
Mission accomplie mais… (critique du Réveil de la Force, de J.J. Abrams)
Voilà, ça y est, on l’a vu hier matin cet Episode VII attendu maintenant depuis trois ans. J.J. Abrams a-t-il réussi sa mission impossible de contenter à la fois les fans de la première heure tout en draguant le plus large public possible ? Oui, incontestablement. Mais probablement au prix d’une émotion parasitée par l’impression d’une mécanique trop bien huilée. Avis provisoire avant seconde vision d’un film forcément trop riche d’enjeux pour être appréhendé en une seule fois.
Un gigantesque croiseur interstellaire, filmé en plongée, masque peu à peu une planète abritant une base rebelle. C’est le premier plan postgénérique après la fin du texte déroulant nous apprenant que Luke a disparu et que toute la galaxie le recherche, du sinistre Nouvel Ordre à l’alliance rebelle qui a dû reprendre du service. Au service du leader suprême Snoke (Andy Serkis), le général Hux et son bras armé Kylo Renn traquent le maître Jedi d’un bout à l’autre de la galaxie et, lorsque le film débute, mettent à feu et à sang le campement rebelle visé avant de capturer le pilote Poe Dameron. Parallèlement, un stormtrooper qui a craqué dés sa première mission (John Boyega) décide finalement de rejoindre la Rébellion. Après avoir échoué sur la planète des sables Jakku, il croise le chemin de la ferrailleuse errante Rey (Daisy Ridley) qui l’aidera à convoyer le (très) précieux robot BB8 vers le QG des rebelles toujours dirigés par la princesse Leia.
Cette critique ne sert pas à grand-chose (en fait, à rien…) puisque de toute façon vous avez décidé d’aller voir Le Réveil de la Force, comme nous tous. Mais allez-vous l’aimer ? Depuis ce matin, j’entends les journalistes “généralistes” répéter en boucle et avec condescendance que “ce Star Wars là va plaire aux fans”. Comme si “les fans”, dont je suis, étaient une bande de moutons bêlant à l’unisson et incapables de recul par rapport à la franchise. Que cette condescendance basse du front est agaçante mais, passons ! Cette critique ne peut qu’être temporaire devant l’immense travail d’introspection consistant à digérer le spectacle offert par J.J. Abrams. Une seconde vision (dès ce matin) sera nécessaire pour approfondir voire amender ce texte. Le Réveil de la Force est une réussite au sens fonctionnel du terme : on y est, Abrams et son coscénariste Kasdan ont bien capté tout ce qui fait l’essence de Star Wars, les figures familières, la trame familiale (cruciale, ici), le petit robot tout mignon BB8, les joutes aériennes, la transformation héroïque “à la Campbell”…
Indéniablement fan sincère, J.J. Abrams a piloté un film somme convoquant, comme on s’y attendait et comme clamé par le marketing disneyen, tous les fondamentaux du premier volet. Le tout en s’arrachant les cheveux pour, paradoxalement, produire un script compréhensible par tous même sans avoir vu aucun des épisodes précédents. Le résultat est très plaisant à voir et jamais ennuyeux et, en soi, c’est un exploit. Pas de sensation de trahison ou de total hors sujet ressentis lors de la découverte de La Menace fantôme. Mais lorsque le générique final met un terme à l’expérience, un sentiment de superficialité, toujours le même à l’issue d’un film de J.J. Abrams, côtoie celui de la satisfaction d’avoir assisté à un divertissement de classe A. La faute à un script qui, malgré un démarrage en trombe, finit peu à peu par se concentrer exclusivement sur un cahier des charges trop visibles, au détriment des personnages. Finn et Poe Dameron font principalement les frais de la potion Abrams, tandis que Rey, au contraire, accomplit un parcours héroïque des plus satisfaisants. Notamment lors de deux belles scènes en fin de film et d’un plan, Ô combien symbolique et qui à lui seul produit presque toute la (trop rare) émotion du film. On saluera aussi les retours forcément réjouissants des vieux copains d’avant – Solo, Leia, Chewbacca, C3PO, R2D2… Harrison Ford fait de son mieux pour retrouver la gouaille de jadis mais tire quand même davantage vers le vieux grincheux, tandis que l’attachante Carrie Fisher n’a pas grand-chose d’autre à faire que d’attendre benoîtement au QG que le temps passe.
