
Luigi’s Mansion 3 : l’esprit frappera trois fois
Bredouillant du bout des lèvres le nom de son frangin disparu, Luigi arpente une nouvelle fois des couloirs lugubres et hantés armé de son aspirateur fétiche, cette fois-ci à l’intérieur d’un hôtel aux nombreux étages qui réservent bien des surprises aux plus curieux. Bienvenue dans Luigi’s Mansion 3.
Cent Toads contre Fantômes
Et pourtant, cette histoire puait le guet-apens à plein nez : suite à une invitation mystérieuse pour siroter quelques cocktails sur la terrasse de cet hôtel, Mario, Luigi, Peach et trois Toads débarquent en mini-bus pour prendre un repos bien mérité. Les masques grossiers des grooms et le nom atypique de la tenancière des lieux éveilleront très vite les soupçons (Ambre Brusquade – géniale traduction VF), ne laisseront planer que peu de doute et amuseront le joueur curieux. Depuis le premier volet, on connaît d’avance le sort fatidique réservé aux proches de Luigi et ça ne rate pas : une fois encore, Mario, Peach et les Toads se font capturer et enlever, et ce sera au plus peureux d’entre eux d’aller les secourir.
Si les plus agacés d’entre vous se rappellent avec terreur l’omniprésence du Dr Karl Tastroff, interrompant la partie à n’importe quel moment dans le second opus, ils seront ravis d’apprendre que celui-ci est bien moins envahissant et vous laissera enfin le plaisir de frissonner en compagnie des nombreux fantômes de l’hôtel. La formule ne change pas mais casse sa structure de Metroidvania en utilisant les étages comme des niveaux. Chacun d’entre eux sera l’occasion de farfouiller de fond en comble toutes les salles pour récupérer les boutons de l’ascenseur et ainsi déverrouiller la suite de l’aventure. Si les cinq premiers étages sont plutôt classiques, s’inspirant de l’art déco pour orner les chambres et autres festivités d’un hôtel, le jeu sera bien plus généreux par la suite avec des étages à thèmes plus consistants et parfois surprenants, laissant de côté les codes les plus élémentaires de l’architecture. Luigi’s Mansion 3 se transforme alors en parc d’attraction, où le plaisir de la découverte du prochain étages est accentué par la multitude de secrets cachés dans le décor. Que ce soit un rideau à aspirer, un mur secret déclenché par un mécanisme rotatif ou des vrais chemins alternatifs, le titre regorge de petites énigmes à résoudre. On y retrouve avec bonheur le savoir-faire de Nintendo pour l’appel de l’exploration ludique souvent récompensée.
Pour pouvoir mener à bien sa mission, Luigi possède une version améliorée de son aspirateur fétiche. L’ElectroBlast (puisque c’est son nom) peut toujours aspirer tout ce qui l’entoure, aussi bien les napperons des tables que tous les petits objets qui ont le malheur d’être sur son passage. Les plus gros en revanche, resteront bloqués à l’embouchure de l’aspirateur jusqu’à ce que Luigi décide de les envoyer valdinguer dans le décor, pouvant même parfois révéler quelques secrets. En plus de la classique aspiration, on pourra à l’inverse souffler de l’air pour activer certains mécanismes ou donner une petite impulsion qui aura pour effet de projeter le plombier dans les airs, pratique pour se dépêtrer d’un fantôme trop collant. Nouveauté de cet opus, la ventouse cordée peut être fixée sur une surface plate avant d’être saisie avec votre aspirateur, projetant ainsi violemment l’objet accroché contre le sol pour débloquer certains passages. Ça vaut aussi pour les fantômes eux-mêmes qui pourront être valdinguer tout autour du plombier moustachu pour accentuer les dégâts, voire même toucher les ennemis voisins s’ils sont suffisamment proches. Mine de rien, ça rend les combats bien plus dynamiques qu’à l’accoutumée au lieu de simplement les aspirer pour faire baisser leurs points de vie.
