
Re-Anime: Ninja Scroll (de Yoshiaki Kawajiri)
Déjà 22 ans! Ce classique de la japanimation et des films de sabres sous stéroïdes, a déjà 22 ans. C’est le bel âge et le re-visionnage de Ninja Scroll a plutôt tendance à le confirmer. Visuellement, ça a très bien vieilli et niveau récit, c’est basique mais efficace. Par contre, attention, ça tâche! Je préfère vous prévenir…
Suite à une épidémie dans un village voisin, Kagero, une jeune femme ninja part en mission avec un groupe de son clan mais en chemin, ils se font prendre en embuscade et tout ses coéquipiers se font éviscérer, décapiter ou déchirer en deux. Le ton est assez vite donné, ça tranche dans tout les sens et le sang gicle par hectolitre. Cette représentation ultra-graphique et décomplexée de la violence est une caractéristique de la japanim des années 80 et début des années 90 de même que celle du sexe. Kagero se retrouve alors à la merci des mains baladeuses de l’immonde Tessaï, l’un des huit démons de Kimon menés par Gimma mais par chance, Jubei Kibagami, un rônin solitaire qui se trouve là, lui sauve la vie. S’en suit tout un tas de scènes de baston musclées contre les démons. Point barre.
L’histoire du shogunat de l’ombre, la confrontation entre les ennemis de toujours, Jubei et Gimma, tout ça est prétexte à des scènes de fight stylisées et qui, il faut le dire, n’ont pas vieillit. Le trait est appuyé et agressif, l’animation est fluide et la réalisation de Yoshiaki Kawajiri (Manie Manie, X, Animatrix) est efficace et nerveuse. Ce qui est le plus surprenant, c’est de voir à quel point Ninja Scroll a marqué l’animation japonaise. On sent que des titres comme Samurai Champloo, Afro Samurai ou encore Sword of the Stranger lui doivent pas mal. Ce chambara bodybuildé a posé les bases d’une certaine forme de coolitude trashy. Maintenant, faut pas être non plus ultra-exigeant sur le fond. Les personnages ont une caractérisation sommaire, les méchants sont très méchants et cruels, même entre eux, le héros est valeureux et balèze, la jeune femme en tombe amoureuse et en prime, on a droit à un petit vieux avec sa longue barbichette en mode sensei. Classique, basique mais ça marche et ce doux parfum des 90’s n’y est certainement pas pour rien.
C’est plutôt drôle de constater que Ninja Scroll concentre tout ce que certains pouvaient reprocher à l’animation nippone à cette période. De l’érotisme, un brin de perversion, de grosses gerbes de sang, un graphisme et une animation agressive, bref il remplit le cahier des charges, tant est si bien qu’une version censurée vit le jour en VHS. Faut dire que voir un type se faire fracasser le crâne par terre, à coups de boule, ça peut laisser des marques. Encore que… N’empêche que c’est peut-être à cause de Ninja Scroll que le Club Dorothée s’est arrêté! Et ouais! Vous y aviez pensé à ça…?! Quoiqu’il en soit, on peut dire qu’à 22 ans, il se porte plutôt bien. Toujours aussi basique, bourrin et archétypal, le film de Yoshiaki Kawajiri nous ramène à une époque où l’animation était plus libre, plus couillue et moins normalisée et c’est déjà pas mal.
Ninja Scroll de Yoshiaki Kawajiri (1993) – Madhouse
Je l’ai vu pour la première fois il y a pas longtemps, et je suis complètement d’accord avec toi: derrière cette débauche de violence graphique, de combat et de sexe (par moments il ne faut pas exagérer..) se dégage un sentiment de libertén voire même de légère subversion.. Surtout aujourd’hui, où le haut de l’affiche de la japanimation est trusté par des clones souvent mièvres et aseptisés des studios ghibli.
Moi je lui mettrais au moins quatre boules, voire quatre et demi rien que pour l’animation qui met à l’amende quantité d’animés relous contemporains.
Un classique que je revois toujours avec plaisir. J’adorerais que quelqu’un s’attelle à une version live de cette bombinette…