
MOVIE MINI REVIEW : critique de Bad Moms
La décadence dégueulasse de la comédie US faussement drôle mais foncièrement conservatrice continue son pitit bonhomme de chemin. Mais, alors que l’on pourrait facilement croire qu’elle se morfond dans une vulgarité pitoyable servant à masquer le discours le plus réac du monde de l’univers sur la famille et la place de la femme dans la société, ce genre emblématique est en fait en pleine mue. L’arrivée au pouvoir de comédiennes fantasques a tout révolutionné (coucou « Crazy Amy » Schumer et coucou la géniale Tina Fey qui se vautre gentiment au cinéma avec Amy Poehler et avec des trucs comme Sisters !). Et c’est aussi grâce à Paul Feig (pour faire très très très court) et ses Meilleures copines (vive Kristen Wiiiiiiiiiig) qui ont initialisé le mouvement (pour l’enterrer profondément dans les limbes avec le navet ectoplasmique de force 4, S.O.S. Fantômes). Le girl power s’attaque à la comédie générationnelle trash… Avec la même absence de talent que les mecs ! Y a pas de raison, bordel…
Et tout ça mixé n’importe comment avec le teenage movie, ce sous-genre disparu de la circulation. Bad Moms symbolise à la perfection la mutation de ce genre. Le teenage n’est pas mort, il s’est juste adapté à son public originel qui frise les quarante ans et qui retourne au collège avec ses gosses… Résultat, les nouveaux héros, en pleine crise existentielle, (normal, c’est quoi ce triste monde tragique moderne marqué par la pauvreté et la mort et la paranoïa tout partout bordel ?!) replongent en enfance. Juste un instant. Histoire de retrouver l’innocence perdue… Comme un geste tragique et pathétique et vital à la fois… Et Bad Moms reflète cette nouveauté (ça marche aussi avec l’horrible remake de 21 Jump Street et le navet atomique Agents presque secrets)…
Amy est une working girl trentenaire parfaite, elle allie le travail le plus hipster de l’univers du monde (elle bosse chez un distributeur de café !) et la vie de famille avec ses trois gamins insupportables (avec papa infantile inclus dans le lot). La pauvre femme, une Mila Kunis plus transparente que jamais, grille un boulon et pète un fusible (et inversement). Elle vire son tocard de mari et plonge avec ses nouvelles copines de débauche (la cruchasse Kristen Bell et la vulgos Kathryn Hahn), très gentiment mais alors très gentiment dans l’alcool (pas trop) et le stupre (version hollywoodienne rassurez-vous, bref, elle tombe amoureuse d’un bellâtre latino veuf aussi friqué qu’elle) le temps de quelques jours. Womenxploitation, teenxploitation, trashxploitation et réacxploitation… Les quatre points cardinaux des quatre cavaliers de l’apocalypse de la nouvelle comédie US pas drôle sont au rendez-vous.
Jon Lucas & Scott Moore (scénaristes de la trilogie paresseuse Very Bad Trip) se perdent, à leur tour, dans les tourments de la comédie contemporaine. Tout ça s’imagine impertinent et sulfureux alors que l’on assiste, comme d’habitude, à une ode imbécile à l’american way of life bourgeoise bien blanche des suburbs et politiquement correcte à s’en crever les yeux. Des new born moms semblables aux new born christians… Seul le discours (très vaguement) féministe sauve (très vaguement) Bad Moms du néant… Y a pas de raison, les femmes ont aussi le droit d’agir comme des soiffards érotomanes et de bitcher comme des folles, d’abord !
Mais quand la comédie US arrivera-t-elle enfin à s’extirper de son conservatisme social rance bordel de bordel ??? Ce culte bourgeois de la perfection et de la famille détruit tout sur son passage, parce qu’elles sont parfaites bien sûr ces bad moms, sauf qu’elles ne le savaient pas quoi… Y compris ce truc sympathique mais beaucoup trop convenu…
En salles depuis le 3 août
2016. USA. Réalisé par Jon Lucas & Scott Moore. Avec Mila Kunis, Kathryn Hahn, Kristen Bell…
Bad Moms : bande-annonce VOST (Mila Kunis… par inthefame