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MINI MOVIE REVIEW : critique de Sicario

MINI MOVIE REVIEW : critique de Sicario

Docteur No octobre 06, 2015 CINÉMA, Le cabinet du Dr No

Note de l'auteur

La guerre contre la drogue. Contre ces narcotrafiquants tarés hyperviolents venus (ici, comme souvent) du Mexique… Une guerre perdue d’avance. Une guerre qui met en péril l’humanité même de ses belligérants. Denis Villeneuve, le maniériste viscéral canadien, nous propulse sur une autre planète. Une planète de terreur pure. Oppressante… Étouffante… Suffocante… Sépulcrale… Une planète infernale où le salut n’existe pas… N’existe plus… La Terre !
Une fliquette/badass/idéaliste/bombasse de la police du FBI des USA (la fantastique Emily Blunt) s’embarque pour un voyage trouble et barbouzard au cœur des ténèbres, dans l’antre de la folie de cette guerre totale. Un voyage traumatique qui va remuer ses tripes et ses convictions un poil naïves voire clichetonneuses.
Après le magistral Traffic de Soderbergh et l’arnaque clinquante Cartel de Ridley Scott (sans oublié No Country for Old Men ou End of Watch), Denis Villeneuve nous plonge dans l’horreur des cartels mexicains… Jamais l’angoisse et l’oppression permanente (à en devenir dingue) n’auront été aussi bien décrites. Malheureusement, après une première partie proprement prodigieuse (se concluant sur un gunfight d’anthologie à la frontière pendant une extraction blindée de narco), Villeneuve et son style ampoulé tournent un peu en rond, la faute à une intrigue trop linéaire. Mais, en parvenant à maintenir cette sensation de peur incessante, Sicario transcende son statut de série B de luxe pour se métamorphoser en portrait bouleversant de deux pays maudits (les USA et le Mexique) et en conte (im)moral nihiliste où le moindre souffle d’humanité se retrouve broyé par cette putain de saloperie de raison d’état, qui justifie les pires compromissions… Villeneuve abandonne le réalisme pour s’adonner à l’expérimentation formelle viscérale… Les plans langoureux et tétanisants s’enchaînent, soutenus par une musique anxiogène signé Jóhann Jóhannsson qui vous cloue au siège. Une anthropologie de la saloperie humaine, un bad trip à la fois répugnant et ensorcelant…