MOVIE MINI REVIEW : critique de La French
C’est pas tous les jours que l’on tombe sur une fresque policière française aussi ambitieuse. L’inconnu Cédric Jimenez a décidé de se prendre à la fois pour Sidney Lumet et Michael Mann (et heureusement pas pour ce tocard tridimensionnel d’Olivier Marchal, le mec qui a sinistré le polar made in France à lui tout seul). Tout ça pour revenir sur une époque et une affaire mythique. La french connection (coucou William Friedkin). Marseille. Les 70’s, son papier peint marronnasse, ses rouflaquettes en furie et ses bagnoles cultissimes. Marseille. Plaque tournante du trafic mondial d’héroïne. Et centre d’un duel épique. Entre le juge Michel et le parrain Gaëtan Zampa!
Cédric Jimenez aborde ce combat à mort de la meilleure des manières. Avec sècheresse, âpreté et sans le torrent de naphtaline nostalgique que l’on pouvait craindre un moment. Bref on se croirait dans le PRINCE DE NEW YORK (ici plutôt le prince de la canebière). Et puis, au détour de la rencontre (fantasmée???) entre les duellistes LA FRENCH bascule soudainement dans la psychologie de bazar et les afféteries visuelles et mentales chères au Michael Mann de SIXIÈME SENS et de THE INSIDER. Et là, LA FRENCH implose de l’intérieur des cerveaux torturés de ses deux héros.
Cédric Jimenez plonge alors dans un entre-deux dérangeant. Hésitant entre le maniérisme pure (qu’il ne maîtrise pas trop) et le réalisme oppressant (sa grande force). Et c’est malheureusement pas le casting qui va pouvoir l’aider. Si Jean Dujardin s’en sort très vaguement en juge Michel (même si on attend toujours son haussement de sourcil et ses vannes foireuses à la OSS 117) le pauvre Gilles Lellouche (et son charisme d’huître bouillie prémachée) est incapable d’incarné un Zampa un tant soit peu inquiétant. Et que dire des deux épouses, Céline Sallette et Mélanie Doutey, pitoyables potiches désarticulées, sacrifiées sur l’autel d’un scénario bancal et d’une direction d’acteurs douteuse.
LA FRENCH c’est deux films en un. Un putain de film tendu (à la reconstitution magnifique de sobriété) et super maîtrisé doublé d’un délire sentimentalo-lacrymal baroque qui vire au grotesque. Heureusement le final retrouve cette sècheresse tonitruante. Mais c’est tard… Bien bien tard…
Un drôle de film bancal quoi. Mais un putain d’oasis dans le désert artistique du polar français!
En salles depuis le 3 décembre
2014. France.Réalisé par Cédric Jimenez. Avec Jean Dujardin, Gilles Lellouche, Céline Sallette…
La critique à Raymond c’est par là…
