MOVIE MINI REVIEW : critique de High-Rise

MOVIE MINI REVIEW : critique de High-Rise

Note de l'auteur

HIGH-RISE-OK

 

 

 

 

Après le marxisme frigorifique à grand vitesse du train fantomatique Snowpiercer à Bong Joon-Ho et le communisme des étoiles d’Elysium, place à la lutte verticale des classes et des crasses dans un gratte-ciel dystopico-retro-futuristico-mongolo, parabole politique encore lourdingue des dérives du monde capitaliste et de ses castes qui se haïssent les unes les autres.
Sauf qu’avec High-Rise, on ne fait pas que contempler une bouillie visuelle qui décolle les rétines les plus résistantes, on assiste à la dimension intergalactique qu’a pris l’ego de Ben Wheatley ! Ce formaliste fou venu d’Angleterre vient de passer, en deux films, d’espoir mondial du cinéma de genre à tocard grotesque confit dans l’auto-contemplation de son génie absolu.
Comment ce mec a-t-il pu passer en si peu de temps des fabuleux Down Terrace et Kill List aux baudruches A Field in England et High-Rise ???
Après avoir pompé n’importe comment le surréalisme à la Polanski et à la Orson Welles, le voilà qui se prend subitement pour le successeur de David ‘Frissons’ Cronenberg et Stanley ‘Orange Mécanique’ Kubrick (c’est tout de suite plus classe qu’Ed Wood ou Max Pecas).
Dans une Angleterre 70’s fantasmagorique, un immeuble déchire le ciel de tout sa puissance de béton armé et de verre. Cette copie carbone de la Cité radieuse à Le Corbusier (qui n’a de radieuse que le nom, cité concentrationnaire ça fait tout de suite moins vendeur) est une micro-ville avec services intégrés (supermarché, piscine, salle de sport et même maison close) où les riches squattent les étages supérieures et les (pas si) prolétaires habitent les étages inférieurs (avec les bourgeois entre les deux). La haine de classe sourd entre les pannes de courant incessantes et les histoires de coucheries pitoyables de ce microcosme petit bourgeois qui ne pense qu’à baiser.
Un jour, un homme étrange débarque (l’impeccable Tom Hiddleston) et tout va exploser dans un torrent de sang et d’anarchie et de n’importe quoi ! La décadence sauvage de l’immeuble (comme un retour à la barbarie primale) accompagne sa dépression dans les tréfonds de la folie suicidaire (genre tout se passe dans sa tête).
Le problème c’est que Ben Wheatley surfilme cette non intrigue horriblement éculée comme un goret défoncé au crystal meth’ et au culte nombriliste de la personnalité. L’histoire, il s’en bat les steaks le Ben ! Ne comptent pour lui que ses plans tarés vides de sens, ses scènes glauques d’une gratuité gerbante de condescendance et sa misanthropie pathétique. Wheatley se fracasse sur les récifs de sa mégalomanie. Il a oublié (c’est con !) de respecter son film, obnubilé qu’il est de nous en mettre plein la gueule à grand coup de slo-mo dégoulinante.
N’est pas Kubrick (ou Cronenberg) qui veut bordel ! Le pauvre Ben Wheatley ne possède ni la froideur sépulcrale de Kubrick ni la « viscéralité » dérangeante de Cronenberg (qui, lui, sublima l’écrivain J.G. Ballard, auteur de High-Rise, avec le bouleversant Crash).
Passer de Kill List (petit chef-d’œuvre de terreur) à cette baudruche pathétique vide de sens, ça fait tout bizarre aux neurones du cerveau.
Il était une fois Ben Wheatley, cinéaste qui s’est autodétruit sur l’autel de son ego interdimensionnel…

En salles depuis le 6 avril
2015. Angleterre. Réalisé par Ben Wheatley. Avec Tom Hiddleston, Jeremy Irons, Sienna Miller…

 

 


HIGH-RISE – Trailer VOST / Bande-annonce par NoPopCorn

 

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