Deux ratages majeurs surnagent par ailleurs de ce Réveil de la Force. Tout d’abord, l’absence de nouveau thème musical déterminant, John Williams ayant manifestement préféré se reposer exclusivement sur ses “tubes” du passé. Cette carence musicale a beaucoup joué dans ma déception émotionnelle au fil d’un film qui, jamais, n’aura su me tirer de larme malgré de vrais beaux moments. Autre pain notable : le suprême ratage du design du leader suprême Snoke, un gros machin numérique “Lord of the ring-Harry Potteresque”, à des années-lumière du dépouillement mortuaire de l’Empereur. Une remarque me vient : OUI, j’ai aimé ce film terriblement agréable à regarder et il faut vraiment rendre hommage à J.J. Abrams pour avoir su, le plus sincèrement du monde, mener à bien cette impossible entreprise sans salir le mythe. Mais bizarrement, aussi ratés fut-ils, et Dieu sait qu’ils le sont, les films de la seconde trilogie étaient définitivement les œuvres d’un homme. Un créateur perdu dans une mauvaise direction, certes, mais ces films ratés étaient les siens. En regardant Le Réveil de la Force, j’ai l’impression d’un retour réussi, oui, mais d’un film qui n’appartient pas vraiment à son réalisateur. Affaire à suivre après une seconde vision…
Star Wars, Le Réveil de la Force, de J.J. Abrams. Scénario : J.J. Abrams et Lawrence Kasdan. Durée : 2h15
Très belle critique. On sent le regard très personnel sur toute la saga. Je l’ai pas encore vu mais le « un retour réussi, oui, mais d’un film qui n’appartient pas vraiment à son réalisateur », c’est vraiment le sentiment qu’on poouvait se faire a priori. Mais visiblement çà se confirme. On aura donc pas le droit à la petite patte de l’auteur (de la part de qqu’un qui n’en a peut être jamais eu).
Mais je pense préférer çà à la vision de l’homme qui a commis la seconde trilogie. Malgré les multiples visionnages, j’ai un gros soucis avec la narration, et le baclage des enjeux. Je garderais juste les innovations en termes de SFX. C’est un autre débat.
je sors du cinéma et j’arrive pas à me décider.
Un bon Star Wars. Sans aucun doute.
Mais un bon film ?
Je ne sais pas encore. Il est pas mauvais, entendons-nous bien, mais j’ai aussi cette impression de superficialité. De vide.
Faut que je le revois.
Encore une fois chef Plissken je suis on ne peut plus d’accord.
Un film très bon sur énormément d’aspects malgré le manque de musique qui emporte tout sur son passage, mais la sensation étrange de ne pas avoir vu vraiment un Star Wars.
Un deuxième visionnage s’impose, DES CE SOIR!
On a le sentiment à la lecture de cette critique que c’est plus ce qui n’est pas dans le métrage qui provoque une pointe de déception que ce qui y est. Je ne l’ai pas encore vu aussi je ne donnerais pas mon avis sur le film mais sur tout ce qu’il y a autour. JJ ABrams n’est pas Lucas. Je ne compare pas les deux réalisateurs d’un point de vue qualitatif mais par la façon dont ils font leur métier. Lucas malgré tout le mal que je pense de lui est un auteur au sens où on l’entend en France. Ses films sont de lui, il en contrôle la forme, le fond, le scénario, le montage, il en a les droits – d’où le charcutage permanent au fil des rééditions sans aucun contrôle extérieur. Il a créé Lucasfilms, le Skywalker ranch et ILM pour pouvoir faire ses films comme il l’entend et ne pas être l’employé d’un studio, pour n’avoir de compte à rendre qu’à lui-même au mépris des fans même. Abrams n’est qu’un rouage, un exécutant – toutes considération pour son talent et son savoir-faire mise à part. Je suis certain que Abrams a mis tout ce qu’il a pu de lui-même et de son amour pour la saga dans ce métrage. Quand on voit à quel point il a starwarsisé Star Trek, il ne peut en être autrement. Abrams est un auteur lui-même mais son Star wars appartient à Disney. Ce nouveau film est conçu pour faire de la saga de Lucas une marque à très forte rentabilité et verser des dividendes aux actionnaires de cette énorme machine dont beaucoup de gens croient qu’elle oeuvre pour les pitis n’enfants et le merveilleux tout plein mignon dans me monde et tout ça. Disney est un des plus gros groupes de communication du monde, pas une oeuvre caritative. Si Lucas ne s’était pas révélé être aussi vénal en préférant l’argent généré par les produits dérivés issus de sa saga il n’aurait pas salopé le boulot depuis 40 ans et n’aurait pas finit par suicidé Lucas film en devenant certe un homme très riche mais un homme qui a vendu ses rêves.
