MOVIE MINI REVIEW : Black Coal
Y a pas qu’aux USA que les meurtres les plus glauques défraient la chronique. Dans une province minière chinoise, paumée et inconnue, des bouts de cadavres sont retrouvés éparpillés dans les mines de charbon… La police enquête et tout se conclut dans un bain de sang désincarné tétanisant de froideur grotesque. Cinq ans plus tard, au cœur d’un hiver aussi glaçant que fascinant, les macchabées en kit refont surface, avec le même point commun, la femme de la première victime. Zhang, flic de la police traumatisé par le fiasco originel, en pleine décrépitude, va replonger dans cette affaire sombre et mystérieuse.
Quel drôle de polar! À la fois film noir lent et décalé (coucou FARGO pour l’atmosphère et aussi coucou le sympathique 80’s SEA OF LOVE pour l’intrigue), chronique sépulcrale d’une société prolétaire chinoise déshumanisée et portrait cinglant d’un pays occidentalisé à l’extrême, perdu dans une société moderne universelle qui a détruit son passé et ses traditions. Mise en scène épurée, personnages prisonniers de leur vie sans issue, whodunit à tiroirs, on est bien dans un film noir classique. Et aussi dans une balade désenchantée brute et poétique. Une balade d’une froideur glaciale qui vous laisse un peu sur le bord du chemin. BLACK COAL, lointain cousin du génial MEMORY OF MURDER, manque cruellement de vie, même si c’est l’ambition de Diao Yinan. Ce bal tragique de pantins fantomatiques, aussi fascinant soit-il, est surtout un trip très (trop) hermétique dans la misère sentimentale d’un pays à l’agonie… Drôle de film bancal…
En salles depuis le 11 juin
2014. Chine. Réalisé par Diao Yinan. Avec Fan Liao , Lun-mei Gwei, Xue-bing Wang…