Aspire à tord et à travers
L’autre ajout, c’est la présence de Gluigi, une version « slime » de Luigi dénué de toute émotion, mais capable des mêmes prouesses que l’original, tant qu’il ne se retrouve pas en contact d’un quelconque liquide, sous peine de se désagréger. Pour compenser ce point faible, il pourra passer à travers grilles et barreaux afin de débloquer des portes ou récupérer des clés que Luigi ne pourrait pas atteindre. Cerise sur le gâteau, Gluigi est totalement contrôlable par un second joueur, ce qui sera plutôt utile face à un ou deux boss qui demandera de switcher régulièrement entre les deux. Une tâche parfois délicate quand le boss en question ne fait aucune distinction et laisse très peu de répit. Un défaut qui reste minime, surtout quand le jeu use à merveilles de ces nouvelles mécaniques. Des mécaniques que l’on retrouve dans une grande galerie de boss, probablement l’un des points forts du titre puisqu’ils seront au centre des niveaux. Chacun possède son style, sa petite histoire et on aurait aimé encore plus de fantaisie dans les fantômes de bases, déclinés en à peine quelques variantes, mais qui arrivent à se rattraper par des animations assez fantastiques. Les petites mimiques de Luigi jouent ainsi beaucoup sur le charme du jeu.
Après un passage sur console portable avec le second opus, le retour de la saga sur une manette à deux sticks permet enfin de bénéficier d’une jouabilité digne de ce nom. Si ce Luigi’s Mansion 3 profite du motion control de la Switch pour ajuster la visée, elle pose néanmoins quelques problèmes de précision, surtout face à certains boss qui demanderont d’être assez réactifs. L’utilisation de certains outils comme la lampe permettent le déplacement en strafant face à son adversaire tant que vous gardez la touche appuyée, mais on aurait grandement apprécié une option de base pour l’utiliser avec tous les outils. La caméra fixe et la vue particulière du jeu demande parfois une sacrée coordination pour viser correctement là où on veut, surtout quand l’action devient plus rapide que d’habitude, et ce même si le jeu est relativement permissif sur les tirs de ventouse.
Enfin, dans un souci d’amener plus de joueurs à tester son titre, Nintendo a ajouté plusieurs modes multijoueurs pour venir se fritter entre chasseurs de fantômes. En dehors des trois modes compétitifs proposant de pourchasser les ectoplasmes dans un cimetière ou de se tirer dessus au canon (rigolos mais pas très poussés), le mode Tour Hantée, jouable en local à 2 et/ou en ligne, permet à plusieurs équipes de collaborer pour nettoyer plusieurs étages de ses habitants d’infortune. On peut monter jusqu’à quatre équipes différentes, et si chaque joueur apporte son Gluigi sur son canapé, le total de chasseurs peut grimper jusqu’à 8. Un nombre élevé mais qui étonnamment tient très bien la route même si un minimum de communication est nécessaire. On regrette le manque d’explications sur certaines mécaniques coopératives que l’on découvre un peu à la dure, surtout quand le compte à rebours est aussi strict puisque procédural oblige, chaque partie est différente et il est quasi obligatoire de fouiller tous les étages pour remplir la mission. Autant dire qu’à deux joueurs (puisque le jeu n’adapte pas sa difficulté), la Tour Hantée risque de vous poser quelques problèmes.
Si Luigi’s Mansion 2 trahissait sa licence en sacrifiant le confort de gameplay sur l’autel de la plate-forme portable, le troisième du nom ne pose plus ce genre de problème grâce à une console adaptée en toutes circonstances. Et pour couronner le tout, ce Luigi’s Mansion 3 débarque avec une aventure enfin digne de ce nom, somptueuse en tout point, inventive et d’une variété folle. Un vrai plaisir pour tous les amateurs de mystères et d’exploration, qui permet enfin à la saga de trouver sa place d’honneur et de ne plus être dans l’ombre de son grand frère. Malgré quelques menus défauts rapidement oubliés, Luigi’s Mansion 3 devient l’un des titres phares de la Nintendo Switch de cette fin d’année.
Luigi’s Mansion 3
Développeur: Next Level Games
Éditeur: Nintendo
Prix: 60 euros
Plate-formes: Nintendo Switch