MOVIE MINI REVIEW : critique de Frank
La quête frénétique et impossible de la rime. De la mélodie imparable. De la pop song parfaite. Jon le rouquin erre dans son improbable bled briton (paumé en bord de mer) et dans sa tête (paumée elle aussi dans les méandres labyrinthiques de sa tendre médiocrité) à la recherche éperdue de la chanson qui tue. Du classique instantané qui semble habiter l’esprit de chaque habitant de cette putain d’Angleterre qui nous offre régulièrement des d’artistes hallucinants. Sauf le sien!
Jon rejoint, par hasard, les Soronprfbs (cousins déviants d’Animal Collective et d’Ariel Pink matinés de Zappa et de Pink Floyd!) le temps d’un concert et sa vie va s’en trouver bouleversée à jamais! Il va rencontrer l’improbable Frank, leader charismatique qui ne se sépare jamais mais jamais mais jamais de sa grosse tête de carnaval en papier mâché (le plus incroyable dans cette histoire étant que ce personnage a vraiment existé et sévi pendant trente ans dans le milieu underground de Manchester, il s’appelait Frank Siddebottom, et son créateur, Chris Sievey est décédé en 2010). La pop moderne est un asile de doux dingues. On le savait déjà plus où moins mais cet invraisemblable FRANK nous le confirme en nous plongeant dans la psyché tarée et ensorcelante d’un groupe (pas si) fictionnel.
FRANK est un film passionnant sur la création. Il exude par tous les pores l’amour irrésolu de l’art (et les souffrances insoutenables qui vont avec). Ce truc est un OVNI filmique dingo, irrémédiablement briton. Un feel good movie mélancolique imparable où la création et la souffrance et la mort s’enlacent dans un torrent d’humanité. FRANK se transforme en en quête mystique. En cri d’amour déviant à la création et à tous ces tarés mentaux de la tête qui la perpétuent depuis la nuit des temps, comme le folk singer Daniel Johnston, autre influence de Lenny Abrahamson. Oubliez le triste WHIPLASH (la review ici) et son sadomasochisme artificiel, et découvrez FRANK, ode étourdissante à la folie créatrice! Une folie incontrôlable, malsaine, sépulcrale et jubilatoire… Il faut être fou et libre pour créer… Mais le mur de la réalité se dresse toujours pour détruire ces naïfs illuminés. Lenny Abrahamson couve ses doux-dingues de tout son amour et de son respect. Quelle merveille… À la fois lumineuse et mortifère… Et avec, en cadeau, un Michael Fassbender titanesque sous le masque de Frank!
En salles depuis le 4 février
2014.USA/Irlande/Grande-Bretagne. Réalisé par Lenny Abrahamson. Avec Domhnall Gleeson, Maggie Gyllenhaal, Scott McNairy…
