
On a lu… Mousquetaire (1- Alexandre de Bastan) de Duval et Calvez
En pleine lutte d’influence entre le roi, Louis le quatorzième, les princes et les grands commis de l’État, un jeune mousquetaire, suiveur de D’Artagnan, est au cœur des intrigues du pouvoir. Gardera-t-il sa candeur ?
L’histoire : 1661, Alexandre de Bastan, jeune mousquetaire gascon, monte à Paris pour intégrer la compagnie de D’Artagnan. Désormais au service du roi, elle sait se charger de ses basses œuvres : embastiller le surintendant Fouquet ou mettre fin à la fronde des grands princes du royaume par tous les moyens. L’ingénu va risquer de se brûler les ailes dans cette quête romanesque d’absolu.
Mon avis : Atteindre son Graal et découvrir la face B de l’idole. Comprendre que tout héros, fut-il vénéré depuis des lustres, a sa part d’ombre assumée et ses dérives nécessaires. La fin justifie-t-elle les moyens ? C’est à cette question que la pudibonde recrue, Alexandre de Bastan, doit répondre dans le premier opus de cette série prévue en quatre tomes.
Cavalier émérite, fine lame en devenir et oisillon en quête du grand amour avec la nouvelle et mystérieuse Eloïse, le Gascon va vite (et bien ?) grandir au contact de ces mousquetaires, orphelins de maître depuis la mort de Mazarin, le 9 mars 1661. Parcours initiatique mouvementé pour le personnage principal qui découvre la dure réalité du XVIIe siècle.
Le genre cape et d’épée est respecté, le rythme vif. On rentre parfaitement dans cette aventure au dessin plaisant. Cela demande juste un peu de concentration pour distinguer parfois un mousquetaire d’un autre… mousquetaire.
L’intrigue est entraînante et le point de départ, l’arrestation à Nantes pour malversations financières de Fouquet qui commençait à faire de l’ombre au jeune Louis XIV, authentique. Société de complots et de luttes d’influence auprès du jeune monarque, le XVIIe siècle est fidèlement retranscrit dans ce premier opus. Merci à Fred Duval, scénariste protéiforme pour le rendu.
C’est franchement réussi et on a hâte de découvrir le destin de la jeune Eloïse de Grainville, drivée par l’amante de D’Artagnan, Madame Locuste (merci Suétone). Deviendra-t-elle comme sa maîtresse une nouvelle Mata Hari aux fioles redoutables ?
Si vous aimez : Alexandre Dumas, père et fils, et l’Histoire avec un grand H, un brin romancée.
En accompagnement : une daube de sanglier et ses légumes oubliés avec une barrique de côte-de-gascogne.
Extrait : Alexandre de Bastan : « Tout de même, Portau : le baron (de Gramont) n’était pas armé, quelle drôle de méthode que de l’occire de la sorte sans sommation ! Avec tout le respect que je dois au capitaine (d’Artagnan), c’était de l’assassinat, non ? »
Isaac de Portau : « Écoute jeune, tu veux faire carrière chez les mousquetaires et tu as raison car c’est la meilleure compagnie de France et de Navarre ! Mais pour ça tu dois apprendre à faire confiance à tes supérieurs. Si le capitaine a saigné le baron comme un porc, c’est qu’il avait ses raisons. »
Sortie : 20 janvier 2016, éditions Delcourt, 64 pages, 15,50€.
Doumé Nikoni