MOVIE MINI REVIEW : critique de Elle

MOVIE MINI REVIEW : critique de Elle

Note de l'auteur

ELLE

 

 

 

Après avoir traumatisé la société hollandaise et perverti les blockbusters hollywoodiens, l’immense Paul Verhoeven débarque en France pour faire mumuse avec la bourgeoisixploitation, ce genre typiquement français magnifié par Luis Buñuel, Marco Ferreri et Claude Chabrol et leurs portraits au vitriol de cette caste décrépie…
Elle (adapté d’un roman de Philippe Djian), c’est Michèle, boss dictatoriale d’une société de jeux vidéo. Le viol sauvage dont elle est victime, sous les yeux mornes de son con de chat, réveille en elle ses pulsions les plus enfouies attisées par un passé traumatique bien taré (coucou papa psychokiller sataniste breton !). La libido sans dessus dessous, Michèle va vaguement partir à la chasse à ses désirs sexuels et au violeur tout en pulvérisant son entourage au passage.
Verhoeven nous transporte dans un carnaval de l’horreur bourgeoise dégoulinante de bêtise. La misanthropie explose de mille feux (ça a toujours été son truc à Paul). Mais une misanthropie enjouée, moqueuse, grotesque, qui rit de la vacuité et de la connerie humaine. Tout ça dans un déferlement d’artificialité sidérante (la description de la boîte de jeux vidéo relève du foutage de gueule et l’image télévisuelle hurle de vulgarité). Tout est faux. Il n’y a pas de relations sociales ou sentimentales. Il n’y a que des combats entre des monstres et des imbéciles. Rien de nouveau pour Verhoeven, membre du club amoureux de l’humanité où il côtoie Stanley Kubrick, Brian De Palma, David Cronenberg et Michael Haneke.
Mais le jeu de massacre sonne creux. Elle ne parvient jamais à s’extirper de l’épate bourgeois. En fait, Verhoeven dynamite la chronique chabrolienne avec un pétard mouillé. Pour un résultat aussi vénéneux qu’un câlin entre un Bisounours et un Teletubbie. Elle, c’est rien d’autre qu’Une famille formidable avec une Anny Duperey en mode connasse frigide sadomasochiste qui passerait son temps à humilier sa famille d’abrutis et d’impuissants… Isabelle Huppert et son non-jeu théâtral digne des pires sagas téléfilmesques épuise en sociopathe friquée, impératrice d’un microcosme minable où le pouvoir, la domination, la mort et le sexe sont vécus comme une guerre totale. Le même sentiment prédomine avec le reste du casting made in France complètement à côté de la plaque. La qualité France dans toute sa splendeur… Verhoeven se fourvoie dans une bouffonnerie WTF fondamentalement inoffensive et carrément risible par moments.
Le Hollandais violent n’a jamais filmé que des psychopathes, seuls êtres capables de comprendre et de dominer une humanité résumée à un gigantesque asile d’aliénés. Michèle n’est que la version bourgeoise parisienne SM du prédateur sexuel Kevin ‘Hollowman’ Bacon, de la manipulatrice Elizabeth ‘Showgirl’ Berkley, de la schizo Carice ‘Black Book’ van Houten et de tous ces asociaux plus ou moins violents qui jalonnent sa fabuleuse filmographie. Elle fait figure, malgré sa folie glaciale et son humour noir décapant, d’une baudruche anodine aux vues de ses glorieux et furieux aînés…

En salles depuis le 25 mai
2016. France/Allemagne/Belgique. Réalisé par Paul Verhoeven. Avec Isabelle Huppert, Anne Consigny, Laurent Lafitte…

 

 


Elle (Paul Verhoeven)-Bande-Annonce par Sid380

 

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