MOVIE MINI REVIEW : critique de La fille du train

MOVIE MINI REVIEW : critique de La fille du train

Note de l'auteur

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La demoiselle Rachel, elle va pas trop bien dans sa vie de merde et dans son cerveau imbibé de vodka bon marché comme le premier colonel qui traine sur une table de restaurant minable. Bref, Rachel c’est rien qu’une alcoolo de première, sujette aux black-out, qui assiste, en spectatrice hébétée, au spectacle de sa propre vie en train de se décomposer. La seule chose qui la maintienne en vie, c’est son trajet quotidien dans son train de banlieue new-yorkais, où, collée à la vitre de la même place, elle regarde la vie des autres se dérouler dans leurs grandes maisons pendant quelques secondes. Et elle fantasme à mort sur leur bonheur parfait. Ce putain de bonheur que la vie lui a toujours refusé. Mais cet équilibre précaire va voler en éclats après la disparition de son sujet d’observation préféré, une magnifique blonde limite exhibitionniste.
Rachel s’engouffre et se perd alors dans un labyrinthe mental déroutant, qui l’entraîne malgré elle dans son passé traumatisant et son présent rongé par les vapeurs d’alcool.
Thriller psychologique glacial, La Fille du train retranscrit à la perfection, grâce à son montage désarticulé, la psyché tordue de son héroïne alcoolique. Tate Taylor nous perd dans les trous de mémoire de son cerveau et de l’intrigue. C’est ce perpétuel sentiment de perdition et de fragilité qui sauve ce truc de la prétention glacée.
La Fille du train, c’est aussi le portrait de trois femmes, trois clichés ambulants… La blonde fatale, la femme au foyer et l’ex-alcoolique revancharde. Mais trois femmes malheureuses, qui cachent toutes des secrets. En passant de l’un à l’autre, Tate Taylor dresse en creux le portrait d’une Amérique paranoïaque. Ces trois glaçons frustrés semblent sortir d’un cauchemar hitchcockien où l’homme (et la sexualité), quel qu’il soit, symbolise le danger et la mort.
Loin de délires formalistes du Gone Girl à Fincher auquel on pense genre tout le temps, La Fille du train (adapté d’un roman anglais) se perd un peu dans ses circonvolutions manipulatrices et sa mise en scène interchangeable, dont la gestion des flash-back, à la fois informatifs et fantasmagoriques, déséquilibrent l’intrigue. Mais c’est volontaire. Le film parvient à s’extirper du tout-venant grâce à son portrait d’épave en quête de rédemption, porté par une Emily Blunt bouleversante, toujours à la frontière du cabotinage. Perdue dans un long cauchemar éveillé. Le réveil sera brutal !! Pas mal quoi !

En salles depuis le 26 octobre
2016. USA. Réalisé par Tate Taylor. Avec Emily Blunt, Haley Bennett, Rebecca Ferguson…

 

 


La Fille Du Train : bande-annonce VOST (Emily… par inthefame

 

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