A la vue des différentes bandes-annonces, j’ai le sentiment que ce nouveau volet de la nouvelle trilogie est conçu comme une porte d’entrée. Un pont entre les fans de la première heure, les quarantenaires comme moi, déçus par le gâchis opéré sur la première trilogie et la prélogie bâclée. Disney et Abrams ont eu, je pense l’intelligence de ne pas nous mettre de côté. Pas parce qu’ils nous aiment bien, mais parce qu’ils savent le mal que Lucas a fait à la saga en terme d’image en s’opposant publiquement aux fans par ses choix d’auteur tout puissant qui ne rend de compte qu’à lui-même. Ils rectifient donc le tir et tirent le rideau sur le conflit larvé qui oppose un certain public avec le pote à Spielberg – il faut maximiser les ventes futures et rassembler. A partir de là ils peuvent repartir sur des bases plus saines et se concentrer sur un nouveau public avec l’aval des anciens. Et qui mieux que le fils spirituel des wonderboys adoubé par spielberg lui-même pour donner confiance dans l’entreprise ? Un fils spirituel sous contrôle qui fera le Star wars décidé par une grosse machine pleine de consensus, de plans de communication et de marketing. En plus dans son sillage il y a la destruction pure et simple de la concurrence qu’aurait pu être Star Trek – nan, je déconne, ce serait trop paranoïaque de penser comme ça 🙂
Je suis sûr que c’est un film très qualitatif mais je suis sûr aussi que ce n’est qu’un produit de plus dans la galaxie Disney dont l’objet est la pérénisation de la marque Disney graĉe à Pixar, Marvel et peut-être Ghibli un jour.
Nous appelons encore cela du cinéma mais en fait nous sommes dans l’univers du développement des marques à fortes valeur ajoutées faisant du cinéphile un geek, c’est-à-dire selon la signification du mot aujourd’hui, un consommateur de produits dérivés et un producteur de contenus sur les réseaux sociaux. Ce site a coûtume de dire qu’il ne fait pas de politique et c’est un argument paradoxal car le cinéma c’est de la politique. De la politique déguisée en divertissement pour mieux faire passer certaines idées l’air de rien. Il ne faut jamais oublié que dans divertissement il y a la même racine que dans diversion. Merci pour cette critique toute en nuance et non dithyrambique comme on peut en lire un peu partout sur les sites spécialisés.
Merci pour ces premiers commentaires, waouh Manu la tartine ! Suis débordé right now mais je vous réponds à tous avant le week end, promis !
Ouais, désolé…
Le film est réussi dans sa première partie mais le troisième acte d’après moi est un ratage total.
Difficile d’en parler sans spoiler quoi que ce soit mais l’antagoniste principal qui se doit d’être menaçant ( un bon méchant comme disait Hitchkock) est juste hystérique et la résolution des conflits au lieu d’être gratifiantes ou spectaculaires pour le spectateur sont plus frustrantes qu’autre chose.
Ceci dit JJ Abrams, sans rien inventer, a sur revenir aux origines de la saga, avec des effets spéciaux analogiques, des décors et un style fidèles à la première trilogie ( les combats au sabre laser sont aussi lents que dans l’Episode IV. Obi Wan de l’épisode VI ne ferait probablement qu’une bouchée de Kylo Ren ).
On sent aussi un peu trop les impératifs du jeunisme actuel du cinéma à grand spectacle et on a parfois l’impression de se trouver devant un hunger games patché avec un mod Star Wars.
Un joli jeu de copie, mais sans inventivité aucune, rempli de redites, et au final assez mou du genou et décevant en ce qui me concerne.
Bon bon bon…superbe spaçe opéra, J.J connaît la musique et orchestre le tout du bout des doigts.mais voilà sortant du film, on a quand même l’impression de déjà vu, une histoire somme toute très récurrente, des scènes sans surprises. On peut ironiser sur les deux prochains opus en déclarant qu’ils ont déjà été écrit.
En dehors du film, ce SW je le voyais comme un symbole transgenerationnel , moi meme j’y suis allé avec mes enfants pour passer le mythe. Je ne suis pas déçu , ils ont vu le film que j’ai vu à leur âge mais avec les techniques actuelles. Mais en tant que fan je suis déçu, aucune originalité , du spectaculaire mais rien d’autre, pas de frisson, pas de larmes, limite de l’agacement. j’ai attendu..en vain que le film sorte du rail et m’emmène ailleurs. Mais non , meme la scène finale j’ai entendu dans la petite voix dans la tête du personnage dire.. »ca suffit avec vos conneries, foutez moi la paix , j’ai déjà donné .. »
Bien d’accord avec cette première critique. Et tellement vrai ce design foireux de Snoke. Quel dommage.
