
Mini Music Review : Mark Ronson, Uptown Special (Columbia)
Mark Ronson est un cas à part dans les producteurs multiprimés. Même s’il donne « sa » patte à chaque album, il ne cesse de revenir à une reproduction millimétrée et futée des disques qu’il joue comme DJ à la radio et aux fêtes les plus cosy des cinq continents. Il semble aussi naviguer autour de concepts, et Uptown Special donne sa propre version d’un album enregistré quelque part en 1978. Nul besoin de représenter la figure de proue dorénavant omniprésente, « Uptown Funk », bombinette funk inspirée de « Jungle Boogie » de Kool & The Gang avec un Bruno Mars extrêmement à l’aise, loin de la pop ultracalibrée qui l’emmena au sommet des charts. Une tornade marquée d’un professionalisme et d’une rigueur qui étincèlent sur la douzaine de titres, produits en tandem avec l’émérite Jeff Bhasker (Kanye West, fun.).
L’avantage de Ronson, c’est un carnet d’adresses impressionnant et la capacité à convaincre des chanteurs de se mettre en danger dans un environnement qu’ils ne connaissent pas. Kevin Parker de Tame Impala se retrouve ainsi sur le printanier « Daffodils », sur un groove métronomique et Princier, parmi les multiples midtempos que compte Uptown Special. Du yacht-rock avec un songwriting rétro, œuvre en partie du romancier Michael Chabon. Une équipe très resserrée, une instrumentation léchée et axée sur l’efficacité avant tout : Uptown Special ressemble moins à une partie de fun estivale et plus comme une démonstration de force d’un producteur défendant son steak. Une sorte de Quincy Jones « too cool for school » à la main de Midas, qui veut garder son respect au-delà du simple pousse-disques de la jet-set. Les cuivres angelenos qui donnent du relief à « I Can’t Lose »? Du Quincy tout craché. Enfin, if it ain’t broke….
On retrouve les boîtes à rythme élastiques qui ont parsemé ses -multiples-productions rap sur « Leaving Los Feliz », axé autour un refrain qui se fredonne facilement mais qui offre peu de renouvellement par rapport à son premier album, le peu écouté Here Comes The Fuzz. L’autre défaut c’est que la présence de Stevie Wonder sur « Uptown First Finale » et la deuxième partie du très beau « Crack In The Pearl » se lit comme un fait d’armes de plus, un invité de marque à rajouter à son tableau de chasse pour toucher de sa grâce des compositions qui tenaient déjà toutes seules. Et si l’album défile à vitesse grand V, l’inclusion du nonchalant « Heavy and Rolling » tend plus vers le plus kitsch de fin des 70’s à la Michael MacDonald. Une faute de goût dispensable qui n’enlève rien à la cohésion et la solidité de l’ensemble. Maintenant, on souhaiterait juste que Ronson revienne en 2015 sur son prochain album plutôt que de tutoyer les musiciens légendaires qu’il a toujours en tête.
Play It : Daffodils, Crack In The Pearl, Leaving Los Feliz
Skip It : Heavy and Rolling