
MOVIE MINI REVIEW : Critique de Jodorowsky’s Dune
C’est l’histoire incroyable d’un mythe cinématographique… Un fantasme absolu issu des glorieuses et délurées 70’s. Une ère révolue où blockbusters (même si le terme n’existait pas encore) et films d’auteurs tarés pouvaient copuler dans un océan de drogues dures et de folie pure… Une époque où ce gigantesque fou furieux d’Alejandro Jodorowsky (La Montagne sacrée, El Topo), disciple dérangé et fascinant du déjà bien barré Luis Buñuel, s’est attaqué à l’adaptation de l’inadaptable Dune de Frank Herbert, avec la volonté fondamentale de faire ressentir aux spectateurs les effets du LSD sans avoir besoin d’en prendre !!!
Paris, 1974. Après le succès de ses films surréalistes, Jodorowsky s’attaque au mystico-psychédélique Dune. Et c’est le début d’une pré-production hallucinante de plus de deux ans… Où les plus grands graphistes de l’époque (l’illustrateur Chris Foss, les regrettés H.R. Giger et Mœbius) vont travailler d’arrache-pied pour donner vie à ce monde désertique intergalactique.
Aussi ambitieux et sérieux soient-ils, ces délires d’artistes ne pouvaient qu’aboutir à une catastrophe… Tellement de folie (il voulait donner le rôle principal à son propre fils Brontis), tellement de passion, tellement de talents (coucou le loser magnifique Dan O’Bannon), de génies absolus réunis pour un échec cosmique… 1 000 000 000 fois plus puissant que le film n’aurait jamais été…
Le documentariste Frank Pavich nous propulse avec émotion au cœur de cette création étourdissante. Du story board dingue de Mœbius aux dessins envoûtant de Chris Moss et Giger… C’est tout simplement étourdissant… Pouvoir comme ça, le temps d’un instant, se propulser dans la psyché de l’un des artistes les plus charismatiques et extravagants du XXe siècle. Et de se rendre compte, aussi fasciné qu’éberlué par tant de dinguerie, de l’impossibilité absolue de la réussite et de la faisabilité de cette entreprise naïve métaphysico-révolutionnaire…
Ce truc est un voyage bouleversant au cœur de la création artistique… Une créativité libre, libre bordel, abandonnée depuis cette époque… Une œuvre mort-née qui a influencé un pan entier du cinéma (de Star Wars à Alien) et la BD (L’Incal et Les Méta-Barons)… Sans cette épique équipe d’idéalistes surréalistes, la S-F contemporaine ne serait pas ce qu’elle est devenue… À plus de 80 ans, Jodo(rowski) est plus libre que jamais. Peut-être que cet échec (qui fait passer les déboires de Terry Gilliam pour une vague plaisanterie) l’a sauvé quelque part…
Jodorowsky’s Dune, ou l’histoire du plus grand non-film de l’histoire…
En salles depuis le 16 mars
2013. USA/France. Réalisé par Frank Pavich. Avec Alejandro Jodorowsky, Michel Seydoux, H.R. Giger…
JODOROWSKY’S DUNE – Bande-annonce VO par CoteCine
C’est très bien dit dans le film : Jodorowsky était comme le gourou d’une secte. Il a embarqué des gens dans son rêve, les a poussés au bout de leurs capacités créatrices, mais personne ne s’est rendu compte que le film n’avait aucune chance de se faire !
Comme tu le dis, cet échec a beaucoup plus servi le cinéma que le film ne l’aurait fait, car cela aurait vraisemblablement été une catastrophe (pour ne pas dire une m*** sans nom). Pour le coup, on remerciera le pragmatisme des studios hollywoodiens. ^_^
« Pour le coup, on remerciera le pragmatisme des studios hollywoodiens. »
J’ai pleuré en lisant cette phrase… Comment défendre ce pragmatisme des studios après avoir vu ce documentaire.
Y a plus d’espoir, une partie du public s’est transformé en mouton formaté à qui on ressert toujours les mêmes films calibrés.
Pas du tout. Le documentaire montre justement très bien que Jodorowsky était dans un délire total et que la principale raison pour laquelle tous les studios ont refusé, c’est à cause de lui justement.
Le point intéressant et peu développé malheureusement dans le docu, c’est la descendance (c’est effleuré vers la fin). Et parmi cette descendance, LE fils de Dune semble être Alien, au générique duquel on trouve une grande partie des créatifs de Dune et qui est devenu culte justement. Or, la différence majeure entre les deux, c’est le réalisateur : Ridley Scott est une personnalité aux antipodes de Jodorowsky. Ce qui vient contredire l’une des thèses du film, qui veut que pour faire un chef d’oeuvre, il faut un peu de folie.
Dune était un rêve et demeura ainsi, chacun pouvant projeter ses fantasmes dessus.
Ce serait tellemetn bon qu’ils sse décident à éditer le « storyboard » que l’on voit dans le film, ça doit fourmiller d’idées , de détails… pour ma part, j’adore Jodo mais surtout en tant que scénariste de BD
j’en rêve aussi!