
MOVIE MINI REVIEW : critique de Fury
On le sait depuis le séminal ATTACK d’Aldrich et les sanguinaires CROIX DE FER de Peckinpah, la guerre c’est rien qu’un immense asile de fous furieux. D’authentiques fous. Des hommes lavés à la mitrailleuse lourde de leur dernier soupçon d’humanité. Des machines lobotomisées de morts. Sinon comment réussir à massacrer son prochain et surtout comment réussir à supporter un tel spectacle permanent de mort, de sang et de larmes?
David Ayer se place dans le sillage de ses glorieux aînés. Et le voilà (bien loin de ses polar déviants) qui nous balance à la tronche le furieux FURY ou la cavalcade mécanique d’un tank Sherman, aux derniers instants de la guerre, à travers l’interminable enfer boueux qu’est devenu l’Allemagne nazie. Comme tout bon film de guerre qui se respecte les archétypes sont de sortie. On a droit à la jeune recrue bidule incarnation du spectateur, au sergent charismatique déshumanisé mais en fait non (un Brad Pitt époustouflant à mi-chemin entre la folie meurtrière d’Aldo ‘INGLOURIOUS BASTERDS’ Reine et l’introspection sépulcrale du Jesse James de L’ASSASSINAT DE JESSE JAMES) et bien sûr à l’équipage de vieux grognards courageux et sacrificiels. Rien de nouveau sous le soleil quoi. Juste un film poignant et viscéral. Cousin des séries BAND OF BROTHER et THE PACIFIC et dans la droite ligne d’IL FAUT SAUVER LE SOLDAT RYAN et de THE BIG RED ONE. Moins conceptuel que le fantastique LEBANON, FURY alterne batailles traumatisantes et psychologie balourde aux frontières de la caricature. Où se termine l’homme et où commence la bête sauvage assoiffée de mort? Chacun lutte à sa façon contre cette vie déshumanisée pire que la mort. Et paradoxalement chaque tentative désespérée de se rattacher à un semblant de civilisation (genre déjeuner avec des filles) ne fait que rendre encore plus béantes ces plaies purulentes qui ne refermeront jamais.
David Ayer abandonne (un peu) son style pachydermique décomplexé (qui faisait tout le charme du taré SABOTAGE, la review ici) pour une mise en scène plus épurée. Où les rares bouffées de violence impitoyable vous explosent littéralement à la gueule! La fureur. La fureur de (sur)vivre. La fureur de massacrer. Malheureusement Ayer ne transcende jamais son propos. Il ne parvient pas à atteindre les rivages de la folie abordés par Kubrick (coucou FULL METAL JACKET) et Elem Klimov (coucou REQUIEM POUR UN MASSACRE, un des plus grands films de guerre de tous les temps). La faute à un final convenu et limite grotesque (les nazis sont des cons qui se jettent sur les balles traçantes). Mais on s’en fout! FURY reste une œuvre bouleversante qui pulvérise au canon de 12 le cerveau et les tripes… La guerre c’est pas super…
En salles depuis le 22 octobre
2014. USA/Chine/Grande-Bretagne. Réalisé par David Ayer. Avec Brad Pitt, Shia LaBeouf, Logan Lerman…
Très bonne surprise que ce film! La réal est un plaisir, des cadres plaisants et une séquence Sherman VS Tigre intense et jouissif, posé et compréhensible, sans shaky cam à la con (alors que c’est le genre de film qui aurait pu en avoir)
La guerre c’est moche, mais faut bien la faire quand même…
Merci Brad, merci Shia (à vous souhaits!!) et merci au tâcheron David Ayer donc, pour cette évidence non dénuée d’intérêt.