MOVIE MINI REVIEW : critique de Good Kill
Chris Kyle, le sniper/machine à tuer robotisée d’American Sniper possède un jumeau démoniaque tout aussi implacable et perfectionniste… Ils s’appelle Thomas Egan, pilote des drones et abat a distance, loin très loin des zones de combats, les ennemis de l’Amérique à grand coup de bombes incendiaires… Mais sans jamais pouvoir rejoindre ses compagnons d’arme au sol. Et Thomas, ex-pilote de F-16, littéralement cloué sur terre et reconverti malgré lui dans une guerre pixélisée qui ressemble à un gigantesque et dégueulasse video game, se déshumanise au fur et à mesure de ses missions de plus en plus discutables… Fini l’adrénaline, la peur, la prise de risque, le risque de mourir.
Andrew ‘Gattaca’ Niccol nous plonge dans l’aliénation orwellienne d’un assassin en pantoufles. Reclus dans un des ces bungalows de la mort alignés dans le désert du Nevada comme les maisons de ces subburbs fleurant bon une Americana oppressante de perfection, Thomas s’adonne à une guerre déconnectée mais bien réelle, où les morts ennemis s’accumulent dans un cercle vicieux insoluble. On fait la guerre comme on va au bureau… L’enfer… Et la présence limitrophe de Las Vegas, ce temple de la décadence, ne fait que renforcer l’artificialité et la déshumanisation de la guerre moderne.
Avec sa mise en scène clinique, d’une froideur sépulcrale, Andrew Niccol rend ce spectacle de mort proprement insoutenable. Le voyeurisme désincarné mortifère permanent donne la nausée. Un big brother mondial qui tue aveuglément comme une loterie infernale. En filmant son héros déambulant dans son temple de modernité concentrationnaire comme les drones filment un moyen orient archaïque, Niccol plonge le monde entier dans la paranoïa…
Les drones, ces anges exterminateurs invisibles, sont partout… Prêts à lâcher leurs bombes sur le premier suspect qui passe, quelqu’en soient les conséquences pour les civiles alentours… Bon, Niccol n’évite malheureusement pas une certaine naïveté dans sa dénonciation mais Good Kill remue les tripes comme rarement…
En salles depuis le 22 avril
2014. USA. Réalisé par Andrew Niccol. Avec Ethan Hawke, January Jones, Zoë Kravitz…
Good Kill : bande-annonce VOST (Ethan Hawke… par inthefame
Purée je n’était même pas au courant de l’existence de ce film.
Vite!!!!
Ouais, comme tu dis : « vite !!! ».
Parce que j’ai pas l’impression que le public ait particulièrement suivi ; dès la deuxième, le film n’est plus visible toute la journée dans certains gros complexes. :-/
Peut-être que le sujet, mortifère et sensible en cette période, en aura rebuté plus d’un.
Dommage car je souscris à 100% à la critique de Dr No.
J’ajouterais une thèse développée dans le film, à savoir qu’auparavant les pilotes partaient à la guerre un temps puis revenaient chez eux. Là, ils partent tous les matins et rentrent tous les soirs. Ils sont donc en permanence en guerre et ça les ronge.
Très beau film (mais assez dur).