
MOVIE MINI REVIEW : critique de Avril et le monde truqué
Le steampunk ! Cet ancestral fantasme cinématographique qui n’aura quasi engendré que des ratages plus frustrants les uns que les autres. Du décevant Steamboy d’Otomo au crétin Sky Captain and the World of Tomorrow (sans oublier les navets fumants et fumeux à rivets apparents Wild Wild West et La Ligue des gentlemen extraordinaires), ce genre littéraire fascinant (coucou le gourou Jules Verne) n’a jamais reçu l’écrin filmique qu’il méritait.
Avec Avril et le Monde truqué, le duo Christian Desmares & Franck Ekinci plonge à cœur perdu dans cet univers mécanique et imagine un monde délicieusement retro-futuristico-uchronico-dystopico-franchouillard où ni l’électricité ni le moteur à explosion n’ont été inventés !!! Laissant l’hégémonie industrielle à la vapeur toute puissante qui ravage la planète dans un holocauste écologico-charbonneux !
1941. L’empereur Napoléon V règne sur un empire belliqueux. Avril, fille de scientifiques mystérieusement disparus, vivote dans un Paris hors d’âge à double Tour Eiffel/gare de téléphérique transcontinental spectaculaire, avec son pote Darwin, un chat qui parle. Elle va partir à l’aventure et à la recherche de ses parents, accompagnée d’un gentil poulbot. Les péripéties les plus rocambolesques lui tombant régulièrement sur le coin de la tronche !!!
La grande, l’immense idée des réalisateurs est d’être allé chercher Jacques Tardi pour concevoir l’univers graphique de leur film. Son trait, si caractéristique, sied à merveille à cette intrigue folle qui rappelle carrément les chefs-d’œuvre de Miyazaki (genre Le Château dans le ciel et Le Château ambulant), et les deux fantastiques Métropolis de Fritz Lang et Rintaro. Un souffle épique, politique et feuilletonesque taré propulse Avril au rang des grands dessins animés contemporains. De la cohérence envoûtante de ce monde parallèle délirant (qu’on a envie d’explorer à l’infini) au graphisme foisonnant et majestueux, on frise la perfection malgré un final complètement nawesque. Mais l’énergie baroque emporte tout sur son passage ! Magnifique quoi !
En salles depuis le 4 novembre
2015. France/Belgique/Canada. Réalisé par Christian Desmares & Franck Ekinci. Avec les voix de Marion Cotillard, Philippe Katerine, Jean Rochefort…
AVRIL ET LE MONDE TRUQUE – Bande annonce (2015) par studiocanal