Mini Music Review : Crazy Town, The Brimstone Sluggers (Membran)

Mini Music Review : Crazy Town, The Brimstone Sluggers (Membran)

Note de l'auteur

Parmi les come-backs qu’on n’attendait plus parce qu’on ne les demandait pas, voici revenir les Californiens de Crazy Town. Mais si, vous devez peut-être avoir le CD 2 titres de Butterfly dans votre chambre. Vous vous sentez vieux/vieilles, tout d’un coup ? Pas autant qu’à l’écoute de ce troisième opus, le premier en 13 ans. Il semble qu’Epic et Shifty n’aient jamais vraiment pensé que la formule du rap-rock reste une mauvaise idée en 2015, ce qui rend The Brimstone Sluggers instantanément datés dès les premiers morceaux. Surtout, on ne sait jamais à qui s’adressent ces nouveaux couplets – et complaintes – de b-boys de quartiers pavillonnaires : des frat boys totalement torchés (qui préféreront finir de cuver dans leur décapotable sur du Tiësto) ou des ados du Midwest en pleine crise d’acné (sauf qu’ils ne trouveraient pas le chemin du Soundcloud du groupe même si leur boîte de spam était inondée de liens) ?

« May the bridges I’ve burned light the way », scandent-ils à l’unisson. Sauf que l’écoute de The Brimstone Sluggers confirme qu’ils sont moins des parias que des papys prompts à se tirer une balle dans le pied. Born to Raise Hell leur attirera sans doute plus de problèmes avec Imagine Dragons qu’avec l’auditeur ricanant du plagiat sonore. L’album, même s’il est d’une qualité professionnelle, s’enlise dans de la soupe pop consensuelle avec un guest féminin en faire-valoir sur deux titres. Qui eût cru que l’absence de Skylar Grey se fasse sentir dans ce genre ? Certainement pas l’auteur de ces lignes.

Crazy Town accumule les punchlines fauchées et les acrobaties en souffrant d’arthrose : « Ride the beat like a Metro bus », « To the rappers, spit ’em out like I’m from Wrigley’s », j’en passe et des pires. Entre des refrains peu inspirés susurrant « I need a little more time » (pour avoir de meilleures compositions ?), on a la terrible impression que le fisc californien colle à la peau de Crazy Town, et que cet album est celui de la dernière chance. Alors que beaucoup de leurs confrères approuvés par le MTV du début des années 2000 se sont embourbés sous le poids des années (Sugar Ray, Smash Mouth, etc.), les balles à blanc de The Brimstone Sluggers sont le signe certain d’une banqueroute artistique. Moins prétentieux que mort-vivant, c’est aussi un des fiascos soniques les plus jouissifs de l’année, un guilty pleasure qui met encore plus de distance avec les expérimentations stylistiques très périssables de la fin des 90’s. Chant du cygne d’artistes qui regardent derrière eux, condamnés à se donner la réplique sur des morceaux moyennement plaisants mais stériles comme West Coast.

Play It : The Keys (feat.Madchild) (pour 90 secondes)

Skip It : Vous pouvez tout jouer si vous avez des Dafalgan presque périmés dans votre placard.

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