
MOVIE MINI REVIEW : critique de Comancheria
Le Texas… Terre de légendes… Contrée désertique blindée de ploucs dégénérés à la gâchette facile (et parfois anthropophages à tronçonneuse intégrée à leurs heures perdues) et au cerveau ravagé par le soleil et les vapeurs de pétrole… État schizophrène perdu dans le temps qui voue un culte à un far and wild west fantasmagorique, à cette époque sans foi ni loi où le moindre conflit se réglait au fusil à canon scié dans la tronche et où la pauvreté crasse et la richesse indécente se côtoyaient sous un soleil de plomb…
Ben, rien n’a vraiment changé depuis des siècles… Les prolos sont plus pauvres que jamais, les millionnaires sont plus milliardaires que jamais, et les banques plus avides que jamais. Dans cette Amérique white trash oubliée de tous, deux frangins à gueule d’anges (Chris Pine et Ben Foster) jouent les outlaws iconiques intemporels et braquent des banques minables dans des bleds désertiques et dans l’indifférence générale pour rembourser leurs dettes à ces mêmes banques !!! Seul un Texas Ranger préhistorique (le fabuleux Jeff Bridges), accompagné de son équipier indien taciturne, va se lancer à leurs trousses de leurs basques… Comme le dernier baroud d’honneur d’un vieillard solitaire aux portes de la mort.
David Mackenzie, associé à Taylor Sheridan le scénariste du traumatisant Sicario, fait s’entrechoquer violemment les codes les plus puissants des genres les plus mythiques du cinéma US… Western postmoderne, polar crépusculaire, road movie existentiel, post-apo intimiste, pamphlet nihiliste, buddymovie tragique, Americana éternelle et infernale à la fois, y a tout ça dans Comancheria !!! Et c’est précisément le problème…
Aussi touchante soit-elle, cette chevauchée fantastique se transformant en marche funèbre au beau milieu de l’apocalypse économique contemporaine souffre de la comparaison avec ses glorieux aînés… La photocopie méticuleuse n’est jamais bien loin. De Badlands, à No Country for Old Men, en passant par Macadam à deux voies, Pat Garrett & Billy The Kid, High Sierra et tant d’autres classiques mélancoliques (sans oublier les récentes arnaques Les Brasiers de la colère et Les Amants du Texas), Mackenzie étale sa cinéphilie impressionnante et se perd un peu dans ses références plus ou moins écrasantes.
Et comme sa mise en scène manque de souffle épique et de folie nihiliste, Comancheria s’avère finalement beaucoup trop sage. Comme une dissertation de premier de la classe discipliné jusqu’à la folie. Tout est là pour se prendre un uppercut filmique dans la tronche. Mais il manque ce souffle de vie indispensable aux films mythiques. Ne reste qu’un exercice de style absolument passionnant (la poursuite en pick up, clin d’œil malicieux aux cavalcades enfiévrées du Far West est le sommet du film) mais cruellement impersonnel. Émouvant et frustrant à la fois…
En salles depuis le 7 septembre
2016. USA. Réalisé par David Mackenzie. Avec Ben Foster, Chris Pine, Jeff Bridges…
Comancheria : bande-annonce #1 VOST avec Chris… par inthefame
Lyrique, âpre et puissant : in des grands films de 2016.
Je l’ai vu ce week-end, j’avais peur de le raté.
J’ai adoré!
Un trio d’acteur exceptionnel. J’avais jamais vu Chris Pine, qui m’énerve habituellement, joué comme ça.
Super