Sinon ce que je trouve bien raté également c’est ce délire de la super-arme qui apporte un lot d’incohérences inouï. En ajoutant le manque cruel d’explications sur la situation politique et le manque de contextualisation (on ne sait jamais vraiment où on est dans la galaxie), cette histoire devient vraiment bancale.
A noter que malgré le pouvoir divertissant du film, j’ai quand même eu beaucoup de mal avec son rythme effréné et son action non stop. C’est trop pour moi. Ça ruine le côté épique des scènes d’action par moment. Puisque on est toujours dans le spectacle, on apprécie moins.
Calquer la trilogie c’est bien, mais innover et prendre quelques risques c’est mieux. On repassera pour le scénario, en espérant une amélioration dans le prochain…
La super arme qui avale les étoiles …rien que ça dis donc…
J’aime beaucoup la critique ! 🙂
Vu hier soir et j’ai pris mon pied ! Après les ratages des épisodes 1, 2 et 3, quel plaisir de découvrir un bon Star Wars dans une salle de cinéma ! Du pur divertissement. Quand je suis sortie, je me suis dit « mais mon Dieu, y a tant de choses à dire ! » entre l’histoire, les références, les analogies, les personnages, les retrouvailles…
Gros point positif pour moi : Rey. Une héroïne qui sait se démerder toute seule, loin d’une damzelle in distress qu’on voit trop sur grand écran.
Gros point négatif : Starkiller. Les mecs sérieux, vous nous refaites une Etoile de la Mort ? Vous avez rien appris ?!
Ce film est un copier/coller du script de l’épisode 4. Pas une once d’originalité.
L’avantage c’est peut-être qu’il permettra de se rendre compte que les épisodes 1, 2 et 3, qui ont pu décevoir par certains aspects, avaient au moins le mérite de proposer des histoires originales, de la nouveauté. Chacun d’eux présentait des éléments jamais vu auparavant (la course de pod, l’écosystème de coruscant, l’ordre 66).
Là c’est du reboot pur et simple. Et non, un tie noir et des armures de stormtroopers modifiées, c’est pas du nouveau, c’est du lifting.
Et le lifting, c’est un cache-misère.
J’attend beaucoup plus du prochain « Rogue One ».
Et les midichloriens (sic!!) 🙂
Vous êtes un poil durs. Il faudra aussi le juger à l’aune des prochains.
100% avec d’accord avec letho kanes.
Il m’a laissé un sacré goût de déjà vue ce film …
Très bonne critique de Philippe Guedj, et vos commentaires à tous sont également pertinents. Que dire de plus? Moi aussi j’en ressors pas folle de joie mais tout de même satisfaite. En fait je crois que le seul vrai problème de ce film est qu’il n’est que la porte d’entrée vers une nouvelle histoire (plus qu’un film à part entière) et qu’on ne pourra le juger qu’après la fin de l’épisode IX. Je suis persuadée qu’alors on verra que tout s’explique, tout étéit prévu et tout s’emboîte à merveille. Rey n’est pas ce qu’on croit, Snoke n’est pas ce qu’on croit. J’en suis sûre. Quand à Kylo Ren, mauvais méchant, pas d’accord: j’étais très satisfaite au contraire qu’on voit aussi clairement les doutes et la faiblesse qui l’ont conduit vers le côté obscur.
Un film à revoir, et à replacer dans sa trilogie entière, et dans l’ensemble de la saga.
J’aimerai revenir sur ceci: « » »l’absence de nouveau thème musical déterminant, John Williams ayant manifestement préféré se reposer exclusivement sur ses “tubes” du passé » » »
Je viens d’écouter le CD de la musique (il manque un gros bout de la bataille final) et il y a plein de nouveau thèmes. Et c’est vraiment dans la veine du John Williams actuel, il n’a plus 45 ans le son de sa musique a évolué. Dans le film c’est vrais qu’il y a tellement d’effets sonore que l’on entend rien.
Sinon pour le film, voici mon classement des 7 films (du meilleur vers le pire):
1 – V
2 – IV
3 – VII
4 – VI
5 – III
6 – I
7 – II
Le VI était déjà un « remake » du IV mais à l’époque personne ne râlais…
L’idée de ce nouvel opus et de conquérir un nouveau publique. (pas de numéro sur l’affiche) et le paris et plutôt réussi.
