Avant-première : Main Courante (saison 1)

Avant-première : Main Courante (saison 1)

Le 16 novembre, un nouveau polar débarque sur France 2. Encore ? Oui. Avec un angle intéressant ? Oui. Mais aussi plusieurs éléments qui plombent l’ensemble. Explications.

France 2 et les séries policières, c’est une longue histoire. Avec des projets qui ont duré (PJ, La Crim, Central Nuit) et pas mal d’autres qui ont fini dans le mur (Antigone 34 et le très décevant Trafics sont les derniers en date).

Vendredi prochain, vous verrez débarquer Main Courante. Rien à voir avec un spin off tricolore mettant en scène des enquêtes de La Chose, la main (très) baladeuse de La Famille Addams : imaginée par Marie Guilmineau, la série zoome sur la vie dans un commissariat sur la banlieue de Nantes, et raconte des histoires qui se croisent et décroisent sans cesse, de l’accueil aux salles d’interrogatoire.

Le moteur du récit, ce sont toutes les petites choses du quotidien qui poussent les gens à passer la porte d’entrée. Les plaintes déposées -les fameuses mains courantes- pour des tracas dérisoires (parfois) ou des faits de violence plus ou moins ordinaires (souvent). L’objectif ? Raconter entre quatre murs comment fonctionne une société en plus ou moins mauvais état de marche. Et décrire l’escalade qui peut quelques fois conduire au drame.

Sur le papier, le projet est assez excitant. Il est porté par Mandarin Télévision (une émanation de Mandarin Films, qui a notamment produit les excellents OSS 117 de Michel Hazanavicius pour le cinéma) et la créatrice de la série explique qu’elle a pensé à Urgences au moment de le concevoir. Forcément, ça interpelle.

  Oui mais voilà : lorsque l’on convoque une référence aussi prestigieuse, on se retrouve dans la situation du lanceur de boomerang qui envoie son objet volant très fort en se demandant comment il va revenir. Malheureusement, si l’on considère ici la question sous plusieurs angles, l’engin revient à toute vitesse.

Tel qu’il est initialement décrit, tel qu’il est lancé dans le premier épisode, le projet de Main Courante impose une rigueur de ton qui doit cadrer l’histoire. La série ayant incontestablement une dimension humaine marquée, elle doit brasser une quantité d’intrigues prenantes. Souvent fortes, quelques fois dures, parfois drôles.

Le problème, c’est que le récit a souvent du mal à trouver ses marques pour équilibrer moments lourds et instants légers. Clairement, dès que la série force le passage pour proposer des instants qui doivent faire sourire, ça tombe à plat. Très souvent. Et cela met méchamment en péril tout le projet. Tout le temps.

Cette inconstance est d’autant plus regrettable que, lorsque Main Courante s’attache au cœur de son sujet, elle fait mouche plusieurs fois.  Mais là aussi de façon irrégulière.

La raison ? Les principaux protagonistes ont trop souvent des réactions excessives, ce qui les rend peu crédibles. C’est un peu comme s’ils étaient des « personnages fonction » : Kreusky, l’héroïne, est toujours en colère ; Sam, un de ses lieutenants, est celui qui doit faire rire ; Karine, l’autre lieutenant, fait la gueule trois minutes sur quatre… ils manquent souvent de subtilité (ce qui se traduit d’abord dans les dialogues) et peuvent agacer franchement. Ce serait une bonne chose si cela les rendait foncièrement attachants mais ce n’est pas le cas.

Résultats des courses : l’ensemble paraît vraiment déséquilibré. Et maladroit : un arc qui court sur les quatre premiers épisodes trouve ainsi sa conclusion au détour d’une pirouette impliquant une scène gratuite, presque « téléguidée ».  Des défauts présents dans un certain nombre de séries françaises et dans lesquels Main Courante s’empêtre parfois méchamment au fil du temps.

En définitive, les quatre premiers épisodes se révèlent frustrants. Parce qu’il ne fait aucun doute, en écoutant Marie Guilmineau parler de son projet, qu’elle aime la télévision ; qu’elle est sincère dans sa démarche. Parce que la mise en scène de Jean-Marc Therin est dynamique aussi. Parce que certaines idées sont bonnes (le personnage du capitaine Cliquot est intéressant).

Mais le constat est là : les quatre premiers épisodes paraissent trop bancals pour séduire. On est loin d’une production qui aurait l’esprit d’Urgences (Au passage on aurait surkiffé que l’on nous parle de Hill Street Blues à la place, parce que c’était là, la véritable référence. Mais bon…)

La série a-t-elle les moyens de se focaliser sur ses points forts pour rassembler suffisamment de public et durer ? A voir. Mais comme on l’envoie au casse-pipe du vendredi soir face à Koh Lanta et NCIS, pas sûr qu’elle en ait le temps…

MAIN COURANTE

Saison 1 (France 2)

Créée par Marie Guilmineau

Avec Marie Bunel (Kreusky), Jean-Baptiste Puech (Sam), Juliette Navis (Karine), Michael Vander-Meiren (Cliquot), Leslie Lipkins (Manon), Benjamin Egner (Mercier).

Les deux premiers épisodes seront diffusés vendredi 16 novembre.

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