On a vu… le pilote de Monday Mornings

On a vu… le pilote de Monday Mornings

Note de l'auteur

Le casting de Monday Mornings. Photo WB

David E. Kelley  est de retour. David E. Kelley est de retour dans un bloc-opératoire. David E. Kelley est de retour dans un bloc-opératoire, avec un réalisateur qui sort ENFIN les mains des poches. Quelqu’un peut expliquer pourquoi les téléspectateurs de TNT ont boudé la diffusion du premier épisode de Monday Mornings ?

Monday Mornings, c’est l’histoire de cinq chirurgiens de l’hôpital Chelsea General. Adaptée d’un roman écrit par Sanjay Gupta (lui-même médecin/consultant pour CNN), cette série de 10 fois 42 minutes – diffusée juste après la nouvelle version de Dallas – s’articule autour des réunions M&M de l’établissement ; réunions drivées par  Harding Hooten (Alfred Molina).

L’acronyme M&M renvoie à Mortality & Morbidity. Mortalité et morbidité. Le principe : tous les chirurgiens de l’hôpital se réunissent à huis clos pour évoquer le cas d’un patient qui est décédé à l’hôpital. Pour découvrir si le ou les praticiens en charge du dossier ont manqué quelque chose, et quelle est leur éventuel responsabilité dans ce décès.

Un concept fort, et qui permet à Kelley d’explorer à loisir la psychologie des chirurgiens, monstres d’ego en puissance qui ont la vie des patients entre leurs mains. Dans les années 90, pour Chicago Hope, cela lui avait particulièrement réussi au moment d’esquisser le portrait d’un Jeffrey Geiger ou d’une Kate Austin (même si ce sont surtout John Tinker et Bill d’Elia qui ont exploité ce dernier personnage). Nous voilà repartis pour un tour.

Jamie Bamber (Tyler Wilson). Photo WB

Dans Monday Mornings, on parle en effet d’ego. Celui qui permet de se dépasser, de réaliser l’impossible… et celui qui vous amène parfois à faire le mauvais choix. A n’écouter que votre assurance. La grande force de ce pilote, c’est d’exploiter cette donnée de façon assez complète. D’abord en s’intéressant à un cas qui n’implique pas directement la distribution principale, puis en mettant un des héros sous la lumière blafarde des projecteurs.

Eminent neurochirurgien, Tyler Wilson (Jamie Bamber, efficace) est le personnage au centre de ce premier épisode. Si le développement de sa personnalité est plutôt bateau/balourd (avec un flash-back franchement lourdot), cette intrigue a le mérite de donner le ton.

Proche de Gideon’s Crossing dans l’esprit, Monday Mornings décrit des hommes et des femmes extrêmement brillants mais qui évoluent sur un fil. Dans un monde où chaque détail compte. Et où on n’hésite pas à égratigner l’image des rois du scalpel. De manière relative, certes, mais d’entrée de jeu.

A ce titre, la mise en images est vraiment dynamique. On l’avait noté dans les bandes annonces, la réalisation de Monday Mornings soigne sa photographie, s’intéresse aux petits gestes et aux signes a priori anodins. Et c’est une vraie bonne surprise : habitué aux plans planplan, le réalisateur Bill D’Elia surprend agréablement par sa capacité à faire passer plein de choses par l’image. Quand on repense à ses précédents travaux, on se dit que le garçon tourne à l’EPO, que ce n’est pas plus mal et que ça change vraiment.

Réalisation, utilisation d’extraits musicaux… le style de Kelley ressort assez peu dans ce premier épisode. Cette fois-ci, pas de débat éthique. Pas de personnages incroyables à la Douglas Wambaugh ou Denny Crane. En apparence en tout cas, puisque le personnage du docteur Sung Park (spécialiste qui ne maîtrise pas très bien l’anglais) apporte un peu d’humour. C’est un peu comme si le scénariste s’effaçait derrière son sujet et ses impératifs d’exposition (1) mais cela lui permert d’atteindre son but.

On verra donc ce que donnera la suite. Avec une vraie curiosité parce que ça vaut vraiment le coup d’oeil… à partir du moment où les opérations du cerveau en gros plan ne vous mettent pas mal à l’aise. Et en espérant que le public, aux abonnés absents pour cet épisode inaugural, lui donnera une chance.

(1) : Ce qui a ses avantages. Jennifer Finnigan, pas franchement épatante dans ses précédentes incursions dans l’univers des dramas (Ah, Close To Home…), est plutôt supportable dans ce pilote.

Partager