Star Wars Le Réveil de la Force
Spoilers inside
Quel curiosité que ce septième épisode. Un mélange étrange où tout est amené pour que l’on y passe un excellent moment, ralliant vieux de la vieille comme nouveaux spectateurs, dans lesquels idées sympathiques et petites surprises s’entremêlent pour toutefois apporter une consistance finalement assez douce-amère à la sortie de la séance.
Que l’on ne s’y trompe pas et je préfère annoncer la couleur directement : Le film reste un spectacle de qualité, accomplissant le job plus que correctement et remplit globalement son contrat avec une efficacité certaine, mais somme toute relative… En toute honnêteté, à mesure que la projection se dévoile sous mes yeux ébahis de grand padawan que je suis, quelques gouttes d’amertume venaient teinter mon bel enthousiasme de fan boy au fur et à mesure que le film continuait. Une accumulation de petits problèmes, de déceptions et autres impasses qui font que, toute aussi agréable que fut le spectacle, je suis resté un tant soit peu dubitatif devant ce septième opus, jusqu’à ce que se dessine un souci de plus grande ampleur… Mais avant de présenter le côté obscur de J.J. Abrams derrière toute l’entreprise, attardons nous plutôt sur ce qui en concrétise sa Force.
Indéniablement, l’esprit et l’essence de naguère de toute la mythologie culte a été clairement préservé.Et de ce fait, ce septième épisode concentre essentiellement son énergie à ne pas décevoir. C’est un film pour les fans de la première heure, avec son lots de références soigneusement conservés, assez bien utilisés, et une volonté indiscutable de rétablir une balance qualitative foncièrement malmené depuis la prélogie. On y concrétise donc, de manière futé les différents éléments qui aboutiront à ce statut. Du faucon millenium avec à son bord Chewbacca et Han Solo de nouveau à leur tête, en passant par un teasing constant sur Luc Skywalker, des droïdes bien connus ou une Leia amoindrie, on fait en sorte de rassembler le plus possible au niveau du public en récupérant le maximum de matériel narratif de l’époque ce qui est louable et d’ailleurs nécessaire pour assurer la transition vers la nouvelle génération de protagonistes. Passé cet état de fait, on appréciera surtout les quelques directions et surprises qui émaillent le film.
Par exemple, si la gent féminine n’avait jamais eu vraiment voix au chapitre en tant que Jedi durant six épisodes, elle se retrouve ici en véritable fer de lance. Cela paraît presque anodin et pourtant incroyablement pertinent, qui plus est de la part de Disney qui peine à proposer des figures féminines dans un rôle principal au cinéma. Il n’y a qu’à voir celui de l’univers Marvel par exemple pour s’en rendre compte. C’est dire si le film exécute là une véritable prouesse, en dotant de la Force, une future padawan très prometteuse. Rey, jeune femme déterminée, débrouillarde et accomplie, caractérise une héroïne réussie, pleine d’allant et de volonté, tranchant littéralement avec l’abnégation du timoré et messianique Luc Skywalker. Une rupture importante, qui oriente doucement là jeune femme comme la nouvelle prétendante au dernier des Jedi. L’élue véritable ? Au vu des extraordinaires compétences qu’elle déploient sans y être entraîné, et qui devrait, on l’espère, rétablir le fameux équilibre de la force dont on ne parle que depuis trop longtemps, cela n’en finalement que plus logique. Car la demoiselle, littéralement, plus forte que Luc Skywalker himself, va devoir porter à l’avenir un poids scénaristique conséquent, du à un passé mystérieux que l’on espérera véritablement surprenant. En tout cas, bien plus que les premières hypothèses acoquinant déjà une filiation simpliste envers Leïa ou Luc en tant qu’enfant de l’un ou de l’autre. Un bis repetita qui fera peut être plaisir aux fans mais que je ne souhaite pas, histoire d’être véritablement surpris sur les origines de cette nouvelle héroïne, plutôt que par un leg familiale trop évident et déjà vu…
Accolé à ses basques, le jeune Finn, qui formera avec Rey un duo efficace une bonne partie de l’histoire… Déserteur parmi les stormtroopers, l’ancien soldat procure un attachement immédiat par son refus de tuer des innocents. Bravache sans être tout le temps capable, l’individu bénéficie d’un capital sympathie en faisant tout ce qu’il peut pour se sortir de l’adversité, tout en conservant une grande part d’ombre à ce sujet. Anonyme, peut-être même plus que Rey finalement, on appréciera que s’il est dénué de toute caractérisation, les personnages qui gravitent autour vont, au fur et à mesure, lui permettre de lui en constituer une. Son propre nom, Finn, est donné par Poe Dameron, qui d’ailleurs lui laissera sa veste plus tard. La confiance que lui octroie BB-88 fait de lui un résistant, son blaster est offert par Han solo et l’enlèvement de Rey lui confèrera un courage qui lui manquait jusqu’alors, et ce jusqu’a aller affronter Kylo Ren, en se servant du sabre laser de… Luc Skywalker. Une belle idée pour complémenter le personnage durant les évènements, qui pourra peut être devenir un futur Jedi qui sait ? Un potentiel certain entoure donc l’individu, que l’on espère voir éclore dans l’avenir avec satisfaction.
