
MOVIE MINI REVIEW : critique de Arrêtez-moi là
Les erreurs judiciaires, c’est dégueulasse… C’est rien que des putains de rouleaux compresseurs, des machines infernales qui broient sans la moindre pitié le pauvre innocent qui passe. Et quand cet homme se démarque par sa personnalité ou son style de vie, ne serait-ce que d’un micron de notre très chère société normative, il n’y a plus d’espoir possible. Tout devient suspect autour de ce coupable idéal.
Samson vit sa vie tranquille de chauffeur de taxi niçois taciturne avec son chat Gershwin. Jusqu’au jour où il embarque la femme qui fallait pas, qu’il rencontre les mecs qui fallait pas, qu’il aide les ados qui fallait pas, qu’il nettoie son taxi à la vapeur qu’il fallait pas le faire et qu’il chamboule son emploi du temps. Autant de micros événements sans liens entre eux qui vont se refermer sur lui après l’enlèvement de la fille de l’une de ses passagères.
Arrêtez-moi là colle aux basques de son héros (le super Reda Kateb, tout en dignité et en rage contenue) et découvre avec lui les rouages de la machine judiciaire en train de se dérégler (on sait pertinemment qu’il est innocent) et de le foudroyer ! C’est en filmant cet enfer avec un détachement spectaculaire (proche du documentaire) que Gilles Bannier (qui vient de la télé) parvient à saisir l’irréalité tétanisante et la cruauté robotique de la procédure judiciaire. Des flics imbéciles (et trop caricaturaux) à la juge d’instruction bornée sans oublier l’avocat incompétent, le sort s’abat sur un Samson en perpétuel état de sidération, incapable qu’il est de comprendre ce qui lui arrive. Il erre de ses multiples cellules au bureau de la juge au tribunal dans un ballet sidérant de froideur. Comme dans une bulle infernale.
Bon… Le truc c’est que Gilles Bannier ne tient pas son concept jusqu’au bout (alors que le fait divers sordide, et américain bien sûr, dont il s’inspire s’y prêtait à merveille). Il préfère flinguer irrémédiablement son propos passionnant par un final nawesque hors sujet ! C’est super frustrant parce qu’avec sa mise en scène dépouillée fuyant le voyeurisme et le spectaculaire idiot, Arrêtez-moi là avait tous les atouts pour devenir une grande tragédie judiciaire… Putain de final imbécile…
En salles depuis le 6 janvier
2015. France. Réalisé par Gilles Bannier. Avec Reda Kateb, Léa Drucker, Gilles Cohen…
ARRÊTEZ-MOI LÀ – Bande-annonce officielle par europacorp