
Mini Music Review : Kimbra, The Golden Echo (Warner Bros.)
Après son album très bien accueilli Vows en 2011, ressorti aux Etats-Unis en 2012 agrémenté de singles plus pop, la Néozélandaise Kimbra s’était faite discrète et a fait un exil à Los Angeles, répondant à ses velléités de pop star internationale et exigeante. Et les fins connaisseurs de pop attendaient au tournant celle qui est plus connue comme la voix féminine de « Somebody I Used To Know ». The Golden Echo est une suite encore plus aventureuse et obstinée aux esquisses jazzy et aux mélanges bourrus de Vows.
Dès les premières notes, ce qui saute à la gueule, c’est le fun et l’ambiance dans laquelle ont été conçues The Golden Echo. L’expérience du live de Kimbra l’a poussée à trouver des compositions qui puissent assurer sur scène, et de son propre aveu, elle n’a jamais été aussi impliquée dans la production que sur cet album. Sa voix haut perchée n’a aucun mal à traverser le single 90’s Music, ou un mélange improbable de Diplo (ou son pastiche) avec des incursions de noise rock et un refrain imparable. Et le meilleur, c’est que cela ne ressemble à aucun autre titre de l’album. The Golden Echo est un animal constamment en renouvellement stylistique, aux arrangements les plus pointus qu’un gros budget Ricain peut allouer, mais ne perd jamais le sens du funk, comme sa consœur Janelle Monae (avec laquelle Kimbra a eu une tournée avortée).
Les balades comme « Rescue Him » ou « Waltz Me To The Grave » n’ont rien à envier à un Parliament propulsé dans le Londres du 2014. Et l’influence de Prince se fait sentir, mais là encore de manière inattendue : plutôt que de ressortir les Linn Drum, Kimbra préfère mimer (de manière très compétente) le NPG du début des années 1990 (encore), via « Madhouse ». Sa période la plus créativement conspuée, et pourtant Kimbra parvient à en retranscrire la créativité. Pas étonnant de retrouver, au détour d’un titre, Bilal, soulman aussi aventureux que l’oiseau Kiwi. Et que dire des interventions de Thundercat, qui donne corps au boogie festif de « Miracle », un des feelgood anthems les plus brillants de cette année (ouais, j’ose), ou encore de Daniel Johns ou des zicos de Mars Volta. Une cour royale qui sert toutes les idées, souvent farfelues, de la chanteuse. Loin du gloss pop ou de l’ambiance YOLO de ses consoeurs, Kimbra trace sa propre route. Sa sortie sous le manteau et sa relégation apparente aux cercles indie pop en est d’autant plus dommage. The Golden Echo est une des écoutes les plus gratifiantes et fraîches de l’année.
Play It : Miracle, Teen Heat, Nobody But You, Madhouse
Skip It : Carolina (vraiment à la limite)