L’autre aspect intelligent du film, est l’utilisation des rapports de la force. Si jusqu’ici on nous présentait le côté obscur comme une force opaque et toujours impénétrable, c’est désormais une ère révolue, et qui procure un aspect complètement nouveau dans les films. Le côté obscur s’inquiète de la lumière de la force et de ce qu’elle peut engendrer comme problème si elle venait à percer les ténèbres. En cela, si Kylo Ren n’est d’ailleurs pas encore un méchant correctement établi, c’est bel et bien dû à cet aspect qui le rend un tant soi peu intéressant. En proie au doute, le personnage est présenté subtilement comme une auto-critique assumée à destination du public, que le film indique d’ailleurs très clairement : il craint de ne pas arriver à la stature de Dark Vador… et implicitement, les spectateurs aussi. Kylo Ren souffre donc logiquement de cette comparaison mais assume pleinement cet état de fait. Plus physique que psychologique, préférant massacrer du matériel électronique plutôt qu’un soldat après un colère noire (une fois aurait suffit d’ailleurs…), le personnage est ici l’opposé de Vador dans la manière d’être, d’agir et de penser. Il y a néanmoins de fortes chances qu’il revienne de manière plus affirmé une fois sa formation terminée dès l’épisode huit…
Formellement, le film globalise un travail très propre, utilisant décors réels et sfx avec talent. Une identité visuelle qui manquait clairement à la précédente trilogie et dans laquelle Abrams effectue un bel effort pour rendre hommage à ce que ce qui faisait le charme et l’appréciation des films de 70-80, n’en déplaise à Georges Lucas…. Les combats à base de X-Wing et du Faucon Millenium en sont le meilleur exemple, démontrant un beau savoir faire à ce sujet. Quand au combat au sabre laser, il est globalement crédible au vu du niveau de Finn et Rey et n’a pas besoin d’être d’une chorégraphie folle, bien au contraire. Il pose les bases des affrontements futurs entre Rey/Luc et Kylo Ren et laisse à penser que le meilleur reste à venir…
Mais dans toutes ces belles qualités, hélas, le Réveil de la Force semble avoir oublié aussi une composante majeure et primordiale : Sa créativité.
Car il y a un état de fait indéniable sur le film de J.J. Abrams : passé quelques bonnes idées et surprises assez bien amenés, le film ne détient foncièrement rien d’original à proposer.
Ce septième opus a été conçu avant tout comme une magnifique copie carbone de l’épisode 4, ponctué par quelques post-it bien sentis du 5 pour bien parachever l’ensemble. C’est bien simple, la construction est quasiment identique. Le film va alors d’emblée embrayer pour une solution de facilité en recopiant allègrement l’identité du film culte de George Lucas. Dont acte.
• La première séquence du film voient R2d2 et C3p0 échapper a l’empire en prenant un Vaisseau / idem pour Finn et Poe à bord d’un chasseur Tie passé deux scènes.
• Leia confie à un droïde, R2D2, les plans pour détruire l’étoile noire / Leia demande à un pilote de récupérer des plans pour trouver Luc Skywalker, qui seront finalement confiés à son tour à un droïde, BB-8
• R2D2 détient un message qu’il délivrera au héros de l’histoire, qui veut devenir pilote et sera un futur Jedi en puissance. /BB-8 fera de même avec Rey, nouvelle représentante de la force qui elle aussi, aspire à la même chose.
• L’endroit ou se trouve les deux héros, Rey et Luke, est identique . Il s’agit d’une terre aride, sablonneuse et dangereuse. Que la planète s’appelle Tattoine ou bien Jakku, il n’y aucune différence. Les endroits ont la même topographie.
