MOVIE MINI REVIEW : critique de Carol

MOVIE MINI REVIEW : critique de Carol

Note de l'auteur

CAROL

 

 

 

Bon… Mon cher Toddounet, faut vraiment arrêter de tripoter le cadavre à Douglas Sirk maintenant… T’as assez joué avec… Et pis, il t’a rien fait d’abord… Ok, c’est que ce mec était l’empereur du mélo 50’s blindés de bourgeois frustrés de leurs zones érogènes de leurs émotions de leurs sentiments et implacablement écrasés par une société normative impitoyable… C’est franchement pas la peine de continuer à photocopiller ses films comme un pangolin en rut… On a bien compris que cette décennie mythique cachait en son sein un monstre, le puritanisme…
Après Loin du paradis, Todd Haynes s’attaque à l’adaptation d’un roman sulfureux de Patricia Highsmith Carol, ou l’histoire d’amour passionnelle et interdite entre deux femmes que tout oppose. Therese la jeune vendeuse et Carol la grande bourgeoise emprisonnée dans son mariage. Bref, Todd Haynes nous balance une nouvelle variation paresseuse de son film Loin du paradis, lui-même sous l’influence du fantastique Tout ce que le ciel permet à Douglas Sirk… Mais si Douglas Sirk affrontait de face son époque pudibonde avec une virulence toute délicate, Todd Haynes, lui, se défonce à la naphtaline et à la nostalgie pachydermique, incapable qu’il est de braver ce monde contemporain faussement libéral. Et c’est tout le problème de Carol. Un déferlement de carton pâte, de jeu ampoulé à en crever d’ennui, et de mise en scène grandiloquente surlignée chaque putain de microseconde par une musique emphatique signée Carter Burwell. Carol fait l’effet d’un pudding indigeste (pâle clone d’un épisode de Mad Men)… D’un machin qui pèse un bon zillion de tonnes et qui vous écrase sous son minimalisme hystérique. Autant la volonté de dénoncer l’obscurantisme phallocrate (quitte à se vautrer dans la caricature, il ne fait pas bon être un homme dans ce film) passé et présent est hautement estimable, autant la manière rend Carol difficilement supportable… C’est que Todd Haynes l’alchimiste réussit à métamorphoser la délicatesse en balourdise… Le soufre en ennui… Le tabou en somnifère surpuissant. Et tout ce petit monde prend des poses appuyées à la limite du ridicule et déclame des dialogues insipides sur la puissance de l’amour impossible en regardant dans le vide… Quelle vacuité et quelle prétention… Le pauvre Todd Haynes a l’air encore plus prisonnier que ses personnages tragiques… Prisonnier de sa nostalgie… Prisonnier de son formalisme… Prisonnier de sa vanité…
Range ton Douglas Sirk et passe à autre chose…

En salles depuis le 13 janvier
2015. USA. Réalisé par Todd Haynes. Avec Cate Blanchett, Rooney Mara, Kyle Chandler…

 

 


Carol bande-annonce VOSTFR par yaggvideo

 

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