
MOVIE MINI REVIEW : critique de Der Samurai
Il s’en passe de bien belles et de bien gores dans les forêts allemandes perdues au milieu de nulle part, là-bas vers la sauvage frontière polonaise !!! Un jeune flic de la police solitaire se lance à la chasse nocturne au psychokiller étêteur. Un tueur improbable. Comme irréel. Un travesti bodybuildé et philosophe armé d’un sabre de samouraï. Comme une émanation maléfique des psychoses intimes et des pulsions sexuelles inassouvies de ce jeune policier en perdition.
Quête identitaire tordue, doublée d’une variation tarée autour du conte de fée classique, cette chasse au grand méchant loup pervers armé de son sabre turgescent (cette arme blanche qui n’aura jamais aussi bien représentée qu’ici la métaphore phallique et furieusement sexuelle, coucou le climax forestier érectile), Der Samurai remue les tripes et les sens. Entre scènes gorissimes et questions existentielles fondamentales et mélancoliques…
Till Kleinert aborde l’homosexualité refoulée (le grand tabou du film) avec une pudeur et une furie aussi complémentaires que spectaculaires. Cette faculté d’oser montrer et parler de thèmes rarement abordés au cinéma (encore plus dans ce cinéma de genre, soi-disant subversif mais en fait en proie à un conservatisme moral dégueulasse).
Le jeune Jakob Wolksi (dit le loup solitaire) se perd littéralement entre fantasmes et réalité. Ce monstre excitant existe-il vraiment? Ou bien n’est-il pas le reflet distordu et cauchemardesque de sa propre lutte intérieure, lutte qui le ronge et qui le plonge dans la folie meurtrière. Till Kleinert ne répond jamais clairement à cette question passionnante. C’est ce qui sauve Der Samurai de l’ennui poli et d’une certaine afféterie stylistique bling bling… Délicieusement étrange… « Sensoriellement » étrange… Sexuellement étrange… Étrange quoi…
En salles depuis le 15 juillet
214. Allemagne. Réalisé par Till Kleinert. Avec Michel Diercks, Pit Bukowski, Uwe Preuss…
Der Samurai – Bande-annonce (VOST) par ohmygore