
Marseille Web Fest (Journée 2 – Samedi 18 octobre)
Petit frère du L.A. Web Fest, le Marseille Web Fest est le festival international de web série de fiction de Marseille, deux jours de conférences et projections de web séries pour les pros et les autres, pour notre plus grand plaisir. Résumé du deuxième (et dernier) jour.
Au programme : les web séries Parallels (USA), The Ropes (USA), Guidestones : Sunflower Noir (Canada) et la conférence « La web série, format d’avenir ? ».
Parallels : Ronan est un freefighter paumé. Suite à un message énigmatique de son père sur son répondeur, il part à sa recherche accompagné de sa sœur, Beatrix, et de leur voisin Harry. Le message les conduit vers un bâtiment désaffecté qui est en fait un accès vers des mondes parallèles.
Le concept rappelle immanquablement aux trentenaires la série Sliders. Pourtant l’ambiance bien plus sombre dès les premières minutes apporte à cette web série un vrai air de nouveauté. Le premier épisode prend le temps de présenter son personnage principal, Ronan et m’a complètement laissée sur ma faim. Si les trois héros partent à la découverte de mondes parallèles au nôtre, moi je pars immédiatement à la recherche de la suite.
The Ropes : Basée sur l’expérience de Vin Diesel, The Ropes raconte la vie mouvementée des videurs d’une boîte de nuit aux États-Unis. Martin voit son destin transformé après avoir accepté un emploi de videur. Très vite, il fait la connaissance de Big Vic, une légende dans le monde de la sécurité qui se flatte d’être aussi l’incarnation d’un guerrier et un homme à femmes. Mais bientôt, Martin se lie d’amitié avec Les, un autre videur aux méthodes peu scrupuleuses. Entraîné dans son univers, il plonge alors dans un monde de violence et de perdition…
Voilà une belle plongée dans un microcosme plein de personnages aux caractères aussi différents que bien trempés. La réalisation très rapprochée immerge dans la série et dans son propos : que se passe-t-il quand ceux qui contrôlent perdent le contrôle d’eux-mêmes ? Les acteurs ne sont pas tous parfaits mais l’ambiance globale où la violence éclate dans des petits espaces, à grands renforts de ralentis, laisse une impression étouffante pas désagréable.
Guidestones : Sunflower Noir : La web série Guidestones est une ARG (Alternate Reality Game) qui suit le destin de Sandy Rai, apprentie journaliste, dans sa course pour échapper à son passé et à une organisation conspirationniste qui veut s’en prendre à toute l’humanité.
Je n’ai pas eu l’occasion de profiter pleinement du côté interactif de la web série. Dans sa version linéaire, la série joue sur les non-dits. Et la diffusion de deux épisodes non consécutifs de la saison 2 pour un festival n’aide pas à s’intéresser à l’intrigue et aux personnages. La série prend son temps pour imposer une ambiance mais abuse gravement de musiques horlogères (vous savez une musique d’ambiance avec un petit rythme qui fait penser à une trotteuse d’horloge) pour faire monter la tension. Ça donne un suspense complètement artificiel qui devient rapidement pénible quand on n’a pas les clefs pour entrer dans l’histoire de ce mystère mystérieux.
La conférence « La web série, format d’avenir ? » avait de nombreux intervenants : Milicent Monyo (An African City), Rose of Dolls et Olivier Mend (Gifted Corporation), Ana Ramón Rubio (Sin Vida Propia), Alexandre Pfander (Mission Back Up), Francesco Mazza (Vera Bes), Christian Fonnesbech (Cloud Chamber), Peter Hyoguchi (The New Kind), Steve Froehlich (Blood Brothers) et Jeroen Koopman (Max & Billy).
Voici cinq réflexions de participants à la conférence qui m’ont marquée en réponse à la question : La web série, un format d’avenir ?
Ana Ramón Rubio (Sin Vida Propia) était très positive et enthousiaste quant à l’avenir : notre génération est celle de la démocratisation de la production et de la diffusion. Les créations web s’affranchissent du bon vouloir des maisons de production et des diffuseurs. L’avenir des web séries sera donc le foisonnement de projets toujours plus libres, toujours plus fous.
Francesco Mazza (Vera Bes) relativise : l’avenir des web séries est encore très différent selon les pays, car il dépend encore des possibilités de diffusion. En Italie, 60% des gens n’ont pas accès à la 4G et à l’internet haut débit et plus de 30% des Italiens n’ont pas accès à internet. Quand la question de l’arrivée Netflix sur le marché italien a été posée au CEO de Netflix, sa réponse était un rire. Pour moi, la réponse à l’avenir des web séries sera dépendant de l’évolution du broadcasting.
Pour Milicent Monyo (An African City), les web séries sont une chance de briser les frontières : passer par un diffuseur ghanéen aurait fait de An African City une série exclusivement ghanéenne et ce n’était pas ce que nous voulions. Nous voulions que la série soit visible à travers le continent africain et à travers le monde. Et la web série est le parfait format pour ça.
Pour Christian Fonnesbech (Cloud Chamber), l’évolution pourrait être assez fondamentale, sur la structure même du format sériel : l’avenir des web séries sera le développement de modes narratifs vraiment propres à l’outil. Il intégrera de plus en plus les réseaux sociaux et une part active pour l’internaute. La lecture d’une œuvre pourra se faire en naviguant dans une œuvre plutôt que de la suivre passivement de façon linéaire.
Il précise tout de même par la suite que cette pensée s’adresse pour l’instant à un public de niche et que le transmédia est, selon lui, malheureusement vite récupéré pour être plus un outil de marketing que de création pure.
Rose of Dolls (Gifted Corporation), elle, se demande : maintenant que les web séries commencent à devenir le terrain de jeu de sociétés de production avec des moyens, quel va être le nouveau format indépendant qui va prendre le relais ?