
MOVIE MINI REVIEW : critique de La Isla minima
¡Ay, caramba! C’était pas la joie en Espagne dans les 80’s ! Le franquisme qu’on croyait mort bouge encore et la société civile surmonte difficilement une transition démocratique pleine de frustrations et de compromis (les nervis fascistoïdes sont toujours là quoi). Quand, dans un bled paumé d’Andalousie à la beauté sépulcrale, échoué sur les rives marécageuses du Gaudalquivir, deux adolescentes disparaissent, la population est au bord de l’explosion. Deux flics de la police de la ville d’à côté débarquent dans ce village étrange, comme hors du monde et hors du temps. Le jeune chien fou idéaliste et le vieux briscard au passé trouble. Le bon duo de flics clichetonneux quoi !
Alberto Rodriguez ne s’est manifestement jamais vraiment remis de Memory of Murder! Le spectre du chef-d’œuvre de Bong Joon-Ho hante La Isla minima de la première à la dernière image. Un contexte politique puissant (l’avènement périlleux de la démocratie), un microcosme rural frappé par la violence pure et la mort qui devient le symbole d’un pays entier au bord du chaos, une mise en scène ample et ambitieuse qui lorgne sur les polars mythiques US et une chasse stylisée au psychokiller qui se métamorphose en psychanalyse générale d’une nation.
Bon. Le problème, c’est qu’Alberto ne tient jamais la comparaison avec le bon Bong ! Ni avec l’autre modèle inavoué, l’argentin Dans ses yeux. En fait, La Isla minima n’atteint ni l’humanité fantastique de Memory of Murder ni la folie bouleversante de l’intrigue de Dans ses yeux. Alberto se complait dans la (très très très très) belle image qui sert à rien (on croirait avoir affaire à Juan Arturus Bertraniño, le clone ibère au complexe divin de Yann Arthus-Bertrand) et le message politique superficiel. Alberto reste à la surface de son propre film. Incapable d’insuffler de cette rage et de cette folie indispensable à ce genre de productions trop clinquantes pour être sincères. La Isla minima rivalise avec ses modèles US. Pour le meilleur (une mise en scène visuellement impressionnante) et pour le pire (un académisme interchangeable). Pas mal…
En Salles depuis le 15 juillet
2014. Espagne. Réalisé par Alberto Rodriguez. Avec Raúl Arévalo, Javier Gutiérrez (II), Antonio de la Torre…
La Isla mínima – Bande-annonce (VOST) par cinematon