
MOVIE MINI REVIEW : critique de A War
Tobias Lindholm n’a pas son pareil pour affronter, avec un calme tétanisant, les pires atrocités contemporaines… Après les excellents R (sur l’impitoyable univers carcéral) et Hijacking (sur les piratages de cargo en plein océan Indien), le réalisateur danois s’attaque à la guerre d’Afghanistan. Cette guerre qui ne dit plus son nom et qui ne s’arrêtera jamais, ce cancer qui ronge la société occidentale à petit feu.
Au cours d’une patrouille dans un village reclus, une escouade danoise remplie de barbus blondinets se fait violemment attaquer par les talibans. Son commandant ordonne une frappe aérienne pour sauver ses soldats d’une mort certaine. Mais cette frappe entraîne la mort de civils… De retour au pays, il va devoir affronter la justice de son pays qui l’accuse de crime de guerre !
Toute la schizophrénie délirante de ce conflit (et de tous les autres d’ailleurs) est là ! Juger à froid, loin des combats sanguinaires, dans la froideur des tribunaux désincarnés, les actes d’hommes face à la mort à l’autre bout du monde… Parce que la justice doit quand même pouvoir s’exprimer malgré tout…
Tobias Lindholm ne prend jamais parti pour ou contre la guerre. Ce qui l’intéresse, c’est l’être humain. Ici un homme et une femme, chacun en guerre à sa façon. Lui (le génial Pilou Asbæk) en proie aux démons de la guerre, et elle (la superbe Tuva Novotny) chef de famille au bord du gouffre (élever toute seule des enfants, c’est un peu la guerre aussi). La vraie guerre c’est la vie, la survie dans ce monde de fou. A War fuit le naturalisme neuneu, le spectaculaire imbécile et la caricature cynique pour baigner dans une atmosphère apaisée et implacable à la fois. Une sensation de réalisme absolu qui vous cloue sur place. Pas de manichéisme… Juste des êtres rongés par leurs contradictions et leurs ambiguïtés. Le héros devra vivre, quoi qu’il arrive, avec ce qu’il a vécu et ce qu’il a fait. Drame guerrier intimiste d’une dignité et d’une pudeur folle, A War symbolise la force d’un cinéma scandinave capable de transformer son minimalisme formel en ode tonitruante à l’humanité !
En salles depuis le 1er juin
2015. Danemark. Réalisé par Tobias Lindholm. Avec Pilou Asbæk, Tuva Novotny, Dar Salim…
A War Bande-annonce VOSTFR par allocinoche
« Pas de manichéisme… Juste des êtres rongés par leurs contradictions et leurs ambiguïtés »
Ouais. J’ai envie de dire que c’est ÇA, une oeuvre de fiction réussie.
MAIS GRAVE!