
Music Mini Review : Marduk – Frontschwein (Century Media)
Avec Frontschwein, Marduk donne une suite à son mythique Panzer Division Marduk, concept album autour de la Seconde Guerre mondiale caractérisée par l’utilisation permanente de blast beat. Huit titres pour trente minutes de violence pure dont l’écoute intégrale laisse souvent l’auditeur le souffle court, lessivé devant la charge de la musique. Un geste fort, radical, exigeant qui plaçait peut-être un point final à l’exercice de la violence dans sa plus simple expression. Forcément, Frontschwein n’allait pas faire dans la redite et offre un paysage musicale plus versatile mais pour un but commun : l’expression musicale de la guerre.
Si l’album s’appelle et s’ouvre par Frontschwein, ce n’est pas un hasard. Une façon de mettre l’auditeur dans la position de ces « porcs » au front, les petits soldats balancés au devant de la bataille comme de la vulgaire chair à canon. Il y a toujours eu, chez Marduk, une propension à faire subir leur musique comme si la violence s’accordait mieux avec une position inconfortable. Le titre éponyme déverse ainsi ses blast beats déflagrateurs avec une poigne de fer, implacable et primaire dans sa façon vindicative de contrôler sa violence. Elle intervient par vagues successives comme autant de charges militaires lancées sur l’ennemi. Seulement Frontschwein n’est pas que brutalité. Il varie les rythmes afin d’écorcher l’auditeur sonné par une charge violente. L’album est ainsi construit comme Serpent Sermon, selon un mode parfois binaire du morceau rapide suivi d’un mid tempo. Une construction un peu rigide qui permet d’anticiper les atmosphères.
Frontschwein sent la mort, la brutalité de la guerre dans son infamie la plus évidente. Si Panzer Division Marduk célébrait la puissance de déflagration d’instruments de guerre par la métaphore simpliste, Frontschwein entend puiser de façon plus vaste dans le champ lexical. Lourd et métallique comme le lanceur de brouillard dans le doom Nebelwerfer, le riff sec et exécuteur de Afrika figurant les Afrikakorps ou la lourdeur des chars panzer dans 503, suite inversée de 502 (in Panzer Division Marduk). Il y a une vraie réflexion autour de la fascination qu’exerce la seconde guerre mondiale sur Morgan, une recherche d’ambiance, bien aidé par les capacités oscillatoires de Mortuus. L’homme partage le contrôle des opérations avec les riffs acérés du guitariste. Son chant tout en relief expose la violence et embrase chaque morceau. Il possède l’emphase du discours guerrier grâce à une vraie profondeur tout comme il peut s’avérer expéditeur par un débit quasi inhumain.
Le nouvel opus de Marduk maîtrise son sujet sur le bout des doigts. C’est peut-être aussi ses limites. Peu de surprises sinon celles d’un travail bien fait qui raviront les fans sans convaincre les réticents. Marduk pratique l’évolution dans l’immobilisme. Il ne reproduit jamais le même album mais ne dévie pas d’une ligne directrice imposée depuis vingt ans déjà. On trouvera néanmoins salvateur la venue de Mortuus qui aura bousculé un peu les habitudes en important quelques motifs personnels que l’on retrouvait dans Funeral Mist. Et il suffit d’écouter les deux derniers morceaux de l’album, 503 et Thousand-Fold Death, pour se convaincre qu’il est le chanteur parfait pour Marduk.