
Accident Industriel (MacGyver / CBS)
CBS dépoussière l’homme au couteau suisse dans une version rajeunie et s’offre un joli accident industriel. La production compliquée n’y est pas étrangère mais le résultat dépasse de loin les plus mauvais augures.

@CBS
La question n’a pas de sens, mais on ne peut s’empêcher de la poser et même d’y répondre : quel intérêt y a-t-il à produire un remake de MacGyver ? Celui de voir le retour d’un héros positif dans une période qui a célébré des antihéros. Voilà pour la théorie. En pratique, c’est la genèse d’un accident industriel à coup de pilote accepté puis refusé donc retourné pour un résultat pas tout à fait à la hauteur des attentes. Le genre de faux départ qui condamne le plus souvent la série (sauf exception). Et pour une fois, les bruits de couloir et autres messes basses n’ont pas menti. MacGyver circa 2016 est une catastrophe, du genre qui éclabousse et en fout partout.
Si certains remakes ou adaptations retravaillent les motifs initiaux comme une obsession, d’autres choisissent de s’écarter de leur modèle, fuyant le mimétisme comme la peste. MacGyver privilégie la seconde option. De la série originale, elle ne conserve que l’habileté du personnage et le couteau suisse (gimmick absolu). Un travail d’équarrissage qui détruit, jusqu’à la philosophie même de son modèle. On n’est plus dans le « refaire » ou « faire à nouveau » mais dans une entreprise de démolition, une récupération mercantile qui trahit sans comprendre, piétinant les souvenirs d’une série qui aura marqué une génération. Si MacGyver (le vieux) est mort, son fantôme hante chaque plan de sa version 2016. Et c’est la pire chose qui pouvait arriver : être incapable de conjurer les souvenirs et les laisser s’installer sans les bousculer. Il n’y a pas cohabitation mais une lutte permanente où chaque série se dresse l’une contre l’autre. Et comme dans toutes les guerres, ce sont les civils (ou spectateurs) les première victimes.

@CBS
Entre les non-sens (MacGyver tue, indirectement mais il tue), l’ambiance générale qui fait davantage penser à Alias et une direction artistique catastrophique (du générique aux incrustations de textes à l’écran en passant par des fonds verts dégueulasses), le pilote devient toxique. Au-delà même des notions de remakes ou reboots, l’épisode accumule les fautes de goûts, les incohérences, s’empêtre dans un climat usé et vétuste malgré l’énergie déployée pour paraître moderne.
Ce pilote à la gestation douloureuse est un crash-test. Le genre d’essai que l’on pratique à l’abri des regards pour observer le comportement de la série. On peut penser que l’on a eu le privilège d’assister en direct à une telle expérience et attendre un deuxième puis troisième épisode pour voir les changements effectués ; ou lire dans ce pilote la phrase qui orne la porte des enfers : « Toi qui entre ici, abandonne tout espoir. » (La Divine Comédie de Dante).
Écrit par Peter Lenkov
Réalisé par James Wan
Avec : Lucas Till (Angus MacGyver), George Eads (Jack Dalton), Justin Hires (Wilt Bozer), Sandrine Holt (Patricia Thornton), Tristin Mays (Riley Davis),…
Bon on en n’attendait pas grand chose de ce truc de toute façon, non ?
Merci pour ton sacrifice ! 🙂
(petite coquille : « Travaille » au lieu de « Travail »)
Vu que j’en attendais rien je ne suis pas vraiment déçu, mais il est clair que l’essence de la série est partie en fumée…
Cela dit, quand on voit les images du premier pilote on remarque que, même si ça avait l’air encore plus naze, cette essence semblait être bien plus respectée, ce qui aurait du mettre la puce à l’oreille des décideurs sur le fait que quoi qu’il arrive: c’était une mauvaise idée.
En effet, je ne pense pas qu’on puisse créer(ou re-créer) un héros en recyclant autant de modèles établis sans une seule idée fraîche.
Le carton d’audience est un succès de curiosité, attendons de voir la suite…
Même la série originale avait du évoluer, en passant de la mission de la semaine aux aventures ne tournant plus qu’autour de lui et de ses amis, mais ici, c’est vrai, on part de très bas.
On ne peut plus d’accord avec Guillaume. Ce remake vomit carrément sur son modèle à chaque plan de l’épisode. Le personnage si attentif à préserver la vie devient un tueur sans aucune conscience, le MacGyver ultra modeste devenu un agent par accident devient ici un type tellement prétentieux que tu as envie de lui péter les dents (je suis le meilleur du monde, je bosse pour la meilleure du monde avec les meilleurs du monde pour l’organisation la meilleure du monde, c’est insupportable !!!), et jusqu’au prénom de MacGyver qui n’est révélé que dans le dernier épisode de la précédente série et qui l’est ici dans les premières minutes. Dans un autre contexte, ça pourrait être un clin d’oeil, ici c’est juste une trahison de plus… Je passe sur le scénario ridicule qui copie sur Leverage en oubliant d’en avoir l’intelligence ou le style super moderne mais sans aucune qualité de mise en scène qui achève de faire de ce pilote un pur n’importe quoi/ Bref 45 minutes d’abomination pure. Tant qu’à faire de garder l’image du générique, ils auraient du garder la musique, ça aurait fait au moins un truc positif…
La nostalgie vous égare. La série originale n’a jamais été une bonne série. Pas plus que « Agence tous risques », Magnum, et toutes ces séries débilitantes des années 80/90. Mais la mémoire s’accommode facilement de la médiocrité d’avant en décriant d’autant plus celle d’aujourd’hui. Donc oui la question est bien posée : Pourquoi un mauvais remake d’une mauvaise série ?
C’est nimporte quoi: les séries que tu cites étaient tout à fait au standard de qualité de l’époque de leur sortie. Qu’elles paraissent kitsch ou légères aujourd’hui c’est normal, Urgences, X-Files et 24 sont passées par là depuis. Une série doit s’inscrire dans son époque, le fait est que ce remake échoue à le faire.