• La scène de la cantina est de retour. Un hommage, certes, mais calquant des objectifs existant dans l’épisode 4. Les personnages y vont pour les mêmes raisons que Luke et obi wan : trouver un moyen de transport pour échapper à l’empire/le premier ordre et rencontrer Leïa. De même, quand han Solo refuse de se battre auprès des rebelles, Finn agira de même ici en quittant les lieux et partir de son côté.
Et que dire de la séquence finale dans sa totalité… Les rebelles doivent détruire une étoile noire/de la mort bis pour la troisième fois avec un point faible presque identique et toujours aussi mal protégé que les fois précédentes (Il faudrait arrêter les bases spatiales sphériques les mecs, vous voyez bien que ça ne marche pas). Avec à la clé, un équipage assez similaire flanqué dans un faucon millenium, qui va venir la sauver. Ce n’est plus le manque d’inspiration qui englobe le film aos tout simplement une volonté de décalquer presque sans fard un plan scénaristique. qui a fait ses preuves.
Tout cela fait beaucoup. Mais comme dit plus haut, l’épisode 4 ne suffira pas d’ailleurs à perpétrer ce clonage à peine déguisé. Abrams et son co-scénariste Lawrence Kasdan continue de plus belle en allant récupérer quelques éléments de l’empire contre attaque pour combler encore un peu les pièces de ce miroir filmique.
• En premier lieu, citons la scène du cauchemar de Rey, qui fait écho à celle Luc, envoyé là aussi par une ersatz de Yoda, sensible à la force, pour lui faire entrevoir son destin.
• A nouveau, à lieu une rencontre entre un père et son fils de manière funeste. Que ce soit Han Solo ou Dark Vador, chacun cherchera à convaincre leur progéniture respective de venir les rejoindre de leur côté… avec le résultat que l’on connait. Une scène identique qui se passe dans un endroit identique, en l’occurrence une passerelle avec saut dans le vide à la clé pour conclure la séquence.
Bref, a ce stade, Le réveil de la Force convole surtout à être un magnifique remake à peine assumé sous des airs de reboot forcément important pour capter un large auditoire. Ou comment reprendre la toile du maître pour y construire une manne financière du cinéma à grand spectacle pour les 20 prochaines années à venir, sans se vautrer devant le monde entier et en visant le risque zéro pour y arriver.
Sur d’autres aspects peu reluisants une fois encore, citons la séquence hitlerienne un brin imbécile par son absence totale de subtilité, presque autant qu’un énième caca nerveux de Kylo Ren sur le matériel de l’empire. Tout comme le personnage de Captain Phasma, inutile au possible, ne justifiant certainement sa seule présence que via un teasing marketing douteux pour vendre des figurines. Quand aux mondes traversés dans le film, n’ayons pas peur des mots : C’est la zone. C’est du vu et du revu. Pas un seul endroit ne se démarque véritablement puisque déjà été exploités auparavant. La géographie de J.J. Abrams donne là aussi des airs d’élève bien appliqué qui reproduit ce qui a fonctionner sans chercher à en faire plus. John Williams, de son côté, ne cherche pas l’excellence non plus dans ses compositions et re-exploite un travail déjà (trop?) connu de tous, sans apporter le petit plus que l’on cherchera en vain. Surgissant sans prévenir, je retiendrai tout de même la confrontation épique de Rey et Finn dans le Faucon millenium face aux chasseurs tie, dans laquelle le compositeur propose une amplitude musicale travaillé et à la hauteur héroïque de la scène.
Quand au pseudo-empereur et leader suprême du premier ordre, n’y allons pas par quatre chemins : C’est une catastrophe. En nous proposant un erzatz congenital de Voldemort, dont même le patronyme, Snock (!), n’évoque rien d’autre en nous qu’un soupir d’agacement à sa seule prononciation, il va être urgent de lui obtenir une certaine grandeur en tant que méchant car le remplaçant de Palpatine à des airs de belle foirade intégrale.
