyer derrière elle, ne se rend pas compte qu’il se rend complice d’actions bien plus graves.
De son côté, Arnott le suit à la trace. D’abord convaincu que son chef à l’anti-corruption fait du zèle en s’attaquant à Gates, il va finalement se ranger à son camp, et agir à la limite du harcèlement avec lui. Arnott se convainc au fil du temps que Gates est corrompu, mais encore bien plus qu’ils ne l’imaginaient. L’affaire Laverty, Arnott va en avoir écho, et il va la résoudre tout seul dans son coin.
Il y a du Infernal Affairs dans Line of Duty. D’abord thématiquement, avec la corruption, et l’opposition de deux hommes à distance. Ensuite esthétiquement, avec ces couleurs bleutées dans les bureaux de la polices, ces flics bien habillés qui donnent une grande impression de respectabilité, de suivre un code d’honneur qui place le devoir au premier plan, et l’humain au second.
Il y a aussi du The Wire, avec le microcosme des dealers, le lieu où ils dealent. Du The Shield avec la façon dont Gates et son équipe sont perçus par le reste des forces de l’ordre, et la notion de « famille » que Gates y a instauré. Line of Duty est une œuvre consciente de ses références qui réussit pourtant à avoir sa propre identité.
Le duel Martin Compston-Lennie James est assez réussi, donnant lieu à quelques scènes savoureuses, à des confrontations de plus en plus étonnantes et riches. Vicky McClure (Kate Fleming) est assez hypnotisante, avec son look masculin et son regard bleu perçant.
Toujours dans la case « positif », il y a la façon dont est décrite la direction de la police, et leurs méthodes. Tout est bon pour cacher les mauvaises actions de la police, tout est bon pour gonfler les stats. Line of Duty raconte que Tony Gates n’est qu’un produit de cette politique du résultat.
On regrettera, dans la série, un sentiment de foutoir assez manifeste à mesure que la saison avance. Tout se mélange, tout finit dans une cacophonie assez pénible. Arnott prendra même des décisions assez surprenantes, pour le bien du retournement de situation facile, avant de revenir sur ses pas (le final assez ridicule et caliméroesque du troisième épisode).
Le final n’est pas aussi cathartique qu’on l’aurait rêvé. S’il prend une direction surprenante et assez intéressante, plusieurs points ne fonctionnent pas comme il le faudrait. Au sommet de tout ça, une scène ridicule où Gates laisse Arnott dans une situation très complexe avec des malfrats (qui ont vu Gates); Gates fait demi-tour et réussit, en faisant ça, à faire fuir les mêmes malfrats qui n’avaient pas peur de lui dix minutes plus tôt.

« Après les événements, l’officier Fleming décidera, en accord avec son coiffeur de se laisser pousser les cheveux. Depuis ce jour, elle n’a plus franchi les portes d’un salon… »
Line of Duty cède parfois à la facilité, aux raccourcis, et ne profite pas de ses 5 épisodes pour coucher une histoire plus simple, plus logique dans sa progression, plus satisfaisante dans son final. Elle nous offre même, dans ses dernières secondes, à des plans « histoire vraie » en collant des cartons explicatifs du destin des personnages. On appelle ça une faute de goût.
Attrayante, sexy et stylisée, Line of Duty finit par un peu tomber à plat dans ses derniers instants, et c’est bien dommage. Une saison 2 est prévue, qu’on espèrera mieux maîtrisée et construite.
LINE OF DUTY (Saison 1, BBC)
Ecrite par Jed Mercurio
Réalisée par David Caffrey et Douglas McKinnon
Avec Lennie James (DCI Tony Gates), Martin Compston (DS Steve Arnott), Vicky McClure (DC Kate Fleming), Gina McKee (Jackie Laverty), Neil Morrissey (DC Nigel Morton)