
MOVIE MINI REVIEW : critique de Docteur Frankenstein
De tous les délires filmiques plus ou moins géniaux et/ou désolants accompagnant les exploits scientifico-mongolo du docteur Frankenstein et de sa créature prométhéenne en kit façon armoire Ikéa en viande humaine amenée à la vie par la grâce de la fée électricité et l’imagination débordante de Mary Shelley, aucun n’avait eu l’idée de s’intéresser à l’immonde bossu Igor, sbire en chef de ce légendaire scientifique ! Et c’est le tâcheron Paul ‘Push’ Mcguigan qui se lance dans cette relecture hautement nawesque de ce mythe.
Igor, jeune bossu autodidacte génial du cerveau, végète, comme son modèle John ‘Elephant Man’ Merrick dans un cirque glauque jusqu’au jour où un fringant docteur barbu/hipster excentrique pygmalion le libère du joug de ses tortionnaires, le débossufie (WTF ???) en 5 secondes chrono, le métamorphose en bellâtre romantique et l’embringue dans ses expériences délirantes !
McGuigan pompe sans vergogne ni talent (au secours les CGI baveux) le super diptyque Sherlock Holmes à Guy Ritchie. En fait, dans Docteur Frankenstein, la créature c’est pas l’immonde monstre humanoïde victorien à 2 cœurs et 4 poumons (et pas de cerveau, c’est con), l’un des pires monstres de l’histoire du cinéma, mais bien Igor, incarné par le pauvre Daniel Radcliffe qui a de plus en plus de moins en moins de talent ! Dans cette relecture idiote de My Fair Lady, leur relation, hautement crypto-gay, est perturbée par la belle Lorelei, espèce de dindon trapéziste à nichons, et par un flic de la police fanatique religieux…
Les clins d’œil pachydermiques pleuvent (dont un à Frankenstein Junior) à un rythme effréné mais la générosité et la folie ambiante n’empêchent pas ce truc de se vautrer dans le n’importe quoi insipide… Crétin mais pas assez extravagant… Respectueux mais pas assez profond… Postmoderne mais pas assez intelligent… Docteur Frankenstein se perd dans un entre deux paresseux et se conclut par un gag nanardissime sidérant ! Mais tout ça ne suffit pas pour le sauver de la médiocrité…
En salles depuis le 25 novembre
2015. USA. Réalisé par Paul McGuigan. Avec Daniel Radcliffe, James McAvoy, Jessica Brown Findlay…
Docteur Frankenstein – Bande annonce… par hitekfr
Le titre aura sans doute pu entretenir quelque confusion auprès des spectateurs qui s’attendaient à voir un film sur Frankenstein alors qu’en réalité le véritable héros du film n’est autre que son assistant Igor. Ce qui peut être inaugure une nouvelle voie dans l’histoire est l’exploitation du passé un peu flou du docteur. En effet, on peut se demander comme Igor le fera, par l’intermédiaire d’une mystérieuse montre à gousset, pourquoi Victor Frankenstein veut-il à tout prix redonner vie ? Peut-être cette partie vient trop tardivement dans le film et l’on a l’impression d’un épuisement autant dans les scènes d’actions et de courses poursuites que dans l’approfondissement de l’intériorité des personnages. Bien malheureusement, la fin est complètement bâclée, la volonté de finir sur un happy end en suspend dans l’espoir de créer une suite est beaucoup trop sucré pour la mise en scène d’une histoire tragique aux questionnements aussi complexes que la vie et la création. Dr Frankenstein, interprété par James McAvoy est parfaitement transformé en cet être volubile et insaisissable comme parcouru par un courant qui le rendrait à la fois fou et génial. Avec le rôle de l’assistant, Daniel Radcliffe n’a fait, selon moi, que confirmer son talent d’acteur pour interpréter des personnages hauts en couleur ( Horns, Kill your darlings ). La qualité du film vient donc principalement des acteurs britanniques toujours au meilleur de leur jeu. (Le dernier numéro de Cinéma Teaser revient sur le parcours d’acteurs britannique travaillant pour des productions américaines, la qualité de leur formation théâtrale étant l’une des principales raisons de leur succès.
https://www.cinemateaser.com/2015/11/68790-decouvrez-en-kiosques-le-49e-numero-du-magazine-cinemateaser#more-68790)