
MOVIE MINI REVIEW : critique de Enemy
Le contrôle… Tout est dans le contrôle… La routine… L’ennui… L’ennui mortifère.
Adam, jeune professeur d’histoire barbu se noie irrémédiablement dans sa propre petite vie monotone et robotisée. Comme un supplice mythologique, un enfer sans fin. Un enfer mental concentrationnaire. Perdu entre ses cours répétitifs et sa liaison sentimentale sans avenir (normal il baisouille Mélanie Laurent) Adam décrépit de jour en jour. Mais au détour d’un film improbable, il découvre son jumeau, un acteur de troisième zone, Daniel Saint-Clair. Et tout va partir furieusement en vrille dans sa vie et dans son cerveau et dans celui de son double Lynchien sur les bords. Adam va partir à la recherche de son jumeau (et de lui-même) dans un Toronto stupéfiant de beauté. Une mégapole déserte et délicieusement oppressante.
Denis Villeneuve se prend pour Roman Polanski (période LE LOCATAIRE et ROSEMARY’S BABY, la meilleure) avec ENEMY, fable moderne sur la solitude métamorphosée en trip cérébral, anxiogène et labyrinthique. Et il retrouve Jake Gyllenhaal (fantastique en flic borderline dans PRISONERS). Bon. Comme d’habitude, Villeneuve se perd dans un maniérisme aussi magnifique (la mise en scène est d’une langueur envoûtante) que gratuit. C’est qu’il ne se passe pas grand chose là. Les couples deviennent dingos et tout se conclut dans un nawak prétentieux aussi subtil qu’une charge de rhinocéros défoncée au crystal meth’.
C’est bien de se prendre pour Polanski, David Lynch ou Brian De Palma. Encore fallait-il avoir quelque chose à dire. Parce que ENEMY (adapté d’un roman de José Saramago), aussi magnifiquement réalisé soit-il, relève, au final, de l’esbroufe branchouille vide de sens (c’est quoi ce dernier plan?). De la branlette kafkakïenne… Dommage…
En salles depuis le 27 août
2013. Canada/Espagne. Réalisé par Denis Villeneuve. Avec Jake Gyllenhaal, Mélanie Laurent, Sarah Gadon…
J’y ai cru pendant un instant. Vraiment. Puis la fin est arrivée… Je ne parle pas du film mais du fait que vous auriez pu aimé.
Moi, ça m’a retourné. Là, je parle du film. Le thème sans doute (les doppelganger sont à la mode) ou bien le réalisateur qui m’avait déjà surpris avec Prisoners ou complètement abasourdi dans Incendies. Alors la fin nawak d’Enemy ou le moment où une sculpture de Bourgeois se balade au-dessus de la ville, c’est presque normal.
Mais en y repensant un peu, vous verrez que c’est vraiment, mais vraiment plus profond qu’une « branlette kafkaïenne ». C’est peut-être même moins tordu qu’un mystère lynchien. Mais à un moment, vous aborderez aussi ce petit sourire détendu que Jake Gyllenhaal (appelons-le comme ça) aborde à la fin.
C’est loin d’être évident, mais dans ce film tout a une explication, y compris le dernier plan dont on a tant parlé.
Denis Villeneuve a bien quelque chose à dire, le message est toutefois bien caché et ne peut pas être entièrement capté lors du premier visionnage.
Il ne faut pas aller voir ce film en étant spectateur, il faut être véritablement acteur.
Pour les explications avec spoilers : https://cinerama7art.com/2014/05/30/enemy-explication-et-decryptage/.
Vu ce soir.
C’est très bien foutu et très bien interprété. C’est sûr que ça fait penser à Lynch, mais en beaucoup moins « démonstratif » et prétentieux ceci dit.
Reste le plan final… Un motif qui revient plusieurs fois dans le film, il faudra que je le revois car honnêtement j’hésite encore : fin logique ou pure arnaque ??
Après chacun aura une interprétation différente, ce genre de film est fait pour ça, et moi j’ai encore du mal à trouver la mienne…
Mais je le recommande en tout cas.
Moi et mon double maléfique on est pas d’accord.
Lobtiba pense que le film est chiant, manque de rythme, adopte une photo sépia digne des pires Jeunet et s’avère finalement trop chelou, voir incompréhensible.
Perso, je pense que le film vaut largement le coup d’oeil. C’est loin d’être le meilleur film de son auteur mais on a ici une mini énigme lorgnant du côté de Mulholland Drive en version soft. Tout ça gratifié d’un excellent jeu d’acteur et d’une réalisation toujours aussi propre.
On a discuté moi et mon double maléfique pendant 2 bonnes heures sur les différentes théories. Sur le plan final qui agit en électro-choque comme pour dire « Attendez, repensez-y, il y a plus ». Après ces 2h on est arrivé à la conclusion que oui, il y a bien une logique à tout ça (bien que pas très original).
Et finalement, même si on a bien a failli piquer du nez plus d’une fois, relier les éléments et tisser la toile complète à la sortie du film nous as grandement enthousiasmé.
Bref, malgré les défauts, mission accomplie et vivement le prochain Mr Villeuneuve !