
Mini Music Review : The Hunger Games 3 Soundtrack (Republic/Mercury)
Sa reprise menaçante de « Everybody Wants To Rule The World » pour Catching Fire était aisément un des meilleurs moments de la précédente BO de la saga Hunger Games. Republic Records a donc été chercher Lorde pour lui donner les clés et la mettre aux commandes de la première partie de Mockingjay niveau musique. En résulte une bande-son nettement plus cohérente, avec en premier lieu des artistes triés sur le volet, qui évoluent tous plus ou moins dans la sphère électro-pop, en immense majorité féminins. Fini de passer de Coldplay à Monsters And Men : la première partie de la BO attaque assez fort, avec une collaboration entre Stromae, Haim, Pusha T, Q-Tip et elle-même qui arrive à retomber sur ses pattes. Difficile de faire plus disparate : pourtant, en restant derrière les manettes et en adaptant le son de Racine Carrée aux textures sombres de la franchise, le producteur belge rend cohérent un hymne aux révolutionnaires qui joue totalement la carte de la parabole sociale.
L’ensemble des contributions à cette BO frappent par leur dextérité : le catchy « Dead Air » de Chrxches fait crisser ses Casio pour un meilleur effet, et Charli XCX opte pour une relecture très contemporaine d’une bluette romantique piano-violon ornée de beats plombés et de rythmiques militaires. Puissant et loin des relents punky et trash-pop de la Britannique, et enregistrés avec… Simon Le Bon de Duran Duran. (Pourquoi pas.) Les Chemical Brothers prouvent, une fois encore, leur capacité à se réinventer avec un Miguel qui case un phrasé trap sur un « beat » totalement carbonisant. La BO profite vraiment de sa créativité et d’une déclinaison tout sauf gnan-gnan des thèmes du film.
Malheureusement, on compte quelques faux pas. Lorde elle-même s’en sort très bien avec son « Yellow Flicker Beat », sermon qui sonne plus comme une promesse de Katniss qu’autre chose. La présence d’une version produite par Kanye West déçoit, l’arrangement étant trop sage et arrangé pour éclipser l’original. La concession pop revient à Major Lazer et Ariana Grande, totalement hors sujet et en pilotage automatique, nous rappelant que oui, cette franchise est bien pour les préados EN PLUS des adolescents. Tout comme la formation « XOV » qui offre un « Animal » manquant cruellement de dynamique. Des faux pas aisément pardonnables tant la haute tenue des autres titres, qui engendrent une des bande-sons les plus agréables de la fin d’année. Et offre même quelques perspectives à de nouveaux venus, comme le rappeur Raury, augmentant son buzz après un passage chez SBTRKT.
Play It : Charli XCX « Kingdom », CHRXCHES « Dead Air »
Skip It : Major Lazer & Ariana Grande « All My Love »