Mais malgré tout ce que j’inpute au film et tout ce dont je l’accable, Abrams n’est pas passé à côté de ce Réveil de la Force non plus. J’y ai passé un très bon moment et le film fonctionne assez bien. Le réalisateur et scénariste, que j’affectionne particulièrement depuis ses travaux sur Alias et Felicity, a réussi ce qui semblait impossible encore pour beaucoup : redonner vie à une licence mythique qui n’ a pu être sauvé par son propre créateur quand il en a eu l’occasion. Et au vu de la pression exercé par l’Empire Disney quand on se retrouve à la tête d’une entreprise de cette importance, quand on détient les clés de toute une mythologie – presque une religion – de cette ampleur, où le merchandising et Wall Street sont tous deux des instruments de mesure tout aussi importants que le scénario lui- même, il est difficile de ne pas nuancer mon opinion au vu de sa qualité filmique globalement très respectable. Très conscient des enjeux donc, Abrams et consorts n’ont donc pas poussé la réflexion bien loin et vont offrir ce que les gens attendent sur un plateau. Mais un plateau un peu branlant en prenant le minimum de risques pour y arriver.
Pour le coup, Star Wars fait-il encore rêver ? Je l’ignore mais les jours qui ont suivi, j’ai passé mon temps à fredonner Duel of The fates 5 à 6 fois par jour. Preuve que l’empreinte de Georges Lucas impose toujours une empreinte durable, que l’on aurait voulu ici peut être avec plus d’émotion, plus d’ambition. Il n’empêche que la renaissance de cet univers, aussi enthousiasmant pour les uns que irritant pour les autres, procure à nouveau un plaisir en forme de madeleine de Proust très agréable et qu’il serait dommage de bouder dans son intégralité. Espérons que l’épisode huit déploiera pleinement tout le potentiel latent laissé ici pour lancer une intrigue plus conséquente, a l’image d’un certain film intitulé l’Empire contre attaque.
3.5/5
Un truc que je ne comprends pas, c’est l’anesthésie la plus générale de la presse générale jusqu’aux fans les plus ultras. Tous s’accordent pour dire que c’est géniaaaaal, le meilleur starwars de tous les temps !!!!! …avec toujours ce « mais ». Comme si les fans devenus hystériques au grès des trailers (monumentaux c’est vrai) n’osaient pas avouer s’être fait avoir de la plus belle manière. La fin justifie les moyens, et la fin c’est les millions de sousous que disney a gagné. Merci les moutons !
« ce starwars va plaire aux fans » eh eh oui c’est effectivement condescendant, mais en même temps, la réaction des fanboy est un gros CQFD en forme de doigt d’honneur de la part de Mickey.
Ce que je reproche : Le cynisme de Disney envers G. Lucas. Le mec s’est fait jeter comme un mal propre après la vente. Classique au royaume de grand capital. L’arrivisme de JJ Abrams, oui c’est un fan, on le savait, mais c’est surtout un sale gosse jaloux qui s’amuse depuis une dizaine d’années à reprendre les franchises de son enfance pour les mettre à son compte parce que lui il est plus fort, il sait et fait tout mieux, etc, sauf que si personne lui dit qu’il ne sait pas raconter des histoires et n’a aucun talent scénaristiques, le pillage de la SF et pop culture continuera de plus belle !
Le point positif : ce film m’a fait aimer et apprécier la prélogie. Oui G. Lucas n’a pas écouté les fans, mais au moins c’était cohérent et moins porté sur le marketing de la madeleine. Oui la prélogie a des défaut, mais au moins, elle est honnête avec le spectateur…
Bon ça y est moi aussi j’ai enfin vu le messie du grand écran, ce film que tous dépeignent comme le Grand Retour de la force etc etc. Personnellement et au risque de me faire crucifier par les fanboys de SW, je trouve que ce film est une purge. Une vraie daube. J’avais quand même de sacrés doutes quand j’ai su que JJ Abrams était à la manoeuvre mais là, je ne pensais pas voir un tel navet ! Franchement les dialogues sont consternants, il n’y aucun enjeu, on nous ressort tous les grands poncifs qui ont fait le succès des premiers (les vrais) Star Wars, les acteurs sont vraiment pas extraordinaire contrairement à tout ce que j’ai lu… Personnellement je suis consterné de voir toute cette « hola » autour de ce film franchement poussif, chiant et lourdingue. On dirait une sorte de cup-cake ultra sucré et coloré mais vide. Une grosse pompe à fric qui nous vend du vide. Une arnaque. Non vraiment il y a un moment où il faut se rendre à l’évidence, Star Wars est mort après l’Empire Contre-Attaque (et JJ Abrams est un usurpateur). C’est bon allez-y, vous pouvez tirer maintenant.
Désolé Philippe, mais personnellement j’ai trouvé que ce film est une grosse merde sans intérêt, insipide et sans saveur. Je regrette mes euros que j’aurai mieux fait de dépenser chez MacDo, c’était pas pire !